Prodigieux ! Les mots ne sont pas assez forts pour traduire le moment d’émerveillement qui m’a gagné devant la photo du trou noir de la galaxie M87 publiée hier.

L’intelligence humaine dans ce qu’elle a de meilleur avait prédit l’existence de trous noirs ; c’est Albert Einstein qui avait mis en équation cette prédiction en 1915 et il a fallu près d’un siècle à des centaines de scientifiques pour faire apparaître un cliché de ce qui, jusque là, n’était que théorie. Les continuateurs d’Einstein l’avaient ensuite détecté mais aussi modélisé grâce aux technologies numériques les plus avancées.

Alors, prodigieux est bien l’adjectif qui convient à ce moment pour qualifier le cliché du trou noir.

Les scientifiques ont expliqué comment cela est advenu, comment ils ont travaillé pour rechercher un signal commun à tous les téléscopes qui ont servi à recueillir les données, traduites ensuite en un cliché d’une extraordinaire qualité. Le nombre de données collectées par les huit téléscopes du programme mérite d’être cité : 4 petaoctets, soit 4 millions de milliards d’octets. Les chercheurs ont réussi à surmonter tous les obstacles.

Le même jour d’autres scientifiques, des paléoanthropologues, ont annoncé la découverte d’une nouvelle espèce humaine, baptisé Homo luzonensis ou homme de Callao dans une grotte de l’île de Luzon aux Philippines.

Nouvelle espèce humaine, en effet, car si l’Homo luzonensis se caractérise par sa bipédie permanente et l’augmentation de son volume cérébral, d’une part, et par son intelligence (il utilisait des outils), d’autre part, il est différent de l’Homo sapiens, de l’Homo erectus ou de l’Homo floresiensis.

Les scientifiques sont arrivés à leurs conclusions grâce à des études au moyen de scanners à rayons X pour observer, notamment la dentine, le tissu minéral de la dent. Etudes longues et délicates pour arriver à des conclusions fiables et, surtout, indiscutables pour lever tous les doutes.

Dans les deux cas, ce sont des collaborations internationales qui ont réussi à mettre au jour des avancées scientifiques majeures. La science, aujourd’hui, fait fi des frontières et des crises géopolitiques ; elle met en œuvre toutes les intelligences les plus élevées et fait régresser tous les préjugés conservateurs et toutes les croyances obscurantistes.

Il ne manquera pas de bonnes âmes pour critiquer tous les scientifiques qui ont fait avancer l’humanité. Assurément, les plans des créationnistes, des racistes et les arriérés, héritiers de ceux qui ont condamné Galilée, Giodano Bruno ou Darwin, sont bouleversés ; mais ils sauront trouver les arguments pour tenir de nouveaux discours pseudo-scientifiques insultants.

Aujourd’hui on ne brûle plus ceux qui étaient présentés comme des hérétiques, mais, à l’image de Trump (mais pas que lui, hélas), ils manifesteront leur mépris en rognant les crédits pour la recherche. C’est plus efficace que d’envoyer un seul représentant de la communauté scientifique sur le bûcher !