Eugène Labiche en aurait sans doute fait un nouvel épisode de son vaudeville, Embrassons-nous, Folleville ! Avec Emmanuel Macron dans le rôle du marquis Manicamp et Michel Barnier dans celui de Folleville et Bruno Le Maire en vicomte de Chatenay.

Labiche aurait pu situer l’action dans le parc de Montretout, avec Marine Le Pen comme maîtresse de cérémonie !

Aujourd’hui, c’est à l’Elysée et à Matignon que se déroule la fête, celle des retrouvailles de toutes les familles de la droite à l’extrême droite : Macron et Barnier y reçoivent tour à tour leurs copains Wauquiez, Retailleau, Larcher, toute cette vieille famille qui a décidé de pardonner à la famille Le Pen et de se réconcilier. Tous trinquent au bon tour qu’ils ont joué au peuple, à ceux qui n’ont rien, auxquels ils s’apprêtent encore une fois à faire les poches. Leur politique s’appelle toujours austérité.

Les dernières trouvailles sont contenues dans un rapport de l’Inspection générale des finances publiques (IGF) remis hier, juste avant la réception de Barnier par Attal pour la remise des clés. Les dépenses-maladie seraient trop importantes pour soigner les gueux et comme il faut combler la dette abyssale du pays, il a été demandé de trouver de nouvelles économies.

Les rapporteurs, bons élèves de l’ultra-libéralisme, n’ont pas fait preuve d’imagination : ils préconisent d’augmenter les franchises (pour ne pas dire diminution des remboursements) sur les dispositifs médicaux, les médicaments et les transports de patients. Plus répugnant encore, ils recommandent de réduire le nombre d’affections de longue durée (ALD) prises en charge ; sont notamment visés, le diabète, les insuffisances cardiaques, la maladie d’Alzheimer, les maladies psychiatriques et certains cancers.

La nomination de Barnier à Matignon ne laisse auccun doute, il prendra très vite en compte les recommandations du rapport de l’IGF pour satisfaire ses amis de droite et d’extrême droite. Il en sera de même pour les questions d’immigration, Marine Le Pen en a fait un préalable à la grande réconciliation.

La nomination de Michel Barnier n’est ni une erreur d’Emmanuel Macron, ni la résultante du résultat de la dissolution de l’Assemblée nationale, mais un choix politique assumé. L’ex-secrétaire général adjoint de François Hollande a enfin réuni sa vraie famille, en plein jour.

Le vaudeville Embrassons-nous, Folleville ! ne fait plus rire personne, sinon les nantis qui, défaits dans les urnes, osent encore défier les citoyens. Si la politique est réduite à une mauvaise pièce de théâtre, le peuple n’est pas obligé de payer pour assister à ce mauvais spectacle, mais plutôt de se mobiliser pour écrire la grande épopée de la Révolution en allant prendre non plus la Bastille mais l’Elysée.