La tequila est, paraît-il, très tendance parmi les riches. L’alcool d’agave, cultivée au Mexique, a perdu sa mauvaise réputation et, prétend L’Express, « au-delà des cocktails, elle se consomme de plus en plus pure, avec ou sans glace, et trouve sa place sur les tables et dans les clubs privés les plus prisés ». L’information ne pouvait pas être tue !

Que les riches s’arsouillent avec de la tequila ou avec d’autres boissons fortement alcoolisées, intéresse peu ceux qui n’ont rien à manger le midi, le soir et même le matin. Mais le Gotha, lui, ne doit rien ignorer des rites de son milieu.

De même, que quelques milliardaires s’affrontent pour contrôler le marché de la tequila est une information essentielle, en raison des répercussions politiques de ce combat de Titans.

Bernard Arnault, l’empereur mondial du luxe, a investi ce nouveau marché, qui, on s’en doute, sera juteux. Associé à une riche famille mexicaine, Gallardo, il a donc lancé la marque de tequila Volcan de Mi Tierra. Le patron de la co-entreprise, Julien Morel, un LVMH-boy a pu déclarer : « La tequila bénéficie d’une très forte croissance dans le monde, par le biais d’une premiumisation (sic) continue de son offre. Après un lancement réussi aux États-Unis et au Mexique, nous sommes ravis de proposer Volcan de Mi Tierra sur de nouveaux marchés, et démontrer ce que la tequila est capable d’offrir en termes de goût et de qualité. » Il doit être admis que les riches ont du goût !

L’autre grand groupe mondial des spiritueux, Bacardi, groupe familial fondé à Cuba, célèbre pour son rhum, mais aussi et surtout pour avoir commandité des tentatives d’assassinat de Fidel Castro et Che Guevarra, a racheté la marque Patron en 2018.

Aujourd’hui, Bacardi fait un pied de nez à Bernard Arnault en le devançant sur le terrain du super-luxe. La marque américaine vient de lancer sa Série 3, c’est-à-dire une vulgaire tequila, certes, mais dans une carafe d’exception façonnée à la main dans la cristallerie Lalique à Wingen-sur-Moder en Alsace. Edition limitée assurée à 299 exemplaires, au prix de 7440 euros.

Bernard Arnault est sans doute dépité de n’y avoir pas pensé. On attend sa réaction ; qu’un groupe américain puisse lui faire de l’ombre avec une bouteille en cristal français, façonnée en France, est insupportable.

Le diable s’habille en Lalique et le monde du luxe et des nuits chaudes en est tout tourneboulé.