Que se passe-t-il dans les couloirs de Radio France et plus particulièrement de France Inter ? Je m’en inquiète parce que, en premier lieu, c’est une chaîne de service public, puis en second lieu, si elle m’irrite parfois, elle reste la seule à proposer une écoute intelligente. 

Sa direction lâche chaque jour une information sur les contours de la prochaine grille de programme du matin, celle qui a permis au service public d’avoir la meilleure audience de toutes les radios.

Le 7/9 devient, paraît-il, le 7/9.30 ; les trente minutes supplémentaires seront animées par Sonia Devillers qui recevra « un grand témoin de l’époque ». On demande à voir, plutôt à écouter, pour constater si le service public glisse vers plus de pluralisme. Exit, donc, Augustin Trapenard et ses exceptionnelles rencontres de Boomerang.

On sait depuis quelques jours que Thomas Legrand abandonne l’éditorial politique de 7h40 ; après quatorze ans d’antenne, il sera remplacé par Yaël Goosz, le chef du service politique. Rien d’inquiétant donc. En revanche, on apprend que de nouvelles voix vont se voir confier des chroniques quotidiennes. Et c’est avec beaucoup d’appréhensions que nous prenons connaissance du nom des nouveaux élus : Dov Alfon, directeur du Libération, et Anne Rosencher, directrice de l’Express, ces deux journaux étant liés de près ou de loin à Patrick Drahi ; Hugo Clément, un (tout) petit Nicolas Hulot, ambitieux et exaspérant ; mais surtout, Guillaume Roquette, directeur de l’information du Figaro Magazine et ancien directeur de Valeurs actuelles. Un représentant de tout ce qu’il y a de plus réactionnaire dans la vieille France. 

On ne peut pas dire que Laurence Bloch laissera une radio digne du service public, pluraliste, à Adèle Van Reeth.

L’émotion me gagne quand j’apprends l’éviction de Charline Vanhoenacker et de sa chronique d’humour caustique quotidienne ! Elle se voit attribuer un billet hebdomadaire ; avant de disparaître de l’antenne ?

Les radios doivent évoluer, faire de la place à de nouveaux talents. Mais peut-on affirmer que Guillaume Roquette ou Mathieu Noël (recruté à Europe 1 pour remplacer la très politique Charline Vanhoenacker) apporteront un souffle nouveau, ouvert à toutes les opinions, à France Inter ?

Il est difficile de ne pas voir dans ces nombreux changements annoncés une reprise en main politique de France Inter, suscitée par l’ambitieuse Sybile Veil, qui était aux côtés de Nicolas Sarkozy en 2007, et étudiante sur les mêmes bancs de l’ENA qu’Emmanuel Macron ou Amélie Oudéa-Castéra, dans la promotion Léopold Sédar Senghor.

La Macronie a du mal à se renouveler après son cuisant échec des législatives ; le président renouvelé éprouve le besoin de tout surveiller d’encore plus près et de tenir toutes les rênes. Son jeu est dangereux pour les citoyens, qui ont compris, de toute évidence, les ressorts d’un pouvoir autoritaire (jupitérien ou vertical) et l’ont déjà sanctionné à deux reprises.

Le peuple est souverain, mais il semble que ce détail ait échappé à Emmanuel Macron.