L’Humanité consacre son édition du jour à la lutte des femmes. Une très belle livraison, profondément révolutionnaire dans l’ensemble de son contenu.
D’autres glorifient la ‘’journée de la femme’’ (et retrouverons leurs accents machistes et retomberons dans le patriarcat, L’Humanité, elle, parle de la journée de lutte pour les droits des femmes. Nuance d’importance.
Du long et captivant entretien avec la philosophe Stéphanie Roza, chargée de recherche au CNRS, à propos de son livre ‘’La Gauche contre les Lumières ?’’ (Fayard, 208 pages, 18 euros), j’ai retenu ces quelques phrases, terribles et terrifiantes mais tellement justes :
« On assiste à une racialisation et une confessionnalisation du débat qui sont profondément délétères parce qu’elles nous font entrer dans une logique de confrontation. Toutes les idéologies de gauche se sont affaiblies ces dernières années. C’est la toile de fond que je décris dans mon livre. Or, au lieu de se rassembler pour trouver des solutions collectives, on se détruit mutuellement. Des jeunes qui ont envie de combattre toutes les oppressions, découvrent un champ de bataille où les gens s’insultent, où l’on est incapable de trancher les débats démocratiquement. Le féminisme intersectionnel est aussi un courant qui nous vient d’outre-Atlantique. Je ne connais pas suffisamment les Etats-Unis, mais certains militants estiment que la barrière des races est tellement importante que, dans un premier temps, organiser les Noirs à part se justifie. En France, il n’y a jamais eu de ségrégation légale sur notre sol. On a connu une autre configuration avec les colonies. Il y a du racisme, mais la barrière est moins hermétique. En France, séparer les gens en fonction de leur ethnie est donc une régression terrifiante. »
Que ceux qui ne veulent pas participer à une union à gauche pour combattre le macronisme (ils se reconnaîtront) lisent ces lignes et, surtout, en tirent les leçons qui s’imposent.
Que le président de la République, pourfendeur déclaré d’un séparatisme qui n’existe que dans son discours, lise la chute des réflexions de Stéphanie Roza.
Et la France pourrait s’en porter mieux. Les femmes en premier lieu.