L’information sur les événements israélo-palestiniens n’est pas satisfaisante. Les directions de trop nombreux médias français ont épousé les thèses de l’Etat hébreu et tendent à considérer que tous les Palestiniens sont des membres du Hamas.
Rien n’est plus faux.
Encore faut-il se reporter à d’autres sources pour avoir une information équilibrée. L’agence Médias Palestine fait un travail remarquable qui permet de comprendre ce qui se joue entre les deux peuples.
Elle vient de publier une interview de Sami Abu Salem, un journaliste palestinien de Gaza (par ailleurs formateur en charge de la sécurité à la Fédération internationale des journalistes, la FIJ).
A la question de savoir si tous les Palestiniens sont membres du Hamas, il a une réponse sans ambiguïté :
« Un autre point que tous celles et ceux qui critiquent Israël – ou même les Palestiniens et Palestiniennes en Europe – définissent comme un problème : lorsque nous attaquons Israël, cela signifie que nous sommes le Hamas. Mon Dieu ! C’est vraiment stupide. Je suis personnellement contre le Hamas et je critique Israël. Quand quelqu’un critique Israël, cela ne veut pas dire qu’il ou elle est du Hamas. »
Dans ce conflit, il y a un angle mort et à la question de savoir ce qui n’est traité mais qui devrait l’être dans les médias occidentaux, Sami Abu Salem apporte une réponse qui devrait interpeller les journalistes du monde entier :
« Le droit de résister. Le droit de résistance des Palestiniennes et Palestiniens, qui sont sous occupation depuis 75 ans. Personne n’en parle. Tout ce qui se passe à Gaza, tout cela, est dû à la continuité de l’occupation. Nous avons le droit de résister.
J’aimerais aussi parler de quelque chose dont ces médias ne parlent pas assez selon moi. Israël dit qu’il cible le Hamas. Selon eux, ils se cachaient ici ou là. D’accord. Ils [ndlr : Israël] ont des armes de haute technologie, ils ont des F-16 et des armes qui sont reliées aux satellites israéliens et américains. Ils peuvent choisir leurs cibles de manière sélective. Ils peuvent tuer une simple mouche. Ils peuvent tuer un simple chat. Mais lorsqu’il y a une cible, et s’il y en a une, ils bombardent un pâté de maisons entier, pas une maison. 20-30 maisons, 15 maisons… peu importe. Des maisons habitées. Et des dizaines, des centaines de personnes meurent dans la même frappe. »
Son analyse aussi est éclairante sur la stratégie incroyable d’Israël et des Etats-Unis :
« Le problème n’est pas le Hamas, ni le Fatah, ni aucune faction palestinienne, ce n’est pas le problème ! Le problème, c’est l’occupation israélienne, pas le Hamas. Le Hamas a été créé en 1987, mais nous nous battons et nous sommes assassiné-e-s depuis bien plus longtemps que 1987.
J’aimerais aussi que la presse étrangère s’intéresse davantage à la manière dont le Hamas a remporté les élections. Comment les présidents israéliens et américains ont appelé le prince du Qatar et lui ont demandé de dire au Hamas de se présenter aux élections. Ce sont des informations rendues publiques par le biais de Tamim (ndlr:Ben Hamad Al Thani), maintenant émir du Qatar, qui parlait à l’époque des actions son père. Ce n’est pas un secret. Et ils ont ouvert des bureaux du Hamas au Qatar sur ordre des Américains. Ce n’est pas un secret. Ils ont amené le Hamas ici, et maintenant ils nous tuent parce qu’ils voudraient se débarrasser du Hamas. »
Les journalistes palestiniens de Gaza travaillent dans des conditions de danger extrême ; quarante d’entre eux ont été tués dans les bombardements israéliens. Comme si on voulait ne plus entendre leurs témoignages. Sami Abu Salem mérite d’être écouté et entendu et sa parole relayée.