Michel Bouquet, immense acteur de théâtre et de cinéma, vient d’annoncer qu’il met un terme à sa carrière dans une interview à l’AFP.
Immense acteur par sa longévité, car, à 93 ans, il totalise 75 ans de carrière ; immense acteur par son talent, son professionnalisme et une humilité qu’il a traduite en une phrase : « J’ai fait mon bonhomme de chemin mais sans aucune prétention intellectuelle. », avant d’ajouter : « L’humilité est sacrée pour l’acteur. Je prépare un rôle pendant six mois et quand le moment de jouer arrive, je me fais tout petit et je me dis ’’J’ai fait ce que j’ai pu’’. » Quelle élégance M. Bouquet et quelle leçon à ces acteurs bouffis d’orgueil pour masquer leur suffisance et leurs insuffisances.
Il a avoué être fatigué et ajouté avec son air éternellement malicieux : « Il faut beaucoup de force pour parler avec des mots qui ne sont pas les siens, de rendre tout ça vrai. » Humilité, toujours, d’un acteur qui a magnifiquement servi tous les textes, les mots des autres.
Au moment de partir, il a été interrogé sur ses regrets, avouant n’en avoir aucun : « Je ne peux plus en avoir, puisque je les ai eus tous et ils ont été oubliés. »
Michel Bouquet s’en va donc, mais il restera comme l’exemple de ce que le théâtre et le cinéma français avaient de meilleurs.
Chapeau bas, M. Bouquet.