Les grands groupes ne souhaitent pas voir Emmanuel Macron désigner un premier ministre de gauche. Le président de la République non plus. Entre libéraux, on parle le même langage, celui du fric. Dans ce milieu-là, on ne compte qu’en milliards, parfois en centaines de millions. Mais pas moins. Chez ces gens-là, on dédaigne le peuple.

On s’interrogeait : qu’est-ce qui a pu pousser Bolloré à scinder Vivendi, Canal+ Group (coté au London Stock Exchange), Havas (coté à Euronext Amsterdam) et Louis Hachette Group (coté à Euronext Growth Paris) ?

ActuaLitté révèle que « pour la famille Bolloré, qui détient 30% de Vivendi, il s’agit d’une économie estimée de 535 millions d’euros en impôts, grâce à un régime fiscal qui traite deux tiers des actions Canal+ et Hachette comme des remboursements non taxables d’apports. »

Et ActuaLitté précise qu’il s’agit d’une manœuvre d’évitement fiscal parfaitement légale, : « Pour la scission de Canal+, Vincent Bolloré devrait payer environ 200 millions d’euros d’impôts, au lieu de plus de 600 millions d’euros. Pour Hachette, les impôts s’élèveront à environ 65 millions d’euros, au lieu de 200 millions (…) Chez Canal+, sur une valorisation totale de 6,85 milliards d’euros, 4,5 milliards sont vus comme un remboursement aux actionnaires. Chez Hachette, sur une valorisation de 2,15 milliards, 1,4 milliard est traité de même. Le tiers restant de la valeur des actions sera taxé au taux habituel de 30%. »

A cela, il faut ajouter que Bolloré bénéficie d’un régime fiscal dit « mère-fille » permettant une exonération partielle d’impôt sur les dividendes perçus de la filiale, Vivendi, par le groupe Bolloré.

Au moment où Bercy cherche quelques milliards pour éponger la dette, la parfaite opération de Vincent Bolloré a quelque chose d’incongru et d’immoral. Néanmoins, personne dans les sphères libérales ne parle de réviser ces mesures d’évitement fiscal, couplées à des transferts de cotation à l’étranger.

A la lumière de cette seule opération de Bolloré, on comprend mieux les contorsions de Macron pour ne pas désigner un premier ministre de gauche. Quant à Vincent Bolloré, il n’a même pas eu à aller voir son confesseur personnel…