La réélection de Lula à la présidence du Brésil est réconfortante, mais le résultat de Bolsonaro est inquiétant : plus de 50 millions de Brésiliens ont encore voté pour un imbécile qu’on ne peut comparer qu’à un autre imbécile, Donald Trump. La gouvernance du pays va être rude. D’autres résultats électoraux font monter l’inquiétude comme la victoire de Giorgia Meloni, promue première ministre d’un autre grand pays, l’Italie.

Comme cela est-il advenu ?

Chaque pays a ses particularités, certes, mais il faut remarquer qu’au Brésil, en Italie, comme auparavant aux Etats-Unis, les campagnes électorales ont été marquées par le poids grandissant des églises évangéliques ou des catholiques intégristes, de prétendus bien-pensants accusant leurs adversaires de sacrilège et de tous les péchés inventés par les fous de dieu, quel que soit leur dieu.

On a vu des Brésiliens, quasiment en transe, prier pour la réélection de Bolsonaro, comme les Américains évangélistes priant pour Trump. Le dieu des Israéliens ou des Iraniens déchaîne les mêmes outrances verbales et les mêmes rejets de l’athée ou de l’impie. Trop souvent ces outrances se transforment en actes barbares, au cri de ‘’Mort aux infidèles’’, avec des méthodes expéditives. La campagne de Bolsonaro a fait des victimes au seul prétexte qu’elles aspiraient à un monde meilleur, sans haine à l’encontre de l’autre.

Dans un climat délétère et dans un monde qui souffre des politiques économiques et sociales rétrogrades, on aimerait que les plus hautes autorités religieuses élèvent la voix pour condamner les inégalités, mais aussi et surtout les violences au nom de leur dieu, pour prôner la tolérance et apaiser les tensions mondiales. Partout, il faut faire reculer le politiquement correct et les manipulations des foules, dans des églises ou ailleurs. Partout, il faut redonner aux femmes le droit de disposer de leur corps, de s’affranchir d’un voile ou de choisir d’avoir ou non un enfant. Partout, il faut donner à manger aux pauvres et éduquer leurs enfants pour les sortir de la barbarie.

Ramener la paix sur terre ne consiste pas seulement à interdire l’utilisation de la bombe atomique ou à condamner les guerres ; la communion de tous les hommes suppose la condamnation des autodafés et de toutes les formes d’Inquisition.

Ramener la tranquillité dans les esprits suppose une information s’adressant à des citoyens en faisant le pari de l’intelligence plutôt qu’en attisant leurs émotions avec des faits dénaturés. En écrivant cela, je pense à un animateur de télévision, digne de Trump et de Bolsonaro, auquel Vincent Bolloré a donné carte blanche pour abêtir le peuple. Commes les évangélistes ont amené Trump et Bolsonaro au pouvoir, comme Bepe Grillo a facilité l’ascension de Giorgia Meloni, Hanouna prépare le règne de l’extrême droite en France, avec la bénédiction non pas de gourous évangélistes, mais du président de la République lui-même qui n’hésite pas à lui téléphoner en direct au cours de son émission.

Il suffit d’un rien (surtout s’il se répète) pour désorienter des citoyens, agressés en permanence par des questions de survie, de sécurité collective, de travail, de salaire, de logement, bref de tout ce qui fait la vie quotidienne. Les prêches des évangélistes ou les émissions telles que celles de Hanouna sont des bombes à retardement qu’une petite étincelle peut mettre à feu.