La cacophonie au plus haut sommet de l’Etat n’échappe plus à personne ; crise mal gérée, communication défaillante. Tout s’éclaire malgré les volontés de dissimuler l’essentiel, à savoir les causes profondes de ces épidémies à répétition.

Aucun, du président de la République aux ministres en passant par le premier ministre et celui de la santé, ne veut reconnaître ses fautes et la faillite des choix politiques. Mais l’irresponsabilité de tous est engagée. Y compris celle de la Cour des comptes qui n’a cessé de réclamer des coupes drastiques dans les dépenses publiques. Y compris celle du directeur de l’AP-HP d’Île-de-France qui a accepté tous les plans de fermetures de lits, de réduction des budgets et tarification à l’acte.

Si nous sommes en guerre, l’état-major est furieusement absent et sera tenu pour responsable de la catastrophe annoncée. Heureusement, Sarkozy, Hollande et Macron n’ont pas pu balayer totalement les services publics dont ils vantent aujourd’hui le dévouement exemplaire.

Mais la cacophonie cesse subitement quand il s’agit de faire payer les salariés en annonçant par ordonnances que certaines dispositions du code du travail sont, à nouveau, rabotées au prétexte de l’état d’urgence sanitaire. Revenir à la semaine de 60 heures, réduire les libertés publiques et augmenter les contrôles policiers n’est pas admissible, n’est pas supportable. Le danger est trop grand d’une accoutumance.

Tous sont à l’unisson pour décréter que le confinement doit être renforcé et plus strict mais en précisant aussitôt que les salariés doivent aller travailler, malgré des transports publics réduits.

Gérald Darmanin et Muriel Pénicaud sont les plus féroces, assénant qu’il faut aller travailler pour sauver les entreprises et éviter les licenciements massifs de demain. Ils n’osent pas dire tout haut qu’ils font un nouveau cadeau aux patrons des grands groupes ; ils prennent prétexte de l’intérêt national quand ces grands groupes ont délocalisé !

Tous devront rendre des comptes ; déjà de nombreux citoyens ont déposé des plaintes ! 

La tâche sera rude, car la bête blessée rugit encore. La seule réponse à son incurie consistera à multiplier les solidarités pour lutter contre l’épidémie, mais aussi pour préparer le moment du jugement : c’est tous ensemble que nous devons les accuser de nous avoir mis en danger et tous ensemble que nous bâtirons une autre société.