A la lecture de la Lettre d’avril du CEPII (Centre d’études prospectives et d’informations internationales) on peut aisément imaginer que Gérald Darmanin (et même Emmanuel Macron) a été tout tourneboulé, rouge de colère, à la limite de l’apoplexie :
« Le projet de loi sur l’immigration qui devait être débattu au Parlement proposait de ‘’rendre possible l’éloignement d’étrangers constituant une menace grave pour l’ordre public’’. Une manière, peut-être, de répondre aux inquiétudes persistantes de ceux qui, dans les enquêtes d’opinion, estiment que l’immigration aggrave la délinquance. Pourtant, les études réalisées dans différents pays concluent sans ambiguïté que les immigrés ne sont pas à l’origine d’une augmentation des taux d’infraction dans les pays d’accueil. Et si les étrangers en situation irrégulière ont une probabilité plus forte de commettre des vols, un meilleur accès au marché du travail peut résorber cet écart. La surreprésentation des immigrés dans les statistiques officielles mais aussi le traitement médiatique de la délinquance permettent de comprendre l’écart entre perceptions et réalité. Lorsque les médias adoptent un traitement plus neutre de l’origine nationale ou étrangère des auteurs présumés d’infractions, les inquiétudes à l’égard de l’immigration se réduisent. C’est en tout cas ce que montre l’expérience allemande en la matière. »
A quelques semaines de l’examen du projet de loi sur l’immigration, ne s’agit-il pas d’une opération de torpillage de la part de dangereux intellectuels, gauchistes, voire écoterroristes, infiltrés dans les services gouvernementaux ?
D’autant que le CEPII est un centre des services du premier ministre, contribuant au débat public et à la formulation des politiques économiques en matière de politique comemrciale, compététivité, macroéconomie, finance internationale et croissance ! Les deux auteurs, Arnaud Philippe et Jérôme Valette sont respectivement enseignant-chercheur à l’université de Bristol et économiste au CEPII. Difficile de les soupçonner d’être de dangereux gauchistes ou de wokistes.
Bref, si Darmanin a éructé, Macron, lui, a mangé son chapeau ; ne déclarait-il pas à la télévision le 26 octobre 2022 : « Quand on regarde aujourd’hui la délinquance à Paris, on ne peut pas ne pas voir que la moitié au moins des faits de délinquance qu’on observe viennent de personnes qui sont des étrangers ».
Les auteurs de l’étude ont enfoncé le clou en écrivant que « l’immigration mérite un débat à la hauteur des enjeux et des inquiétudes qu’elle suscite. Cependant, il n’y a pas de raisons de centrer cette discussion sur la délinquance. » Ils n’ont pas oublié de relever l’énorme responsabilité des journalistes : « Un traitement plus équilibré de l’information relative à la délinquance, selon l’origine nationale ou étrangère des suspects, permettrait également de rendre les perceptions plus proches de la réalité. »
Bref, ceux qui empruntent le vocabulaire et les idées fascisantes du Rassemblement national, de Zemmour et des Républicains pour tenter de faire oublier leur politique antisociale devraient faire profil bas ; mais, sans honte, ils continueront de fustiger ceux qui osent parler de crise démocratique.