Livre Paris, hier le Salon du livre de Paris, a fermé ses portes. Mais le malaise est persistant. En cause, la présence du stand Amazon.

Amazon, le géant du Web, aux côtés de Google, Apple, Facebook et le second A de GAFA, est l’une de ces entreprises américaines qui ont optimisé leur ‘’business model’’, ne payant quasiment pas d’impôt en ne déclarant en France et ailleurs qu’une infime partie de leur chiffre d’affaires et pratiquant donc allègrement l’optimisation fiscale.

A sa création, Amazon vendait des livres et seulement des livres par Internet et aujourd’hui Bezos se vante d’être le plus grand libraire du monde. Mais désormais il vend tout ce qui peut se vendre et investit jusque dans l’audiovisuel. Ses plateformes de stockage et de préparation des commandes se distinguent par un modèle social exécrable.

Amazon s’est fait le champion de l’autoédition ; chaque livre déposé sur KDP (pour Kindle Direct Publishing) est mis en ligne 48 heures plus tard et l’auteur conserve ses droits d’auteur. En outre, il peut toucher jusqu’à 70 % sur chaque vente (contre 5 % en général chez un éditeur traditionnel). Antoine Gallimard dénonce cette concurrence (« Il est très gênant pour nous. Parce que ça veut dire qu’on est des voleurs (…) Or, il n’y a rien derrière, c’est un leurre. »)

Les libraires, les vrais professionnels du livre, souffrent de cette concurrence déloyale d’Amazon. L’un d’entre eux, Christian Thorel de la librairie Ombres blanches à Toulouse, a protesté en termes vifs auprès du président du Syndicat national de l’édition (SNE), Vincent Montagne, contre la présence d’un stand Amazon à Lire Paris : « Je lis cette présence, écrit-il, comme une capitulation, comme une soumission à un ordre qui contrevient aux engagements conjugués de nos professions ». Le libraire affirme sa « volonté de ‘’résister’’ à un nouvel ordre. C’est là notre ambition, c’est là notre orgueil, il en faut pour défendre nos passions ». Il termine en accusant le rendez-vous de la Porte de Versailles « souvent si bruyant, mais qui devient aussi le lieu d’un silence assourdissant, et d’une défaite, d’une ‘’capitulation’’ face à un nouveau maître dont il faut rappeler qu’il s’est exclu lui-même de son appartenance à notre pays, à notre République, à nos valeurs ».

Amazon pirate du livre, Netflix pirate du cinéma ! Quand les politiques feront-ils le ménage ?