« Lundi soir à la télévision, Macron a fait du Macron » a reconnu Le Parisien, quotidien populaire propriété de l’homme le plus riche du monde, Bernard Arnault. Et, effectivement, Macron a fait du Macron.

S’il s’est interrogé d’emblée sur ‘’sa’’ réforme des retraites : « Cette réforme est-elle acceptée ? A l’évidence, non. » la réponse a été brève, nette et franche ; mais quoi après ? On passe à autre chose !

L’ensemble des médias a trouvé que l’autre chose, un nouveau cap fixé par le président de la République lui-même, avait un air de déjà vu et de déjà entendu. Pas convaincant. Du Macron et rien d’autre.

Un seul groupie du président, le bouffon du roi, habitué des rendez-vous secrets à l’Elysée, et néanmoins chargé de communication de Bernard Arnault, c’est-à-dire Dominique Seux, est venu déclarer dans son ‘’éditorial’’ quotidien sur France Inter (honte au service public !) que « Macron va laisser la CFDT présenter sa facture ».

Qu’a-t-il pu entendre par ces mots ? Eh bien, Seux a compris que Macron a lancé un clin d’oeil à la CFDT : « Ont été cités hier les mots pacte et progrès pour mieux vivre ; ça ressemble furieusement au pacte de pouvoir du pouvoir de vivre de Laurent Berger. »

Le journaliste qui relaie la parole élyséenne a résumé en quatre phrases le discours du président susceptible de se rabibocher avec Laurent Berger : « Un : la réforme des retraites entrera bien en vigueur, avec les 64 ans. Deux : à la grande différence des Gilets Jaunes et du Covid, Emmanuel Macron n’a pas l’intention de régler cette crise avec le chéquier du quoi qu’il en coûte. Trois : le patronat et les syndicats sont invités à négocier sur des tas de sujets pour bâtir, je cite, un pacte de la vie au travail : la CFDT va pouvoir présenter sa facture après sa défaite sur les retraites, en clair sa liste de courses, et je parie qu’elle sera en partie honorée. Enfin, quatre : les entreprises n’ont pas forcément tort d’imaginer que ce sont elles qui vont payer la facture puisque ce n’est pas l’Etat. »

Qu’Emmanuel Macron (et Seux) rêve de fracturer l’unité syndicale et de revoir Laurent Berger face à lui, seul, pour arranger les affaires d’un ultralibéralisme bien malade et rejeté, ce n’est pas un secret. Que Laurent Berger soit prêt à ‘’avaler’’ son chapeau après que le président méprisant lui ait décoché quelques petites phrases assassines, n’est pas assuré. Surtout, que la base de la CFDT se contente de quelques miettes et se console en signant quelques accords au rabais, après avoir été dans le mouvement de contestation est un pari qui n’est pas gagné d’avance.

D’autant plus que Dominique Seux ne voit pas l’Etat payer la facture : «Parce que cramer la caisse après avoir exigé des économies sur les retraites serait étrange (…) Mais quoi donc, une impossible hausse générale des salaires de 10%, le rétablissement de l’ISF ? Ben non, Macron ne change pas de cap. » Le patronat non plus. Avec un tel préambule, les adhérents de la CFDT vont sans doute réfléchir.

Macron a vraiment fait du Macron !