J’ai déjà fait référence à Olivier Passet, économiste et directeur de la recherche dans le cabinet Xerfi. Son billet, aujourd’hui, analyse la situation paradoxale de la France (et des autres pays libéraux) : « On ne compte plus en France le nombre de grandes entreprises qui affichent un résultat record ou en forte progression en 2022 (…) Et sur le point chaud que constitue aujourd’hui l’inflation alimentaire, lorsqu’on observe la vitesse de reconstitution de la profitabilité des entreprises de ce secteur — dont le taux de marge a retrouvé son plus haut niveau depuis près de 20 ans, avec notamment les très bonnes performances financières de Nestlé, Coca-Cola, Danone, Pernod-Ricard ou Mondelez international [multinationale présente dans 165 pays, propriétaire de marques comme Belin, LU, Côte d’Or, Milka, Cadbury, Nabisco, Tuc, etc.] —, il est clair là encore que les grandes entreprises sont devenues des vecteurs de transmission et d’amplification de la hausse des prix au détriment des consommateurs (…) Profits record, dividendes record, rachats d’action record. Il n’y a pas de spécificité française en la matière. Les champions de la cote se sont transformés en foyer d’inflation. Dans tous les pays avancés, c’est bien la boucle prix/profits qui alimente d’abord la diffusion de l’inflation. Et partout, c’est bien l’augmentation des prix et non celle des volumes qui explique les bons résultats financiers des grands comptes, transformant le grand mouvement de concentration qui anime le capitalisme depuis plusieurs décennies en principale source de l’enracinement de l’inflation dans les pays avancés. »
Pour Olivier Passet, le principal accusé, c’est la finance à l’origine des énormes concentrations observées dans tous les secteurs économiques : « La conjonction d’un très faible niveau des taux d’intérêt et d’un haut niveau de rendement économique exigé des entreprises par les investisseurs, à l’origine d’un levier fortement positif, est précisément ce qui alimente l’effervescence en matière de fusion/acquisition au plan mondial depuis plusieurs décennies. Les fonds de gestion comme l’industrie du capital-investissement ne cessent d’encourager les regroupements d’entreprises et l’émergence de leader qui dominent leurs secteurs. »
Que croyez-vous que font Emmanuel Macron et son gouvernement, notamment Bruno Le Maire, ministre de l’économie, pour stopper cette politique dont le peuple est la première victime ? Rien, sinon maintenir le cap de réduction des impôts sur les entreprises et inciter les Français à restreindre leur consommation. Le commerce souffre, ferme et envoie des centaines de salariés à Pôle emploi.
Pour que la finance continue à afficher des performances incroyables.
Olivier Passet dénonce ceux qui entretiennent l’inflation, « nouvel instrument d’extraction de la valeur ».
Tout est dit !