L’épidémie de coronavirus a des effets inattendus chez ceux qui siègent à l’Elysée, à Matignon ou à Bercy. Emmanuel Macron veut « interroger le modèle de développement dans lequel s’est engagé notre monde depuis des décennies et qui dévoile ses failles au grand jour, interroger les faiblesses de la démocratie. »

Bruno Le Maire a emboîté le pas au président et constaté que « il y aura dans l’histoire de l’économie mondiale un avant et un après coronavirus » ; il prône une révision de l’organisation de la mondialisation.

On pourrait croire à une conversion idéologique radicale, si on ne se rappelait pas que le président de la République d’aujourd’hui a été ministre de l’économie hier, qu’il a reçu encore récemment le patron de BlackRock à l’Elysée et le gratin des multinationales à Versailles, alors que toutes leurs productions ont été délocalisées en Chine et dans des pays à bas coût salarial, ou sous-traité leurs principales activités dans ces mêmes pays. 

Il est curieux de voir les dirigeants de la France découvrir tout à coup que 80 % des principes actifs des médicaments sont importés de Chine.

Il est encore plus curieux de voir le président qui casse le service public de santé rendre hommage aux personnels hospitaliers « engagés avec dévouement et efficacité », alors qu’il est resté sourd à leurs revendications (et à leurs grèves) depuis plus d’un an.

On peut s’étonner, aussi, de l’entendre évoquer les faiblesses de la démocratie quand il utilise le 49-3 pour faire adopter la réforme des retraites sans débat, humiliant l’Assemblée nationale.

Néanmoins, soyons rassurés, les entreprises seront mieux soutenues que les salariés : Macron a demandé au gouvernement de préparer un plan de relance français et européen, sans que le ruissellement soit assuré.

Alors, il ne peut pas être question d’union sacrée autour du président de la République. Les luttes sociales doivent se poursuivre et même s’intensifier dès l’éloignement de l’épidémie.

Plus le capitalisme apparaît incapable de répondre aux besoins de l’humanité, plus le changement de régime est à portée de bulletin de vote.