Le gouvernement a fermé les librairies. Mesure ridicule.

Le gouvernement (mais pas que lui) dénonce un supposé islamo-gauchisme. Argument honteux.

Le gouvernement confine les Français. Mesure trahissant une incapacité à répondre à la crise du coronavirus.

Les temps sont troublés et la lecture permet d’échapper au climat anxiogène entretenu par Emmanuel Macron et ses ministres. Lecture des quotidiens pour s’informer en évitant les chaînes de télévision abêtissantes ; lecture des livres pour cultiver son imaginaire, se cultiver pour débattre.

J’ai jugé utile de rassembler des extraits de textes engageant le débat sur les questions d’actualité parus en cette fin de semaine dans le Monde et dans la revue Progressistes.

« La laïcité n’est pas tout à fait une valeur. Les valeurs, c’est la liberté, l’égalité, la fraternité. C’est un principe d’organisation de la société et c’est un principe politique. Il repose sur trois piliers. Le premier est la liberté, de croire ou pas, de changer de religion, de pratiquer son culte. Le deuxième pilier, c’est la neutralité de l’Etat et des services publics. C’est le fait que la religion n’est pas au-dessus des lois civiles. Le troisième pilier est la citoyenneté. Nous sommes tous différents, d’origine, de sentiment d’appartenance, d’engagements… »

Interview de Jean-Louis Blanco, président de l’Observatoire de la laïcité, parue dans le Monde.

« Que le terme plaise ou non, il y a bien une islamophobie d’Etat en France, dès lors qu’un ministre de l’Intérieur déclare, à propos des «Auvergnats» bien sûr, que «quand il y en a un, ça va», et que « c’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes» [phrase prononcée par Brice Hortefeux en 2009], au cours d’un quinquennat qui institue un ministère de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale (…) Il y a bien une islamophobie d’Etat lorsque sa police pratique une discrimination certes illégale, mais systémique, à l’encontre d’une partie de la jeunesse assignée à ses origines supposées musulmanes (…) Il y a aussi une islamophobie capitaliste lorsque de grandes chaînes privées font preuve de tant de complaisance à l’égard de chroniqueurs dont la haine de l’islam est le fonds de commerce. »

Tribune de Jean-François Bayart, sociologue et professeur à l’Institut de hautes études internationales et du développement à Genève, parue dans le Monde.

« Le problème de notre pays c’est que le gouvernement Macron est engoncé dans une idéologie ultralibérale fanatique qui le conduit à ne pas anticiper, ne pas intervenir sur les outils économiques et se contenter de faire du marketing politique. Ce n’est pas de l’incompétence. C’est du dogmatisme.Le confinement est une mesure très archaïque. Comme on ne sait pas quoi faire d’autre, on fige le pays en espérant que ça fige le virus. C’est une mesure du moyen âge, qui peut se comprendre lorsqu’on est « surpris » en mars, que l’on ne dispose pas des plus élémentaires moyens matériels, et que l’hôpital est incapable de faire face à une épidémie massive. Le confinement est un désastre économique et social. Sa mise en œuvre une seconde fois me met personnellement très en colère. Et ce n’est pas la colère hypocrite du MEDEF dont les membres les plus éminents, en bons capitalistes sans morale, ont profité de la pandémie pour s’enrichir ou pour restructurer et délocaliser les industries. C’est la colère des milliers de pauvres qui vont se noyer dans des difficultés financières supplémentaires parce que perdre quelques euros de revenu est un drame pour eux. La colère des milliers de chômeurs supplémentaires et de tous ces jeunes qui débarquent sur le « marché » de l’emploi dans ce contexte. La colère des filières culturelles ou sportives qui meurent. La colère des salariés des « commerces non essentiels » qui sont abandonnés. La colère de la sécu exsangue parce que ses caisses sont prises pour un distributeur automatique par le gouvernement alors que les profits ne sont même pas égratignés. La colère pour les infirmières et les médecins qui servent de paillasson à leur ministère, comme les profs d’ailleurs. La colère des premiers de corvée à qui on promet une 2ème vague plus meurtrière que la 1ère. La colère pour nous tous

Tribune de Laurent Brun, secrétaire général de la CGT cheminots, parue dans la revue Progressistes.

Le lecteur pourra lire l’intégral de ces textes en se rendant sur les sites des publications. Ils sont passionnants.