Quand Emmanuel Macron martèle que ‘’nous sommes en guerre’’ et utilise le mot à maintes reprises, ce n’est pas le fruit du hasard. Parmi les nombreux conseillers des politiques, on trouve désormais des conseillers en éléments de langage aux responsabilités de plus en plus décisives : le choix des mots est destiné à influencer l’inconscient collectif et à endormir le peuple.

Toutes les petites phrases ou tous les mots, comme guerre, sont destinés à être repris en chœur par les journalistes. Pris séparément ou dans leur ensemble, ils disent tout des choix de gouvernement ; ils font système.

Emmanuel Macron est sur ses gardes et il contrôle de très près les éléments de langage élaborés par ses conseillers. Cela n’empêche pas les ratés ; Sibeth Ndiaye les accumule, à chaque prise de parole, bien que son attachée de presse ait également la fonction (officielle) de ‘’conseillère presse et éléments de langage’’.

Il ne suffit donc pas de maîtriser les mots pour faire avaler à ceux qui n’ont rien la pire politique antisociale qui soit.

La secrétaire d’Etat à l’économie, Agnès Pannier-Runacher, s’est exprimée sur franceinfo après avoir reçu les fameux éléments de langage dicté par l’Elysée. En toute logique on peut estimer qu’elle a exprimé la politique du pouvoir et la pensée du premier de cordée.

Or qu’a-t-elle dit ?

« Il faudra probablement travailler plus que nous ne l’avons fait avant (…) L’enjeu est de reprendre le travail plein pot (…) L’enjeu est de donner de l’oxygène aux entreprises pour qu’elles survivent et passent le cap, mais derrière, il faudra mettre les bouchées doubles pour créer de la richesse collective. »

Curieusement, ces éléments de langage ont été entendu et lu la veille ; à quelques mots près. Il suffit de se reporter au Figaro ou à Ouest-France pour savoir qui a utilisé les mêmes éléments de langage.

« Bon dieu ! Mais c’est… Bien sûr ! » Comme s’exclamait le commissaire Bourrel, le héros de la série ‘’Les cinq dernières minutes’’ de ma jeunesse : Agnès Pannier-Runacher a copié ses éléments de langage en lisant dans Le Figaro l’interview de Geoffroy Roux de Bézieux ! A moins, inversement, que ce ne soit le patron du MEDEF qui a copié les notes de l’Elysée.

Au fond, peu importe qui a copié qui ; le résultat est là : Emmanuel Macron et Geoffroy Roux de Bézieux sont synchrones, comme on dit. Ils partagent les mêmes valeurs, la même vision de la société et ils cultivent le même mépris pour les pauvres salariés. 

Faire payer les riches, réguler le marché, faire appel au peuple pour élaborer une politique pour le peuple ne sont pas dans leurs éléments de langage. Il faudrait être pervers (ou cynique) pour penser qu’il revient au peuple d’administrer le pouvoir. Pour Macron, Roux de Bézieux et Agnès Pannier-Runacher, qui ont fréquenté les meilleures écoles, le peuple les a choisi pour conduire une France soumise au marché.

S’il faut travailler plus, demain, après le confinement, c’est pour répondre aux lois du marché, au pouvoir économique et financier, le seul vrai pouvoir, celui qui se fout de la démocratie et du peuple.

Car, dans leurs éléments de langage, tout se résume en une formule simple : « There is no alternative ».