Versailles célèbre les quatre cents ans du château de Louis XIV. La présidente de l’établissement public, Catherine Pégard, qui fait du rab par la volonté d’Emmanuel Macron (à 68 ans, son troisième mandat aurait dû se terminer en octobre 2022), s’est fendue d’un éditorial à la hauteur de l’événement dans Les Carnets de Versailles.

Elle y parle de l’écho de la grandeur de Louis XIV, de son goût pour tous les arts, de sa passion démesurée et évoque même le récent « dîner d’Etat en l’honneur de Charles III ».

L’ex-journaliste nous invite à « butiner notre histoire ».

Je ne butinerai pas, mais je rappellerai quelques chiffres attachés à l’édification du château par les rois de Louis XIII à Louis XVI : 36 000 ouvriers, dont près de 10 000 sont morts sur le chantier ; beaucoup sont décédés du paludisme en asséchant les marais sur lesquels s’est érigé ce caprice.

Je rappellerai aussi les charrettes qui, chaque matin, faisaient le tour du chantier pour ramasser les morts.

Je rappellerai enfin que les femmes des ouvriers se sont rebellées parce que les conditions de travail, mais aussi de vies de leurs maris, étaient atroces.

Ce n’est pas un détail de l’histoire ; le château de Versailles a été construit sur les cadavres des ouvriers, surexploités, tels des esclaves.

La célébration des quatre cents ans du début de la construction de ce monument d’orgueil, gouffre financier insondable, aurait pu, et dû, avoir une pensée pour ces milliers de pauvres hères qui ont travaillé durant les 53 années du chantier, avant de mourir malades et épuisés sans voir la fin de l’œuvre de leurs mains.

Décidément, les ‘’accidents du travail’’ seront toujours occultés. Sous Louis XIV comme sous le règne d’Emmanuel 1er, malgré les révoltes et les Révolutions.