Les patrons français, mais les autres aussi sans doute, font preuve d’un culot démesuré. Toujours prompts à dénoncer les charges sociales (quand il s’agit de salaires différés et socialisés) insupportables et les impôts trop lourds (quand il s’agit de participer à l’organisation des territoires facilitant leurs affaires, qu’il s’agisse des routes, des chemins de fer, des aéroports, des écoles, collèges, lycées et universités formant leurs futurs employés, des hôpitaux, etc.), ils n’hésitent pas à exiger des aides de l’Etat en permanence.

Xavier Niel, qui doit le début de sa fortune au ‘’Minitel rose’’ (l’argent, pour certains n’a ni odeur, ni morale), a été sollicité pour reprendre les éditions du quotidien France Antilles, le dernier vestige du groupe Hersant (il était encore la propriété d’une petite-fille du papivore, Aude Jacques-Ruettard).

On pouvait s’interroger sur les motivations de son attrait soudain pour la presse régionale d’outre-mer. En fait, l’opération ne va pas coûter cher au patron de Free : le financement de son offre proviendra pour moitié de fonds publics et il ne devrait conserver que 126 salariés, dont 43 journalistes pour faire des quotidiens pour la Martinique, la Guadeloupe et la Guyane.

Niel, actionnaire du groupe du Monde, n’est donc pas le sauveur dont rêvaient les salariés. Les trois départements auront doit (pour combien de temps ?) à une information aseptisée et rabougrie. De qui se moquent Niel et ceux qui, à l’Elysée, à Matignon et à Bercy, l’ont sollicité ?

Geoffroy Roux de Bézieux, lui, révèle qu’il a envoyé un « petit mot à Jean-Michel Blanquer » au prétexte que « L’Éducation nationale annule les sorties scolaires, ce qu’on comprend parfaitement […] mais je pense qu’elle devrait payer une partie de ce qui est dû. »

Le président du MEDEF ne doute de rien, lui qui n’a pas de mots trop durs pour condamner le poids trop élevé des impôts.

Agnès Buzyn, elle, était ministre de la santé et a versé une larme en quittant son bureau après que Macron lui eut intimé l’ordre de se porter candidate à la mairie de Paris après les péripéties sexuelles et informatiques de Benjamin Griveaux.

Il faut préciser que, auparavant, la grande bourgeoise avait refusé cette mission impossible.

Mais elle se prête au jeu avec une avidité étonnante pour une candidate des travaux forcés. Pour donner le change, elle multiplie bourdes et mensonges, résultats d’une impréparation de l’impétrante. Et même Paris Match transformé en bulletin de propagande pour sa cause éprouve les pires difficultés à la rendre crédible.

Sur BFM Paris, elle aussi convoquée par le parti du président, Agnès Buzyn a osé déclarer :

« Si je suis maire, j’aiderai les hôpitaux parce qu’ils ont été insuffisamment aidés par la mairie de Paris, notamment en termes de logement des infirmières, ce sera ma priorité. »

Ian Brossat, adjoint au logement d’Anne Hidalgo, candidat dans le 20e arrondissement et porte-parole du Parti communiste, lui a répondu sèchement

« On atteint quel niveau de foutage de gueule, là ? Un an de grève, des milliers de démissions administratives, un ministère abandonné en rase campagne, et elle fait la leçon ? »

Un représentant de la Confédération nationale du logement (CNL) à la commission d’attribution de Paris Habitat, outré de la mauvaise foi de Buzyn, a ajouté :

« Nous attribuons une centaine de logements par séance. Parmi les bénéficiaires, il y a à chaque fois 5 à 6 agents des hôpitaux. Compte tenu de leurs horaires de travail décalés, ils font partie des dossiers sur lesquels nous sommes très vigilants. Pareil pour d’autres métiers, comme les éboueurs ou les auxiliaires de puériculture par exemple. »

Et Ian Brossat a même précisé que, depuis 2017, la mairie de Paris a réservé 500 logements sociaux aux personnels hospitaliers, en liaison avec le ministère. Agnès Buzyn ne pouvait pas ignorer ce qui n’est pas un détail.

Décidément, elle sera une aussi piètre élue municipale qu’elle fut une piètre ministre de la santé, précipitant la catastrophe de l’hôpital public.

Xavier Niel, Geoffroy Roux de Bézieux et Agnès Buzyn, dignes symboles d’une caste, celle des nantis sans scrupules. Culottés, très culottés.