Uber et Lyft (qui a bénéficié d’un important investissement de General Motors) sont des plateformes de mise en contact d’utilisateurs avec des chauffeurs de véhicules, et DoorDash est, elle, uns startup spécialisée dans la livraison de repas.

Elles ont en commun de ne pas salarier leurs employés.

Elles ont en commun une même stratégie de leur modèle économique : pas de lien, pas de salaires, pas de protection sociale. Rien. Un recul de plusieurs siècles très à la mode dans le nouveau monde libéral.

Ils sont de plus en plus nombreux, ces faux salariés, à s’émouvoir de ce retour à l’esclavage et ils reçoivent de plus en plus de soutien.

En Californie, un projet de loi dit Assembly Bill 5 (AB5) a été déposé auprès des deux chambres du Parlement et il fait voir rouge aux plateformes. Si la loi est adoptée, les chauffeurs et livreurs seraient considérés comme salariés (avec salaire minimum et horaires fixes, assurance maladie et droits syndicaux) et bénéficieraient de l’assurance-chômage et d’indemnités diverses.

Uber, Lyft et DoorDash ont décidé de lancer une campagne de lobbying effrénée et onéreuse : chacun mettra 30 millions de dollars dans une cagnotte (soit 90 millions de dollars) pour convaincre les élus de ne pas voter la loi. Il s’agit de la deuxième plus importante campagne de lobbying engagée en Californie. L’enjeu est donc de taille.

Qui, parmi les élus, osera rejoindre le combat des plateformes ? Qui résistera aux pots-de-vin et campagnes de publicité ?

L’enjeu dépasse le seul domaine d’activité des trois sociétés américaines ; les votes du Parlement de Californie seront examinés de près par les élus des autres états américains, mais aussi en Europe où ‘’l’ubérisation’’ des emplois ne connaît aucune limite.

Dans le même temps, on apprend aussi que Google a dépensé 21,2 millions de dollars en opération de lobbying en 2018, devant Amazon (14,19 millions) et Facebook (12,62 millions).

Les chiffres donnent le vertige et sont scandaleux. La prétendue nouvelle économie dépense des sommes colossales pour maintenir un système féodal dans les relations sociales ; en France, on aimerait savoir combien les grandes entreprises ont débloqué pour faire adopter les lois El Khomry, Macron, pour faire élire Emmanuel Macron et bien d’autres choses.

Dans nos sociétés, l’argent est sale.

Système pourri, qu’il faut changer au plus vite.