Emmanuel Macron a des tics de langage ; il use et abuse de ‘’Et donc…’’ Ce tic est amplifié par la fatigue. Il mélange allègrement la conjonction donc avec l’adverbe donc, même s’il utilise le plus souvent la conjonction pour conclure un raisonnement, à la fin duquel ses propositions sont indiscutables et évidentes.
Son ‘’et donc…’’ est plus qu’un tic, c’est un trait de sa personnalité, l’affirmation que le président de la République autoritaire maîtrise tous les sujets et détient ‘’la’’ vérité. Comme le pape autrefois, il est infaillible. Du moins le croit-il !
Et donc, Macron parla pendant 75 minutes, pour la deuxième fois en deux semaines. Longuement, parfaitement relancé par une journaliste, Caroline Roux, peu pugnace. L’épouse de Laurent Solly partage beaucoup de valeurs avec Emmanuel Macron ; elle est au fond une de ces journalistes de connivence qui encombrent les chaînes de radio et de télévision et affichent leur parti pris, au détriment de l’éthique des journalistes.
Si Emmanuel Macron a pu nous gratifier d’un discours ponctué d’innombrables ‘’et donc’’, ce n’est pas par la volonté de France 2, mais par la volonté d’un homme, son nouveau communicant, Frédéric Michel. C’est Le Monde qui nous l’apprend grâce à un article plus digne du journalisme que celui de Caroline Roux.
Le titre intrigue : « Frédéric Michel, le monde des affaires à l’Elysée », car, avec Macron (et même avant lui), il y a longtemps que le monde des affaires a loué le palais présidentiel avec un bail emphytéotique de 99 ans reconductible.
On apprend dans les colonnes du quotidien vespéral (une pleine page) que Frédéric Michel est « l’ancien lobbyiste en chef des Murdoch » et que c’est lui qui est « à l’origine de l’interview télévisée d’Emmanuel Macron sur France 2. »
Frédéric Michel « était, il y a quelques semaines encore, l’associé du fonds de James Murdoch, Lupa Systems, qui investit dans l’art et les médias ».
Il a été recommandé à Macron par des hommes d’affaires comme Xavier Niel, son associé dans Mediawan Pierre-Antoine Capton ou encore Jean-Charles Tréhan, le patron des relations extérieures de LVMH, Matthieu Pigasse, etc.
Le Monde avoue que « politique, business, amitiés : avec Frédéric Michel, souvent tout se mêle ». On s’en serait douté. Le nouveau communicant a, paraît-il, expliqué : « Je suis là pour faire le legacy du président(traduction de legacy : héritage) (…) son ‘’chief adviser’’ » (conseiller en chef) », en toute modestie. Peu importe que notre homme ait quitté la France pour Londres depuis 1995, le lobbying n’a apparemment pas de frontière. Le quotidien nous apprend que « Sur son réseau LinkedIn, il annonce qu’il fera « [his] very best » pour aider le président Macron à mener ses réformes et à porter sa voix en Europe et au-delà. », mais aussi que « après l’interview d’Emmanuel Macron sur France 2, qui, le 12 octobre, a attiré 5,4 millions de téléspectateurs, Frédéric Michel textote à des journalistes qu’« il faut parler » du succès d’audience de « ce nouveau format à la “60 Minutes” », le show culte de CBS, dont il a « eu l’idée », ou encore que « A Rome, dimanche, il était absent de la visite officielle du chef de l’Etat au pape François, rendant le déplacement chaotique – au point que l’Association de la presse présidentielle a alerté mercredi l’Elysée, par mail. Sentant monter la fronde, Frédéric Michel, qui a le coup de fil facile avec les oligarques et les patrons de médias – ses partenaires d’hier –, avait déjà décroché son téléphone pour appeler l’un d’eux. Réflexe de lobbyiste. » En toute indépendance
Frédéric Michel, on l’a compris, ne manque pas de culot. Et donc, Macron parla.