Trois médecins, le professeur André Grimaldi (Pitié-Salpêtrière), l’hépatologue Anne Gervais Hasenknopf (Louis-Mourier à Colombes) et le cardiologue Olivier Milleron (Bichat-Claude Bernard) lancent un appel au secours dans une tribune publiée dans le Monde, sous le titre : ‘’L’hôpital public ne peut pas fonctionner comme une clinique privée qui choisit ses patients pour optimiser sa plomberie’’.
L’épidémie du coronavirus bouleverse tout, écrivent-ils, et « tout est fait pour faire face et c’est bien ».
Leur tribune dénonce la politique de santé poursuivie depuis de trop nombreuses années :
« La santé publique percute le concept de ‘’l’hôpital de flux’’, celui où pas un lit ne doit être libre car c’est du ‘’manque à gagner’’ à l’ère de la tarification à l’activité (T2A) (…) On découvre s’il en était besoin, l’aberration d’un financement de l’hôpital majoritairement par la tarification à l’activité : l’impossibilité d’avoir des taux d’occupation des lits à 100 % (…) Le nouveau coronavirus a le mérite de rappeler des évidences : on ne paie pas des pompiers simplement pour qu’ils aillent au feu, on les souhaite présents et prêts dans leur caserne, même quand ils ne font que briquer leur camion en attendant la sirène. »
Les trois médecins dénoncent la situation devant laquelle ils vont se trouver avec des lits vides en prévision « d’un afflux éventuel de patients » et donc une baisse d’activité qui va pénaliser les hôpitaux publics en raison de la tarification à l’acte. Ils sont d’autant plus critiques que « le candidat Macron avait promis la fin du financement de l’hôpital public par la T2A, mais aucune proposition sérieuse alternative n’a été faite depuis trois ans. »
En la matière, les promesses ont été passées à la trappe ; le président des riches est pourtant au pied du mur et cette épidémie vient apporter une preuve supplémentaire, hélas, des choix ultralibéraux du président de la République. Les personnels hospitaliers (comme les pompiers d’ailleurs) sont en grève depuis plus d’un an sans être entendus. Emmanuel Macron, lui aussi, reste droit dans ses bottes ; il n’écoute pas les appels au secours des hospitaliers ; pis encore, en pleine crise, il a envoyé Agnès Buzyn en campagne à Paris.
La tribune des trois médecins est un énième appel au secours pour sauver l’hôpital public. Avec aussi peu de chance d’être entendu, malgré l’urgence vitale engendrée par l’épidémie. Car, au fond, comme ils l’ont constaté, « tout est fait pour faire face et tout est bien ». Quand le Covid-19 sera vaincu, l’hôpital public redeviendra l’hôpital de flux et sa tarification à l’acte.