L’historien Patrick Boucheron, à qui on doit une somme exceptionnelle, Histoire mondiale de la France (Seuil), se livre dans un long entretien dans le Monde, sous le titre ‘’Le temps impose parfois à l’historien d’entrer dans la mêlée’’. Il explique les raisons de la publication d’un court texte dans la collection Libelle (toujours au Seuil) sous le titre ‘’Le Temps qui reste’’ (72 pages, 4,90 €) dans lequel il entre effectivement dans la mêlée avec beaucoup de détermination.

De son entretien au Monde, j’ai retenu un bref extrait : 

« Depuis la réforme des retraites et la grave crise de légitimité démocratique qu’elle a précipitée, il faudrait tenter, durant les quatre ans à venir, de ne plus commenter les faits et gestes du président, mais de considérer au contraire que son quinquennat est terminé. Si cela est impossible pour un journaliste, en tant qu’historien et citoyen, je n’accorderai qu’une attention distraite à ce qu’il dira. Dois-je commenter chacune de ses provocations sur l’enseignement de l’histoire ? C’est perdre du temps, quand on ferait mieux de se demander pourquoi personne ne trouve à redire lorsqu’il prétend que l’éducation est son ‘’domaine réservé’’, ce qui est institutionnellement scandaleux. Mais cessons là. Je tente de me désintoxiquer de cette indignation morale que suscite en moi l’arrogance de ceux qui nous gouvernent. Ce n’est pas si facile, car je n’ai pas l’expérience d’un gouvernement qui ait à ce point méprisé les sciences sociales, l’université, l’exercice collectif de l’intelligence, le mouvement social : tant de suffisance pour tant d’insuffisances. »

Hélas, le quinquennat n’est pas encore terminé et le méprisant de la République a encore quelques mauvaises lois à faire adopter, à coups de 49-3.

Patrick Boucheron appelle à ‘’s’arc-bouter’’ pour s’opposer à « l’inévitable retour du fascisme » Un retour qui le hante, car, dit-il au Monde : « En France, toutes les dispositions réglementaires, pour ne rien dire des habitudes policières, seraient disponibles en cas de victoire de l’extrême droite, qui s’accommoderait très bien de la Ve République. »

Rien à ajouter.