Jean Rouaud vient d’adresser une longue lettre, par l’intermédiaire du Monde, à Emmanuel Macron ; il l’interpelle d’un tonitruant « Très cher Manu » et signe d’un sympathique mais trivial « Jeannot ». Est-ce un hasard, Jeannot, donc, s’adresse au « pion de dortoir »,à l’ancien élève de la Providence à Amiens, le jour où il descend de son trône de « parvenu dociles aux puissances d’argent »pour recevoir le titre de « premier et unique chanoine d’honneur de la Basilique majeure de Saint-Jean-de-Latran »(ouf !) à Rome.

Le président de la République française, laïque, reçoit ce titre, faut-il le préciser, par héritage des rois de France, Louis XI en 1482 et Henri IV en 1604 et remis à l’honneur par René Coty en 1957.

Le geste de Macron ne fait pas particulièrement jeune. Et il nous renvoie à cette remarque de Jean Rouaud : « Sémantiquement ‘’pognon’’ fait vieux, plus du tout utilisé, mais c’est sans doute voulu, puisque tout est passé au pesoir de votre propagande ».Oui, chanoine fait aussi vieux que pognon, mais après la révélation que la relation de l’Eglise catholique et de la République avait été abimée, il fallait bien aller à Rome recevoir le titre de chanoine. Par pure propagande.

Pas sûr, cependant, que ceux qui n’ont pas de pognon, de plus en plus nombreux, soient éblouis par ce voyage à Rome du premier de cordée devenu par miracle premier chanoine. Macron, toujours premier ou rien !

Les pauvres resteront pauvres, les illettrés resteront illettrés, les sans costards n’auront toujours pas les moyens de se payer un costard, les chômeurs resteront sans emploi (et bientôt sans indemnités), les retraités seront privés de pension de réversion et les paysans continueront de crever du glyphosate.

La bonté divine ne tombera pas sur les épaules de Macron en passant sous le narthex de Saint-Jean-de-Latran ! Dommage ; on aurait même pu se faire violence pour croire…