Ariane Ascaride consacrée à la Mostra de Venise, lauréate de la prestigieuse Coppa Volpi, prix d’interprétation féminine, quelle juste récompense et quel bonheur !

Elle succède à de grandes actrices françaises qui ont reçu la même Coppa Volpi, Madeleine Robinson, Suzanne Flon, Emmanuelle Riva, Delphine Seyrig, Annie Girardot, Pascale Ogier, Juliette Binoche, Isabelle Huppert, Sandrine Bonnaire, Catherine Deneuve, Nathalie Baye ou encore Dominique Blanc. Ariane Ascaride est bien de la lignée des très grandes actrices.

L’épouse de Robert Guédiguian a été couronnée pour son rôle dans le dernier film de la bande des Marseillais, Gloria Mundi, après avoir reçu le César de la meilleure actrice en 1998 pour son rôle dans l’inoubliable Marius et Jeannette.

Sa récompense n’est pas passée inaperçue à Venise en déclarant « Je suis petite fille d’émigrés italiens, qui sont partis pour chercher une vie meilleure et fuir la misère », avant de la dédier « aux migrants morts en mer, ceux qui vivent pour l’éternité au fond de la Méditerranée » et de chanter, au cours de la conférence de presse,l’hymne du Parti communiste italien.

Cette récompense est aussi celle d’une troupe, composée autour de Robert Guédigian de son épouse, Ariane Ascaride, de Gérard Meylan ou encore de Jean-Pierre Darroussin ; c’est aussi la victoire d’un groupe d’amis qui« par capillarité racontent quelque chose tous ensemble », dit le réalisateur. « On peut discuter, être en désaccord parfois. Mais on est d’accord sur l’essentiel. Personne ne vote à droite parmi nous ! »

Après de telles sorties, Jean-Pierre Darroussin a conclu avec l’esprit gouailleur qu’on lui connaît : « Les gens ont compris qu’on est de gauche. »

Quant à Robert Guédiguian, il devait avouer « Je ne serais pas arrivé là si Ariane n’était pas venue faire une intervention syndicale dans mon amphithéâtre. » C’était à l’université de Marseille et, depuis, ils ne se sont jamais quittés.

C’est donc une belle histoire d’amis qui ne renient rien, contrairement à beaucoup de leurs contemporains

D’ailleurs Ariane Ascaride a confié : « Ce prix, ce n’est pas seulement le mien. C’est celui de toute cette bande, avec laquelle je travaille depuis si longtemps, et avec laquelle je vais continuer à travailler. » Et elle a rendu hommage à son mari : « Robert laisse la liberté de proposition de l’acteur, par rapport au personnage qu’il lui donne. On n’est pas des exécutants, on est des créateurs. »

Quant au film, Gloria Mundi, film âpre et dur, il est évidemment engagé, comme le rappelle son réalisateur : « On vit une époque de grande régression. Il s’agit non pas de condamner ces personnages mais de condamner la société qui les produit. Je n’oppose pas tant que ça les jeunes aux plus anciens. Il faut décrire le monde comme il est, et comme il pourrait être. Je pense que les choses peuvent changer. »

Bravo donc à Ariane Ascaride et à la troupe des Marseillais dirigée par Robert Guédiguian ; avec eux souffle un vent d’espoir dans notre société.