Emmanuel Macron est inquiet ; la campagne de son parti godillot a un coup de mou. Sa tête de liste, Nathalie Loiseau est une catastrophe et, à défaut d’avoir un programme enthousiasmant pour les Français, il surjoue le faux duel entre lui et Marine Le Pen pour détourner les citoyens de tout véritable débat politique.

Macron a besoin de ce faux débat pour maintenir et aggraver sa politique antisociale.

Il s’implique donc dans la campagne : c’est lui qui apparaît désormais sur les affiches de la liste de son parti et il donne une longue interview à la presse régionale.

Dans celle-ci il se dévoile en affirmant : « Le projet de transformation profonde que je mène pour le pays ne va pas sans une nouvelle étape du projet européen. »

Il prétend même avoir une responsabilité devant l’Histoire (avec un grand H). On n’en attendait pas moins de Jupiter et de celui qui veut prendre la place du roi qui, selon lui, manque à la France.

Revenons donc à son interview dans la soixantaine de titres de la presse quotidienne régionale et leurs 18 millions de lecteurs.

L’initiative rompt les équilibres du pluralisme. C’est le président de la République (qui, ainsi, n’est plus le président de tous les Français) qui a convoqué neuf journalistes (ou plutôt les directions des 60 titres qui ont sans doute tiré au sort les 9 élus) à l’Elysée, au moment qu’il a souhaité et dans le cadre inédit qu’il a défini lui-même, à savoir une seule question par journal et une interview d’une heure trente, pas plus. Et, cerise sur le gâteau, une version unique de l’interview soumise à la relecture de l’Elysée avant publication.

Deux quotidiens seulement ont refusé ce diktat élyséen, la Voix du Nord et Le Télégramme de Brest.

Le rédacteur en chef de la Voix du Nord a réitéré son refus de la relecture des interviews et précisé que l’initiative de Macron rompait l’équilibre dans le traitement politique d’une campagne électorale.

Le quotidien breton ajoutant : « Le temps où notre journal attend une parole publique et le temps où nos dirigeants veulent peser dans le débat ne sont pas toujours compatibles. Chacun reste maître de son calendrier. C’est cette simple liberté que nous revendiquons. »

Deux quotidiens sur une soixantaine pour revendiquer la liberté d’informer, c’est peu, mais c’est courageux. En revanche, il n’y pas d’adjectif pour qualifier l’attitude serve des autres directions.

Quant à Emmanuel Macron, il n’est pas certain que son adresse aux lecteurs des quotidiens régionaux, les bouzeux, suffira à le sauver.