Les journalistes du Parisien, de Paris Match, de Ouest-France et de France 3 Ile-de-France et France 3 Bourgogne-Franche-Comté viennent, en quelques jours, de s’indigner du traitement de l’information dans leurs rédactions respectives par voie de communiqués.

Le malaise est si profond qu’ils ont éprouvé le besoin de l’exprimer en mettant en cause leurs hiérarchies.

Pour les journalistes du Parisien, de Paris Match et de Ouest-France, ce sont les éditoriaux des directeurs de l’information après la condamnation de Nicolas Sarkozy pour corruption et trafic d’influence qui a provoqué leur indignation. Ceux du Parisien reprochent à Jean-Michel Salvator d’exprimer une opinion personnelle, ceux de Paris Match reprochent à Hervé Gattegno d’engager toute une rédaction et de faire du magazine un journal d’opinion. Quant à ceux de Ouest-France, ils reprochent à leur dirigeante, Jeanne Emmanuelle Hutin (fille de François Régis Hutin, le patron du quotidien décédé en 2017, et pompeusement nommée directrice de la recherche éditoriale) un traitement partisan. Et tous, ensemble, de rappeler les règles fondamentales de la presse d’information, le pluralisme et le respect de toutes les opinions. Unanimement, les directeurs de rédaction s’étaient offusqués de la sévérité de la peine infligée à l’ex-président de la République en blâment les juges.

Les journalistes de la rédaction de France 3 Ile-de-France dénoncent, eux, « l’épidémie de micros-trottoirs » ; « c’est devenu systématique, écrivent-ils, après chaque conférence de presse, annonce du gouvernement, déclaration de la mairie de Paris ou polémique (souvent imaginaire). » Leurs collègues de Bourgogne-Franche-Comté ont, eux, dénoncé l’intervention du préfet de Haute-Saône pour les contraindre à suivre le déplacement de Bruno Le Maire à Vesoul et à inviter le ministre dans le journal télévisé.

Le réveil des rédactions est douloureux. Les journalistes découvrent l’utilisation de plus en plus partisane de leurs médias.

L’information est malade en France. C’est ce que j’analyse dans mon livre, ‘’Journalistes, brisez vos menottes de l’esprit’’, qui sortira dans les prochains jours et dans lequel j’appelle la profession, avec d’autres salariés et d’autres citoyens, à se libérer pour donner à lire, à entendre et à voir une information citoyenne. Mais vraiment citoyenne.