Je suis éberlué quand Emmanuel Macron, adepte de la méthode Coué, torture les chiffres pour se persuader, sans doute, qu’il pourra dérouler son grand œuvre de démolition de la France et d’abdication devant les dogmes ultralibéraux.

Hier soir, l’air grave mais toujours aussi imbu de sa petite personne, l’implacable président a donné une leçon de ‘’démocratie libérale’’.

Sa toute première phrase, assénée sans tremblement dans la voix, a résumé toute sa rhétorique : « Le 24 avril, vous m’avez renouvelé votre confiance en m’élisant Président de la République.  Vous l’avez fait sur le fondement d’un projet clair, et en me donnant une légitimité claire. »

Peu importe qu’il n’ait recueilli que 20 % des électeurs inscrits. Peu importe que le nombre de citoyens boudant les urnes gonfle régulièrement. Peu importe que le parti fasciste continue, lui, de s’implanter partout sur le territoire ; il s’assure ainsi de sa réélection.

S’il feint de ne pas ignorer la forte abstention aux législatives, mettant au jour des inquiétudes grandissantes dans le pays, il exprime une satisfaction déroutante et exclut d’avoir été désavoué : « Ces élections législatives ont fait de la majorité présidentielle la première force politique de l’Assemblée nationale. Toutefois, et c’est un fait nouveau, et comme dans la plupart des démocraties occidentales, qu’il s’agisse de l’Allemagne, de l’Italie, et de beaucoup d’autres, aucune force politique ne peut aujourd’hui faire les lois seule. »

Peu importe que les candidats d’Ensemble n’aient recueillis que 25,75 % des votants et peu importe que ces votants ne représentent pas 50 % des inscrits au 1er tour. Peu importe que le parti fasciste envoie un groupe tout sauf imprévu au Palais-Bourbon avec des élus en provenance de territoires jusque-là imperméables à sa xénophobie.

Nier la réalité est systématique chez Emmanuel Macron.

Il déclare souhaiter le dépassement politique et fustige les postures politiciennes ; il réclame une clarté sidérante à ses opposants : « Cela veut dire ne jamais perdre la cohérence du projet que vous avez choisi en avril dernier. »

Avec l’aplomb qui lui sied en permanence, il appelle au compromis mais pour appliquer son seul programme et il n’écarte pas des alliances de circonstances avec le parti fasciste.

Peu importe que les électeurs aient rejeté à deux reprises le programme présidentiel. Peu importe qu’il ait été renouvelé à l’Elysée par rejet de son adversaire, représentante du parti fasciste. Peu importe que les vrais opposants aient observé que leur programme de rupture (mais de progrès social) était largement partagé dans le pays, y compris parmi ceux qui ne votent pas.

La stratégie de Macron est perverse, il tente de renvoyer par avance tout blocage du processus législatif à ceux qui refuseront d’adopter, notamment, la retraite à 65 ans.

Emmanuel Macron ne laissera pas un souvenir impérissable dans la mémoire de la grande majorité des citoyens, mais il peut laisser la France aux mains du parti fasciste.

On n’ose y croire, mais lui est comme le préfet romain, Ponce Pilate : il s’en lave les mains !