Les médias entre les mains des ultra-riches (Arnault, Bolloré, Saada, Dassault, Kretinsky, Bouygues) sont autant d’instruments de propagande. Depuis Edward Bernays, neveu de Freud et auteur d’un ouvrage de référence, Propaganda (paru en 1928), les méthodes se sont affinées ; néanmoins elles sont toujours aussi grossières et manipulatrices.
L’assassinat de la jeune étudiante, Philippine, a été odieusement récupéré par tout ce que la France compte de racistes et d’anti-immigrés. Les chaînes de télévision ont été en première ligne, mais pas seulement.
Rares ont été les journaux qui se sont démarqués. Télérama, avec Samuel Gontier, a relevé le défi de ne pas être dans la ligne des propagandistes des idées d’extrême droite. C’est pourquoi son billet, publié par le site de l’hebdomadaire est important à lire et à diffuser :
« Meurtre de Philippine : comment est-ce encore possible ? » titre Le Parisien ce jeudi. « Meurtre de Philippine : à qui la faute ? » interpelle BFMTV la veille. « Des failles dans le suivi du suspect ? » questionne France 2. « Faut-il changer la loi ? » suggère TF1. Depuis mardi soir et l’arrestation du suspect, les médias s’interrogent sur le viol et le meurtre d’une étudiante, Philippine, commis par un Marocain qui, après avoir purgé sa peine pour un précédent viol, était sous le coup d’une OQTF (obligation de quitter le territoire français). Le moins que l’on puisse dire est que ces médias ne manquent pas de volontaires pour leur répondre. « Le profil du meurtrier a fait réagir les politiques de tous bords », note Gilles Bouleau. « La classe politique n’a pas de commentaire assez dur », relaie une journaliste de France 2. Sur BFMTV, Éric Brunet résume : « Ce fait divers tragique est devenu un fait politique. » D’Olivier Faure à Bruno Retailleau, de Fabien Roussel à Jordan Bardella, toute la classe politique a un avis sur une affaire effectivement dramatique. Ce frénétique vacarme contraste avec l’assourdissant silence des mêmes politiques à propos du procès de Mazan, où cinquante et un hommes sont accusés d’avoir violé Gisèle Pelicot, droguée par son mari. D’un côté, le profil passe-partout des accusés interroge tout le monde sur la culture du viol qui imprègne la société. Tout le monde sauf les politiques, aux abonnés absents, comme le relèvent France Culture ou Public Sénat(seul le PS a publié un communiqué). De l’autre, le parcours d’un récidiviste sans papiers suscite chez nombre d’élus une surenchère de commentaires xénophobes et de propositions sécuritaires (plutôt que des interrogations sur l’efficacité d’un système carcéral où le suspect a passé cinq ans avant de récidiver). Complices, des médias laissent libre cours aux fantasmes racistes et aux recettes répressives de la droite et de l’extrême droite, tel BFMTV, accueillant successivement Matthieu Valet (RN), Sarah Knafo (Reconquête), Marion Maréchal et Robert Ménard pour commenter l’affaire. La dissonance criante entre le procès de Mazan et le meurtre de Philippine montre une nouvelle fois qu’il est plus facile pour une grande partie de la classe politique (et des médias) d’incriminer l’immigration plutôt que de traiter les violences sexistes et sexuelles comme un problème systémique. »
Merci.