Vincent Bolloré est un taiseux ; il s’exprime peu sur la marche de ses entreprises. Il a souvent le visage fermé et sombre. Catholique intégriste, il réserve ses paroles à ses confesseurs, qui, eux, doivent recueillir des aveux peu catholiques. Eux aussi sont des taiseux ; ils respectent le secret du confessionnal. Et ce secret est particulièrement lourd.
A-t-on entendu le taiseux Vincent Bolloré à propos du licenciement d’Isabelle Saporta de la direction des éditions Fayard ? L’a-t-on entendu pour annoncer les raisons du choix de Lise Boëll pour la remplacer ? Les motivations n’apparaissent au grand jour qu’à la lecture d’un communiqué du 15 octobre dernier : « La maison Fayard, une des grandes maisons d’édition du groupe Hachette Livre, se réjouit d’annoncer la sortie du premier livre de Jordan Bardella […] le samedi 9 novembre en librairie ».
Bolloré se tait mais des salariés des éditions Fayard se sont exprimés dans une tribune dans laquelle ils constatent, dépités, que leur maison d’édition est « de plus en plus brune » ; ils ajoutent : « Nous pensons à nos auteurs et autrices, passé.es ou engagé.es contractuellement, ainsi qu’à nos ancien.nes et actuel.les collègues, qui n’ont d’autre choix que de rester ; qui ne peuvent se résoudre à laisser une maison d’édition historique dévaler une pente si dangereuse. Il faut du mérite pour se battre en interne. Pour elles et eux aussi, nous ne pouvons nous taire. »
Eux ne sont pas des taiseux ; ils prennent la parole pour dénoncer l’horrible et funeste croisade de Vincent Bolloré, qui, lui, continue sournoisement à faire campagne pour l’accession des fascistes à l’Elysée et au Parlement. Avec la bénédiction de tout ce qu’il y a de réactionnaire à droite et à l’extrême droite, et de ses confesseurs.
A-t-on entendu Vincent Bolloré annoncer le lendemain que la chaîne Planète+ (du groupe Canal+) a adapté en mini-série le livre d’Eric Zemmour, Le Suicide français, paru en 2014 dans lequel, il soutient que Pétain aurait sauvé des juifs pendant la guerre. Le choix est fort et significatif.
Vincent Bolloré est un taiseux, mais qui agit. Ses confesseurs l’encouragent dans sa croisade révisionniste et fascisante. Le Breton met donc l’ensemble de son groupe tentaculaire (livres, chaînes de télévision et de radio, presse écrite, publicité et communication) au service de cette croisade, sans tenir compte du respect du pluralisme que lui imposent les attributions de fréquence, par exemple.
Vincent Bolloré n’entend rien des critiques qui montent, assuré d’une impunité tombée du ciel (intégriste) et de nombreux hommes politiques aujourd’hui au gouvernement ou au Parlement, tellement couards que, sur le sujet, ils deviennent aux aussi, taiseux.
Face à cette campagne sans précédent par les moyens mis en œuvre, la seule solution est le démantèlement de l’empire Bolloré.