Le groupe GfK est un institut d’études de marché et d’audit marketing d’Allemagne ; sa filiale française publie chaque année une étude sur le marché du livre. Les chiffres sont impressionnants : il s’est vendu 354 millions d’exemplaires en 2018 (dont 11,9 millions de livres de poche), soit 0,6 % de moins, pour un chiffre d’affaires de 3,94 milliards d’euros en recul de 0,9 %.

Derrière les chiffres, on décèle des motifs de satisfaction et des craintes pour l’avenir. Les Français ont acheté moins  de livres de littérature générale, celle qui fait appel à l’imaginaire (- 5,4 %) mais plus de bandes dessinées.

Pour les chercheurs de GfK, les livres traitant de la contestation du système politique et économique et ceux qui abordaient l’égalité femme-homme ont doublé leur offre et rencontré le public : celui-ci a acheté 1,1 million d’exemplaires.

Ce constat est en apparence réjouissant : les Français s’intéressent de plus en plus à ces questions d’actualité ; mais il signifie aussi que les lecteurs ne trouvent pas dans la presse les réponses aux questions qu’ils se posent au quotidien et qu’ils ont besoin de plus de repères et d’approfondissement. Voilà qui devrait interroger les journalistes et leurs patrons, ces milliardaires qui ont fait main basse sur les médias éblouis par le libre-échange et le libéralisme le plus confiscatoire pour les couches populaires.

L’autre face du constat de l’institut pose elle aussi de nombreuses questions : tous les Français ne sont pas égaux devant la lecture. GfK estime que 28,9 millions de personnes ont acheté au moins un livre imprimé en 2018. Ce qui signifie que l’autre moitié n’en a pas acheté un seul.

Il reste à combler cette fracture de la lecture et à entraîner ceux qui ne lisent pas vers les bibliothèques et médiathèques.

Et on ne se réjouira pas d’apprendre que Guillaume Musso voit deux de ses livres parmi les dix plus fortes ventes de l’année : la première (590 000 exemplaires) avec Un appartement à Paris et la troisième (501 000) avec La jeune fille et la nuit ; Marc Lévy, lui, pointe à la 7eplace (328 000) avec La dernière des Stanfield.

Guillaume Musso avec ses deux best-sellers a vendu plus d’exemplaires que tous les auteurs contestant le système actuel ou traitant de l’égalité femme-homme ou encore de l’écologie !

Le salut ne viendra pas de Guillaume Musso, mais bien de la lecture de livres d’auteurs de qualité dont les rayons des libraires sont remplis. Encore faudrait-il que le marché du livre échappe à Amazon, Cultura et à quelques éditeurs qui ne rêvent que de best-sellers et de dividendes pour leurs actionnaires.