« La musique est pour moi ce qu’il y a de plus délicieux au monde » ; la phrase a été écrite par l’un des plus délicieux écrivains suisses de langue allemande. Pour moi aussi la musique est ce qu’il y a de plus délicieux. Il était donc fatal que son recueil de courts textes réunis sous le titre « Ce que je peux dire de mieux sur la musique » finisse dans ma bibliothèque.

Les éditions Zoé ont sélectionné une soixantaine de textes et poèmes délicieux (au risque assumé de la répétition), évidemment, qui nous emmènent dans le monde musical de Robert Walser, Mozart, bien sûr, mais aussi Rameau, Chopin, Paganini, Satie, à l’opéra ou sur les pas d’un accordéoniste ou d’un jeune joueur de luth.

La magie opère et Robert Walser nous enchante avec des mots justes et beaux, doux et émouvants. Les initiateurs du livre disent de Robert Walser qu’il était le ‘’plus doué des écouteurs’’ et que la musicalité de son style frappait déjà ses contemporains.

Je me replonge dans le livre après avoir écouté le concert du nouvel an à la Fenice sur Arte. Et je me reprends à goûter des moments délicieux (encore). Ceux de l’écoute et ceux de la lecture.

Je relis de très belles phrases dans un des textes de Walser, daté de 1901, intitulé Luth, où l’écrivain parle d’un jeune garçon qui joue de cet instrument avec grâce : « Le petit garçon est artiste, le souvenir est son instrument, la nuit, son espace, le rêve, son temps ; et les sons auxquels il donne vie sont ses ardents serviteurs, qui parlent de lui à toutes les oreilles ouvertes en ce monde. Je suis tout oreilles. Je ne suis plus que cela, une oreille indiciblement émue. »

Il y a donc encore de la place pour la beauté et l’émotion pure en ce monde si cruel !