Dans sa rubrique Débats & controverses, L’Humanité publie trois belles contributions en réponse à la question ‘’Qu’avons-nous perdu dans l’incendie de Notre-Dame ?’’. Les trois textes viennent nous rappeler quelques vérités, oubliées ou masquées à dessein.
Par exemple, après avoir constaté que l’édification de la cathédrale était destiné à exposer la puissance financière de l’Eglise catholique Louis-Albert Sarrut, auteur et cinéaste, nous remet en mémoire fort opportunément ce qui n’est pas un détail de l’histoire : « Certes, des dons de la noblesse l’embellirent, l’équipèrent, la décorèrent, au gré de caprices ou d’actes de charité, mais l’essentiel de la dépense provenait de l’impôt ecclésiastique, la dîme depuis longtemps accumulée dans les grandes dîmières, dont étaient exonérés la noblesse et le clergé mais que payaient tous les manants du tiers état. »
Il affirme par là que Notre-Dame est un bien populaire, un bien commun, notre patrimoine.
C’est aussi ce que défend Emmanuel Fureix, historien et maître de conférences, qui, lui, appelle à « cet esprit hugolien de réappropriation populaire. » Notre-Dame ayant connu des appropriations révolutionnaires puis républicaines, notamment quand « la première abolition de l’escalvage, en 1794, a fait l’objet d’une fête de célébration dans la cathédrale Notre Dame, devenue alors Temple de la Raison. »
Jean-Yves Mason, enseignant et auteur, parle, lui, de maison commune et du rôle de tout le petit peuple des bâtisseurs : « Chacune de ses pierres est vivante parce qu’elle a été taillée, sculptée, transportée, posée par des milliers d’artisans dont nous ne connaîtrons jamais le nom, mais dont elle est la mémoire. Notre-Dame n’a pas d’auteur, pas d’architecte qui aurait petitement souhaité se perpétuer à travers elle, ‘’laisser une trace’’ comme disent aujourd’hui si médiocrement ceux qui pensent que c’est pour cela qu’on crée. »
Ces quelques phrases sont à relire quand on entend président de la République, politiciens opportunistes, généreux donateurs rêvant d’exonérations fiscales et autres tenter de s’approprier Notre-Dame pour eux-mêmes.