Emmanuel Macron n’accepte pas la défaite politique ; avant même le vote de la motion de censure, il avait ordonné à son triste ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, de donner un tour répressif aux manifestations d’un mouvement social qui s’est opposé à son funeste projet de loi dans le calme et avec dignité. Les préfets ont aussitôt reçu des ordres du ministre, qui a repris les sales habitudes du préfet de Paris Lallemant.

La répression des manifestations a atteint un tel degré de férocité que le Syndicat de la magistrature a dénoncé la volonté de « bâillonner l’expression de la contestation en réprimant avec brutalité le mouvement social, né de l’impossibilité de faire entendre autrement une opposition pourtant massive. »

Le communiqué des magistrats a constaté que « ces mouvements trouvent pour réponses une restriction des libertés d’aller et venir, de réunion et d’expression, ainsi que la violence d’un maintien de l’ordre accompagné d’une répression policière destinée à dissuader par la peur les manifestant·es d’exprimer l’absence d’adhésion populaire à cette réforme. »

Les magistrats dénoncent « l’utilisation dévoyée de la garde à vue (…) qui illustre les dérives du maintien de l’ordre, qui détourne l’appareil judiciaire pour le mettre entièrement à son service. » En effet, sur 292 interpellations à Paris le 18 mars, 283 ont ainsi donné lieu à un classement sans suite.

Le Syndicat de la magistrature condamne fermement répression du mouvement social et violences policières illégales et ajoute : « Dans ce contexte inquiétant qui s’étend au-delà de la capitale et révèle une crise sociale d’ampleur, nous appelons le pouvoir exécutif, dans le strict respect de la séparation des pouvoirs, à laisser l’autorité judiciaire exercer son office de protection de la liberté individuelle, sans ingérence ni instrumentalisation. »

Cette brutalité de la répression est un acte de faiblesse du même niveau que le recours à l’article 49.3 de la Constitution. Elle est l’expression du caractère de plus en plus autoritaire d’un pouvoir qui a perdu la bataille des idées dans le pays et dévoile sa véritable nature au service d’un système à l’agonie.