Le prince Mychkine de Dostoïevski est un homme plutôt sympathique, dénué de toute mauvaise intention. Il a cependant un défaut, il est d’une naïveté telle qu’elle le fait passer pour un idiot.

Il ressemble tellement à ce jeune premier ministre de la France, qui ne doit pas avoir un mauvais fond, comme il est coutume de dire ; venant du Parti socialiste, comment pourrait-il être complètement mauvais et totalement antisocial ! Et pourtant…

A propos de lui, on peut se demander s’il est aussi naïf que le prince Mychkine ou s’il dissimule plutôt un arrivisme aveuglant digne de Rastignac. Sa personnalité pose d’innombrables questions.

Comment ce jeune homme bien né, qui a fréquenté les meilleures écoles privées, peut-il croire que la énième réforme de l’assurance chômage qu’il vient d’annoncer va résoudre le cancer de la France ?

Qui a pu lui faire croire que la réduction de l’indemnisation de 24 à 18 mois va renflouer les caisses de Bercy ? Lui aurait-on caché que sur 6,1 millions de citoyens demandeurs d’emplois, seuls 2,6 millions (42,6 %) sont indemnisés et que le montant moyen de l’allocation mensuelle nette est de 1 033 euros seulement ?

Partage-t-il les idées fixes de Bruno Le Maire, le psychorigide tout droit sorti de rangs des nobliaux de l’Ancien Régime ?

Croit-il un président de la République, aussi têtu qu’une mule, obnubilé par l’idée de voir tous les chômeurs traverser la rue ? Mais aussi de tourner le dos définitivement au programme du Conseil national de la Résistance ?

L’Idiot de Dostoïevski se termine en tragédie et l’internement du prince Mychkine.

La littérature est le reflet de la vie, comme L’Idiot. Il est de romans qui traversent les siècles et des personnages qui deviennent des néologismes d’une brûlante actualité.