L’absence de gouvernement est la pire crise politique, inédite, traversée par la France depuis 50 ans ; mais soyons rassurés, les affaires continuent.
Bernard Arnault, par exemple, n’arrête pas de faire son marché dans le prestigieux vignoble bourguignon, comme on l’a vu hier. Entre deux achats, le milliardaire doit néanmoins continuer à s’agiter pour que Michel Barnier constitue un gouvernement aux ordres des ultra-riches. Désormais, il peut venir visiter son ami Emmanuel Macron avec une bonne bouteille de corton-charlemagne. Dans la conversation, il peut ainsi glisser au président de la République sa profonde aversion pour Lucie Castets et le programme du Nouveau Front populaire. L’aversion, est-il nécessaire de le préciser, est partagée par l’hôte de l’Elysée.
Dans le vignoble côte d’orien, en revanche, les vignerons font grise mine et laissent éclater leur colère. Thiébault Huber, vigneron à Meursault et président de la Confédération des appelations et des vignerons de Bourgogne (CAVB), s’inquiète pour les 32 000 hectares de vignes et les 4500 familles qui en tirent le meilleur. Et il ne cache pas sa colère : « C’est tout petit à l’échelle mondiale, mais on est réputé dans le monde entier. C’est le fruit de notre travail de qualité, avec un modèle familial qui marche, un respect du territoire, des rendements limités. Si on en vient à être détenus par 10 familles riches dans le monde, il y a un risque de standardisation. Mais qu’on continue ! Comme ça, tous les joyaux de la France appartiendront au club des ultra-riches du monde, on n’aura plus aucune exploitation familiale et on sera dans un système féodal. Retour au Moyen-Âge, avec les seigneurs qui possèdent les terres et les serfs qui bossent pour eux. »
Hélas, le vignoble bouguignon n’est pas la seule activité à connaître une telle évolution sous l’influence des ultre-riches et des fonds d’investissement.