L’élimination de l’équipe d’Allemagne dès le premier tour de la Coupe du monde de football serait une « Katastrophe ». Les chaînes de télévision ont d’ailleurs montré de jeunes Allemands en larmes pour accréditer une telle ineptie.

Dans quel monde nous a-t-on entraîné ? Pourquoi faut-il toujours faire appel à l’émotion dans les journaux télévisés (mais pas qu’eux, hélas !). Peut-on raisonnablement comparer l’élimination de la « Nati » (la National Mannschaft) à la tragédie qui se déroule chaque jour en Méditerranée, en Libye, dans le Sahara, et ailleurs, où des centaines de réfugiés meurent, noyés, déshydratés ou assassinés, après avoir été malmenés et exploités par des réseaux de passeurs sans morale et sans pitié.

Le football, lui, n’est qu’un jeu qui devrait rester joyeux. Alors pourquoi lui donner tant d’importance ? Pour mieux masquer la veulerie de présidents et premiers ministres qui veulent ajouter des tourments aux réfugiés qu’ils rejettent ? Pour mieux étouffer toutes les solidarités qui se tissent quotidiennement autour de ceux qui crèvent dans des pays où les richesses sont pillées ?

Le football n’est qu’un jeu et doit le rester et un sélectionneur comme Michel Hidalgo, un parfait honnête homme celui-là, qui demandait à ses joueurs de se faire plaisir, lui endossant, seul, les critiques quand le résultat n’était pas au bout des 90 minutes de la rencontre, Michel Hidalgo donc n’existe plus. Les joueurs de football ne se font plus plaisir, ils « travaillent » et ils doivent absolument gagner. La défaite est interdite, sous peine de « Katastrophe ». Les « sponsors » guettent ; les financiers ont colonisé le sport, tout le sport, mais plus encore le football, et le dénaturent.

Le calcul l’a emporté sur la joie.

Les réfugiés, eux, ignorent la coupe du monde de Russie ; ils tentent de survivre quand des milliards sont en jeu sur les terrains (et, surtout, autour) de Moscou, Saint-Pétersbourg et ailleurs.