Si la chute de Bachar Al-Hassad est fêté dans les rues de Damas, il n’est pas certain que la fête va continuer longtemps. Jusqu’où iront les islamistes qui ont pris le pouvoir ? A quel jeu joue le tyran de Turquie ? Profitera-t-il de la situation pour perpétrer un génocide des Kurdes ? Quel est l’avenir de l’Iran ? De nombreuses questions restent hélas sans réponse dans l’immédiat. 

Israël pavoise et Netanyahu se console de ses poursuites devant les tribunaux. Biden exulte en prétendant que sa politique au Moyen-Orient est plébiscitée, sans regarder en arrière pour observer ce qui s’est passé en Afghanistan et en tirer les conclusions.

Une seule chose est sûre, les premiers perdants de la chute de Bachar Al-Hassad sont les pauvres Palestiniens, tant Israël a les mains libres pour poursuivre le génocide de tout un peuple.

Le jour même où les islamistes chassaient le tyran de Damas, Amnesty International publiait un long rapport (300 pages) après des mois d’enquêtes, de collectes de preuves et d’analyses juridiques ; la secrétaire générale de l’ONG, Agnès Callamard, le résume en une phrase : « Nos conclusions accablantes doivent sonner comme un signal d’alarme pour la communauté internationale : il s’agit d’un génocide, qui doit cesser immédiatement. »

Amnesty dénonce attaques indiscriminées, préjudices physiques et mentaux graves, blessures irréversibles, détentions au secret et tortures, conditions de vie insoutenables, destructions matérielles sans précédent, déplacements forcés et arbitraires, aide humanitaire entravée, population confrontée à la famine, terres agricoles détruites, destruction du système de santé, conditions sanitaires indignes, propos racistes et déshumanisants. Bref, l’intention d’Israël est génocidaire.

Les témoignages sont terribles, comme celui de ce Gazaoui, Ahmad Nasman qui a perdu ses parents, sa sœur, sa femme et ses trois enfants dans un bombardement : « Mon corps a survécu, mais mon âme est morte avec mes enfants ; elle a été enfouie sous les décombres avec eux. » Ou encore celui de Moyyad Ahmad, membre de l’Union des comités professionnels agricoles, qui constate : « Nous ne voyons pas d’avenir pour l’agriculture à Gaza après la guerre… Tout est détruit… Ce n’est pas l’histoire individuelle d’un pêcheur ou d’une femme travaillant dans une ferme, c’est celle d’un patrimoine qui a été volé à la population. Ils ont volé la capacité de produire de la nourriture. »

Quand Emmanuel Macron aura trouvé un premier ministre, peut-être aura-t-il le temps de condamner le génocide et de reconnaître la Palestine. Même s’il s’agit d’un champ de ruine, sans population.