On n’en finit pas de mesurer les dégâts collatéraux de la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron. Ulcéré par le résultat de l’élection européenne, il a pris une décision digne du souverain de droit divin ne supportant aucune contrariété, posture qu’il assume depuis sa première entrée à l’Elysée.

Mais si le peuple exaspéré avait ramené Louis XVI de Versailles à Paris, Macron, lui, reste en place, refusant de nommer un premier ministre de gauche, dévoilant ainsi, mais était-ce nécessaire, sa véritable nature.

Néanmoins, aujourd’hui, le roi est quasiment nu après avoir trouvé un allié, le LR, et un groupe de pression, le RN. Il partage le pouvoir avec le groupe parlementaire qui a été rejeté par les électeurs et sous le contrôle de Marine Le Pen. C’est peu glorieux. 

Les dégâts collatéraux immédiats sont considérables. La dette de l’Etat et la politique européenne sont avancées pour donner un nouveau tour de vis anti-social. Hausse des impôts directs et, surtout indirects touchant le peuple et préservant les ultra-riches ; coups de rabots sur les dépenses de santé ; report de l’augmentation des pensions de retraites ; suppression de postes de fonctionnaires et notamment d’enseignants quand il en faudrait davantage (l’école privée catholique réactionnaire pour les riches a de beaux jours devant elle malgré les scandales qui l’entourent) ; diminution du budget de la culture du fait de l’inflation (de nombreuses structures et initiatives ont déjà soit réduit, soit annulés leurs activités) ; etc.

La liste des dégâts s’allonge au fur et à mesure de la découverte du projet de budget.

Les grands groupes profitent de la chienlit pour faire leurs affaires. Ainsi, on apprend que Sanofi va vendre sa filiale Opella, spécialisée dans les médicaments ‘’grand public’’, à un fonds d’investissement américain, CD&R, pour 15 milliards, plutôt qu’à un fonds français cependant mieux disant social, mais moins généreux pour les actionnaires, le premier étant L’Oréal.

L’opération purement spéculative concerne quand même 115 médicaments et 11000 salariés dans 150 pays, qui, aujourd’hui, sont plongés dans l’angoisse. CD&R (pour Clayton, Dubilier & Rice), l’un des plus grands fonds américains, n’investit que pour réorganiser les entreprises rachetées à coups de milliards pour un retour sur investissement immédiat ; il n’hésite pas à couper les branches les moins rentables sous la pression de ceux qui lui ont confié des sommes considérables pour accumuler des dividendes. L’argent n’a pas de morale.

On est loin des vibrantes déclarations de Macron s’engageant à rapatrier la fabrication des médicaments essentiels en France. Aujourd’hui, curieusement, lui est d’habitude si disert, est étrangement muet. Il n’a pas un mot pour condamner l’opération.

Est-il fier de ce nouveau coup porté à l’industrie française par les détenteurs du capital ?