Chaque jour nous donne à lire des tribunes et des interviews d’intellectuels disséquant l’idéologie et les actes d’Emmanuel Macron. Ils alimentent un riche débat qui, hélas, n’irrigue pas l’ensemble de la société ; la faute aux médias audiovisuels et écrits entre les mains des quelques milliardaires qui les contrôlent. En confisquant la parole des intellectuels ils se comportent en alliés du président de la République.
Si ces paroles différentes étaient plus médiatisées, on pourrait croire à une opposition encore plus radicale à l’ultra-libéralisme et à la réforme des retraites.
La bataille des idées fait rage.
Cécile Alduy, chercheuse associée au CEVEPOF (Science Po) et professeure à l’université de Stanford en Californie, a longuement répondu aux questions de Valérie Lehoux de Télérama (interview à retouver sur le site du magazine).
J’en ai extrait une seule réponse qui éclaire avec beaucoup de justesse et de finesse la personnalité du président de la République :
« Dans la Bible, il est écrit : « Dieu dit : “Que la lumière soit ! Et la lumière fut.” » Eh bien Emmanuel Macron semble penser qu’il lui suffit de dire « la réforme est validée, on passe à autre chose », pour que cela advienne. Un verbe tout-puissant, et qui serait infaillible – à l’image de l’infaillibilité pontificale –, car il ne revient jamais en arrière en s’enrichissant d’autres points de vue… Autant dire que l’allusion à Notre-Dame n’a fait que renforcer cela : le chef de l’État se pose en personnage sacrificiel et thuriféraire, investi d’une mission quasi mystique ; un bâtisseur de cathédrales à la fois réelles et symboliques, Notre-Dame incendiée, puis la France tout entière. Son discours montrait encore la façon dont il aborde le dissensus : il le psychologise. Dans un passé pas si lointain, les politiques s’opposaient pour des raisons idéologiques. Avec son prétendu dépassement du clivage droite / gauche, Emmanuel Macron infantilise les revendications sociales en les attribuant uniquement à des sentiments, la colère ou l’angoisse. Comme si ses opposants n’avaient pas eux-mêmes une vision politique du type de société qu’ils souhaitent, mais seulement des émotions. Lui, à l’inverse, serait du côté de la raison et de la logique. »
Tout commentaire serait superflu !