Si les deux interventions d’Emmanuel Macron sur France 2 sont une idée de Frédéric Michel, son nouveau communiquant, le contenu des discours-fleuves du président de la République seraient du ‘’Sarkozy dans le texte’’. C’est ce que révèle un nouvel article du Monde sous la plume de Solenn de Royer.

Pour la journaliste, il n’y a rien d’étonnant à cela ; elle écrit que l’ex-président séchement remercié par les électeurs en 2012, « veut tenter de peser sur celui que certains se plaisent à décrire comme « chiraquisé ». Il a déjà pu mesurer son influence sur ce jeune président, en pleine crise des « gilets jaunes » : lors d’un tête-à-tête, il l’avait aidé à « remonter sur son cheval », selon un ami des deux hommes. Deux jours plus tard, M. Macron annonçait des heures supplémentaires sans charges sociales et défiscalisées, soit le grand retour du ‘’travailler plus pour gagner plus’’ ».

Solenn de Royer parle de ‘’copié-collé’’ à propos des phrases prononcées par Macron, « employant les mêmes mots, les mêmes gimmicks, et déclinant les mêmes obsessions ».

Quand Sarkozy croit « au parti de l’ordre, à celui qui récompense le travail et le mérite », la journaliste relève que Macron croit, lui, en « une France du travail et du mérite ». Puis, elle a remarqué que Macron a plaidé pour une « France forte », la défiscalisation des heures supplémentaires, le durcissement des règles « pour mieux lutter contre l’immigration illégale », pour la réforme de l’âge du départ à la retraite, autant de thèmes qui ont marqué le quinquennat de Sarkozy.

Pour Le Monde, « ces emprunts rhétoriques et idéologiques ne doivent rien au hasard. Selon nos informations, M. Sarkozy et M. Macron ont discrètement déjeuné mardi à l’Elysée, à la veille de l’intervention télévisée de ce dernier. »

Quand un président de la République aussi imbu de sa petite personne en est réduit à faire appel à un communicant sulfureux et à aller chercher l’inspiration de sa ligne politique chez un ex-président multi-poursuivi par la justice, c’est le signe d’un grand malaise. Macron n’est ni désorienté, ni ‘’chiraquisé’’, mais il se rapproche encore un peu plus de sa vraie famille, la droite dure, celle qui enrichit les plus riches et appauvrit les plus pauvres (et même les classes moyennes).

L’article du Monde, au fond, ne révèle rien ; il y a longtemps que je dénonce la politique de ce grand ambitieux aux idées courtes et puisées dans les bibliothèques des vieux réactionnaires de la droite éternelle. Néanmoins, il faut reconnaître que le moment est peu glorieux pour celui qui voulait réinventer la politique en bousculant l’ordre établi en prétendant n’être ni de droite, ni de gauche. Mais ce moment est chaque jour plus douloureux pour les classes laborieuses, quand les richesses de quelques-uns s’étalent outrageusement et les bénéfices des grands groupes battent des records.