Si on en croit le rapport annuel sur l’état de la démocratie dans le monde de l’Institut Varieties of Democracy, rattaché à l’université suédoise de Göteborg, 71 % de la population mondiale vit dans une autocratie (contre 48 % en 2014).

Si on en croit ? E ce qui me concerne, je le crois. Dur comme fer !

Le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple n’existe plus ou que parcimonieusement, y compris en France, pays des Droits de l’Homme.

Le droit de manifester, la liberté d’expression, le droit de se syndiquer et d’adhérer à une association, le droit de vote sont ébranlés, progressivement, lentement, à pas comptés, mais sûrement. Quant au droit à l’information, il est de plus en plus contrôlé par les milliardaires, évitant au pouvoir politique d’avoir à le faire aussi grossièrement que Viktor Orban en Hongrie.

Depuis son accession à la présidence de la République, Emmanuel Macron agit par petites touches pour limiter les libertés réelles sur lesquelles s’appuie la vraie démocratie. En multipliant le recours au 49-3, il donne l’image d’un souverain qui méprise le rôle du Parlement. En faisant reculer le droit social (chômage, retraite, pouvoir d’achat, etc.), il fragilise le rôle du citoyen dans la cité. En refusant de nommer un premier ministre de gauche, il dénie au peuple le droit de choisir le type de société dans lequel il veut vivre et il donne des gages aux grands groupes mondialisés.

La liste des atteintes aux libertés est longue. Trop longue pour être supportée très longtemps encore.

Nous ne vivons plus dans une démocratie, mais, comme l’écrit José Saramago, « dans une ploutocratie qui n’est plus locale ni proche, mais qui est devenue universelle et inaccessible ».

Macron a marqué son appétence pour la ploutocratie en s’affichant avec Donald Trump et Elon Musk sur le parvis et sous la coupole de Notre-Dame à Paris.

Ce monde-là se côtoie, se fréquente, se serre les coudes et s’aide lorsqu’il le faut pour sauver les ploutocraties en difficulté.

Dans les dernières manifestations contre les coupes drastiques dans le budget de la région des Pays-de-la-Loire, on pouvait lire des pancartes : « Sois inculte et tais-toi ! ». Le raccourci est saisissant, mais ô combien juste. Effrayant. Christelle Morançais, la présidente de la région, nouvellement promue vice-présidente du parti Horizons d’Edouard Philippe, veut conduire le peuple des Pays-de-la-Loire vers le marché et le livrer aux grands groupes. Elle puise son inspiration chez Elon Musk, dans les notes de l’Institut Montaigne (comme Macron), qui eux-mêmes s’alimentent des dogmes du marché, élaborés par ceux qui détiennent le véritable pouvoir.

Dans ce monde-là, il y a un pouvoir unique et inaltérable, le pouvoir économique et financier mondial ; un pouvoir anti-démocratique parce qu’il échappe au vote des citoyens. Il irrigue tous les niveaux de pouvoir pour mieux contrôler le citoyen.

Dans ce monde-là, on méprise le bonheur du peuple ; il suffit de jeter un oeil sur la carte des plans dits sociaux dressé par la CGT, pour mesurer combien de couples et d’enfants sont dans l’angoisse à quelques jours de Noël à l’annonce de milliers de licenciements.

Néanmoins, la colère gronde et, derrière elle, se lèvent espérances et utopies. A l’espoir de voir surgir un monde humain, simplement humain, le nanti rétorque en demandant de la patience à celui qui piaffe d’impatience. Et qui a toutes les raisons d’être impatient, car il y a encore de l’espoir. Si la gauche le veut !