La Chouette qui hioque

Mois : mai 2021 (Page 2 of 2)

Le caillou de Biden

En octobre 2017, Emmanuel Macron déclarait avec une belle assurance du haut de sa suffisance que « pour que notre société aille mieux, il faut des gens qui réussissent (…) Je ne crois pas au ruissellement, mais je crois à la cordée (…) Si l’on commence à jeter des cailloux sur les premiers de cordée, c’est toute la cordée qui dégringole. »

Donc, Emmanuel Macron ne croit pas au ruissellement et on est censé le croire. Mais cette théorie est celle qu’il a mise en œuvre : suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune, prélèvement forfaitaire unique sur les dividendes, allégement de l’impôt sur les sociétés, etc.

Les économistes venant au soutien du président des riches étaient aux anges et soutenaient que plus les riches ont d’argent, plus elles investissent et créent des emplois. Nicolas Bouzou, économiste ultralibéral pur jus, présent dans tous les grands médias affirmait que « par exemple, un ingénieur en intelligence artificielle chez Google sera certes très bien payé, mais il va consommer au restaurant, dans des hôtels, il va avoir des employés de maison. Ça crée donc des emplois moins qualifiés. On estime que concernant l’économie du numérique aux Etats-Unis, un emploi à forte valeur ajoutée entraîne la création de quatre emplois moins qualifiés. »

Bref, il est dans la nature des choses qu’il y ait sur terre des maîtres et des esclaves.

L’argument est d’un simplisme déroutant. Et il n’a jamais été prouvé ; au contraire, les inégalités ne cessent de se creuser et le nombre de pauvres ne cesse de croître.

Et voilà qu’un président des Etats-Unis, surnommé l’endormi par son prédécesseur, vient de se distinguer en déclarant que « La théorie du ruissellement n’a jamais fonctionné » et en prenant diverses mesures opposées à celles que défendent à l’unisson Macron, Le Maire et tous les économistes gravitant dans leur orbite.

Joe Biden vient de jeter un caillou sur le premier de cordée de la France startup nation ; il n’en sera jamais assez remercié. Toute la cordée ne dégringolera pas (pour les pauvres, c’est déjà fait), mais le premier assurément. Rendez-vous en 2022.

Bolloré, c’est du brutal

Il n’est pas incongru de parler de Vincent Bolloré le jour de la fête du travail, journée internationale de solidarité de tous les exploités. Il est le symbole du capitaliste qui rêve d’un monde sans protection sociale.

Vincent Bolloré est un fieffé exploiteur, tyrannique et sans aucun sentiment pour ceux qui triment pour lui permettre d’amasser les milliards, avec lesquels ils rachètent tout ce dont il a une envie insatiable. Sous toutes les latitudes.

Il n’aime pas qu’on évoque ses affaires africaines, par exemple, et n’hésite pas à poursuivre ceux qui dénoncent ses pratiques féodales. Dans ses chaînes de télévision il ne se comporte pas mieux.

Après avoir fait le ménage à iTélé (rebaptisée CNews), il réitère à Canal+. Après les licenciements de Sébastien Thoen et Stéphane Guy, ce sont cinq journalistes du service des sports de la chaîne cryptée qui sont sous le coup d’un licenciement.

Cette vague vise à ‘’sanctionner’’ sans preuve ceux qui ont dénoncé le harceleur Pierre Menès, l’ami de la famille, ou apporté leur solidarité aux premières victimes. La sanction est suprême : c’est directement la porte, même si la salarié fait condamner le grand exécuteur aux prud’hommes. Peu importe, le coût n’est pas dissuasif pour un milliardaire.

Dans les chaînes de Bolloré, donc, on ignore superbement les dérapages ou les condamnations des Zemmour, Praud, Menès, Hanouna, mais pas contestations des salariés. Etonnant ? Non, la réponse à la question est à lire dans mon dernier livre, ‘’Journalistes, brisez vos menottes de l’esprit’’ et, plus particulièrement, au chapitre « Le ‘’final cut’’ de Bolloré ». Edifiant.

Où il est prouvé que Bolloré ne connaît ni la fête du travail, ni la solidarité, ni les syndicats, ni la dignité des salariés.

Il faudra sans doute encore beaucoup de manifestations du 1ermai pour faire plier ce patron brutal et ses sbires, aux agissements moyenâgeux.

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