Tout a été dit à propos des deux décisions prises par la Cour suprême des Etats-Unis, c’est-à-dire des juges nommés à vie (donc inamovibles et non élus). Il n’est pourtant pas inutile de revenir sur le contexte d’un recul historique de la démocratie.

La Cour suprême a un pouvoir exorbitant, y compris celui d’annuler un décret du président ; le Parlement a un fonctionnement étrange puisque, d’une part, un groupe minoritaire peut faire obstruction à un projet de loi en prolongeant le débat sans aucune limite de temps, et, d’autre part, l’adoption nécessite une majorité des deux tiers des élus.

Plus profondément, le système américain est soumis aux agissements des lobbies et, en politique, le plus influent est celui d’une minorité religieuse, les chrétiens évangélistes, majoritairement blancs et farouchement réactionnaires, suprémacistes, adeptes du patriarcat et donc antiféministes, pro-armes, etc.

Ils ont fourni les troupes les plus déterminées à Trump pour tenter de s’opposer à l’élection de Joe Biden et le renverser par un coup d’état.

Qu’est-ce que le pape François pense de la Christian Coalition ? On attend avec impatience sa prise de position, lui qui a démontré deux visages, le premier sympathique rappelant l’attachement de l’Eglise catholique à la lutte contre la pauvreté et à l’aide apportée aux exilés, l’autre, beaucoup moins souriant, se prononçant contre l’interruption volontaire de grossesse.

Mais, plus au fond, qu’est-ce que pense Dieu des suprémacistes blancs qui viennent de s’illustrer à la Cour suprême des Etats-Unis (mais aussi en Pologne ou en Hongrie, entre autres) ?

Si la réponse du pape est attendue (et sa condamnation espérée), on n’attend pas celle de Dieu, qui ne communique guère ni directement, ni par l’intermédiaire du pape qui n’ose plus avancer ni son infaillibilité, ni les prétendues preuves de l’existence de Dieu. Néanmoins, les paroles de Jésus ont été actées et, évidemment, elles ne viennent en aucun cas au secours des évangélistes américains pour justifier leurs actes démentiels, pour ne pas dire sataniques. Les dogmes bibliques viennent au contraire contredire ceux que les chrétiens intégristes des Etats-Unis ont imaginé pour satisfaire leurs revendications racistes et réactionnaires.

Dieu n’a condamné ni l’avortement, ni le port d’armes, malgré le respect de la vie, malgré le recours assumé au châtiment.

La Christian Coalition raconte des billevesées à une importante frange de le population crédule et désorientée. Contrairement à l’Europe où la foi catholique est sérieusement fragilisée, où les gens ne vont plus à la messe et s’éloignent des vocations pastorales, sauf peut-être en Pologne et dans quelques petits pays, les Etats-Unis ont vu croître les conversions à l’évangélisme militant, infiltrant le parti républicain.

La question demeure : qu’est-ce que le Dieu éternel pense de ses ouailles ? Pense-t-il que les femmes américaines méritent un tel châtiment de se voir privées du droit à l’avortement ? Pense-t-il que les enfants tués dans les écoles ou sur les campus par ces suprémacistes fous, surarmés, sont le prix à payer pour le salut de leurs âmes ?

Nous n’en saurons rien, mais la vie de tous les Américains est si perturbée qu’il est de la responsabilité des gouvernants de s‘opposer à ces fous de Dieu. Sans attendre la parole divine ou le châtiment !