Madina est une petite Afghane « qui ne verra jamais Londres »,nous rapporte une dépêche de l’AFP.
Ses parents avaient fui leur pays il y a deux ans, le père, Rahmat Shah Husseini, 39 ans, avait travaillé pour les forces américaines ; le couple avait cinq enfants. Il tentait de gagner Londres ; son père rappelle : « Elle demandait souvent « On est arrivé? C’est ici Londres? »
Refoulés de Croatie, ils regagnaient la Serbie à pied, « suivant de nuit une voie ferrée », nous apprend la dépêche. La mère, Muslima Husseini, 38 ans, poursuit : « On a entendu un bruit énorme, un train qui arrivait vite (…) Personne ne nous a dit qu’un train devait passer (…) Où est Madina ? Rashida découvre sa petite sœur, en sang, le crâne enfoncé. »
Madina a été ensevelie « au fond d’un cimetière orthodoxe (…) Personne n’a donné aux Husseini de certificat de décès qui leur permettra, plus tard, de récupérer la dépouille. » La famille a été reconduite en Serbie.
Scène de la vie quotidienne, insoutenable, qui rappelle le sort de milliers de réfugiés.
La dépêche témoigne de cette tragédie humaine : « Malgré la fermeture des frontières début 2016, la route des Balkans reste empruntée clandestinement par de nombreux migrants. « La mort évitable » de Madina « vient rappeler à l’Union européenne et aux autorités régionales que les gens restent en danger dans les Balkans », dit Andrea Contenta, de Médecins Sans Frontières-Serbie qui s’indigne que des migrants soient refoulés hors de toute procédure. Sur les onze premiers mois de 2017, l’ONG a comptabilisé 143 morts entre la Turquie et l’UE: noyades, accidents de voiture, chutes ou électrocutions depuis les toits des trains, suicides… Au-delà des données publiques, « nous ne savons pas combien ont perdu la vie dans la région », poursuit Andrea Contenta. »
Madina n’aura pas d’hommage national, ni même de sépulture digne de ce nom. Pendant ce temps là Paris faisait des obsèques grandioses et démesurées à un chanteur, auxquelles participaient des milliers de « spectateurs » et le président des riches.
Il y a quelque chose d’indécent et de révoltant dans ce monde du spectacle et du fric.