Blog de Michel Diard

La Chouette qui hioque

Question sur le pouvoir

Il parle, il parle, il parle. Il fait comme si rien ne l’ébranlait. Il ne reconnaît aucune erreur, aucune faute. Il a toujours raison. Il n’a pas un mot de compassion pour les dizaines de milliers de salariés qui vont perdre leur emploi dans les jours et les mois qui viennent. Il fait semblant d’être encore le président de la République imbu de lui-même et de son savoir. Mais au regard des événements qui s’enchaînent à la vitesse de la lumière, se pose à nous la question de son pouvoir.

Il accumule les revers politiques et le dernier en date risque de gâcher la cérémonie de réouverture de Notre-Dame qu’il a voulu grandiose, avec invités de marque, show à l’américaine et un peu de religiosité avec force d’agités de la calotte. Des journées bling-bling que le pape a eu raison d’éviter.

Le dernier revers en date lui a été infligé par celle qu’il avait choisie pour être présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Il n’a pas réussi à apprivoiser cette mégère atlantiste, ultralibérale, d’une grande famille de la noblesse allemande. Elle a signé l’ignoble accord UE-Mercosur contre l’avis d’Emmanuel Macron. Quel affront !

Les nobles ont conservé cette propension à traiter le peuple avec dédain ; Ursula von des Leyen vient de faire preuve de morgue vis-à-vis d’un président qui se croyait l’égal de ces riches héritiers qui hantent encore les milieux politiques et économiques.

Renvoyé à son rang de simple valet du capitalisme hanséatique (d’où est issue la réactionnaire en chef de la Commission), Macron devra s’expliquer avec les agriculteurs.

Battu dans les urnes, à l’Assemblée nationale, dans l’opinion, à la Commission européenne, Emmanuel Macron n’en continue pas moins à tenter de faire exploser le Nouveau Front populaire en invitant le seul Parti socialiste à l’Elysée, au mépris des électeurs.

Il s’avère ainsi comme le petit soldat de l’inaltérable pouvoir économique et financier mondial. Quoi qu’il en coûte au peuple.

Avant de refermer ce billet, je voudrais livrer à Emmanuel Macron et à son ex-amie Ursula cette phrase écrite par l’un des plus grands écrivains portugais, Almeida Garrett :

« Je demande aux économistes politiques, aux moralistes, s’ils ont déjà calculé le nombre d’individus qu’il faut forcément condamner à la misère, à la démoralisation, à l’enfance, à l’ignorance crapuleuse, au malheur insurmontable, à la pénurie absolue, pour produire un riche ? »

Chronique d’une mort annoncée

La mort annoncée n’est pas celle de Michel Barnier, mais celle d’Emmanuel Macron et de son système. En sept ans de présidence, il a précipité la France dans le chaos : sa dette est abyssale, ceux qui ne devaient plus dormir dans la rue sont de plus en plus nombreux, les plans de licenciements se multiplient (alors qu’il prétend réindustrialiser le pays), les acquis sociaux sont en lambeaux, le système de santé publique est moribond, la recherche en berne, l’éducation nationale additionne les réductions d’effectifs, les taxis sont en colère, les agriculteurs aussi. Etc.

Bref, tout fout le camp. Et la colère gronde.

L’éminent énarque, imbu de sa personne, est, lui, droit dans ses bottes et il continue à s’admirer et à admirer son action. Comme Narcisse, il est devenu amoureux de son image ; celle que lui reflète son ex-professeur devenue son épouse, son Ernestine. Couple tragique, sourd à ce qui se passe dans le pays.

Sourd aussi à l’installation du RN comme arbitre des débats politiques alors qu’il n’a cessé de proclamer tout faire pour l’affaiblir.

Son entourage (et lui-même) crie au scandale après le vote de la censure de ‘’son’’ gouvernement ; il dénonce le chaos dans lequel ceux qui ont osé voter le renvoi de Barnier ont plongé le pays, en omettant de rappeler que c’est lui qui a dissout l’Assemblée nationale et refusé de nommer un premier ministre de gauche.

Devant autant de gâchis, on ne peut s’empêcher de penser que l’ENA n’est pas l’école d’excellence qu’on vante dans les beaux quartiers.

Enfin, ceux qui crient au loup ont-ils pris le temps de regarder le cours de la bourse (qui ne s’est pas effondrée contrairement aux affirmations de la droite) avant de se répandre dans les médias ? Ils auraient dû écouter les analystes, qui, pour une fois, ne disent pas des âneries : « Les actifs français ont été tellement dégradés qu’il y a aussi une chasse aux bonnes affaires. Cela reste une réaction de très court terme à interpréter de manière prudente. Il y a de rares moments où la réaction du marché aux nouvelles laisse perplexe. Aujourd’hui et cette semaine est l’un d’entre eux ».

La France est en plein chaos, depuis plus longtemps que cette folle journée du 4 décembre 2024. En revanche, les grands groupes se portent bien et leurs actions aussi, et c’est leur politique économique qui est sanctionnée. Comme celle de Macron, à leur écoute quand le peuple est méprisé.

S’il y a une mort annoncée, c’est celle d’un système à bout de souffle où seuls les dividendes comptent. Quand les citoyens en auront suffisamment pris conscience (cela demandera encore des années), ils célébreront les obsèques du capitalisme. Ce ne sera pas à Notre-Dame, ni en présence de Trump, Musk ou Macron. La cérémonie sera une grande fête, joyeuse, bariolée, chantante, dansante ; l’aube d’une nouvelle ère.

Rencontres

La vie est faite de rencontres et d’amitiés. Il se trouve, par hasard, que deux des plus grands écrivains italiens actuels, Silvia Avallone et Erri De Luca, ont publié deux formidables romans sur le même thème des rencontres à quelques années d’intervalle.

Silvia Avallone, elle, est fidèle à sa veine sociale. Le chemin d’un voleur de voitures croise celui d’un adolescent lui aussi délinquant. Erri De Luca, lui, est fidèle aux personnages à la marge. A la frontière italo-slovène, un vieillard solitaire qui vit sous la tente dans la montagne croise une jeune tsigane qui fuit le mariage arrangé.

Les deux courts romans sont d’authentiques chefs d’œuvres. L’écriture y est lumineuse et envoûtante ; les textes sont une profonde interrogation sur le sens de la vie, sur la vie quotidienne. Chacun s’insèrant dans un monde d’aujourd’hui, sans pitié, mais en brisant les codes. Chacun verra sa vie bouleversée par sa rencontre. Sans que les deux auteurs ne donnent de leçon de morale ; leurs personnages se rencontrent pour se séparer abruptement, laissant le lecteur imaginer une suite éventuelle.

On sort de ces deux romans à la fois émerveillés, mais plein d’interrogations sur la vie dans la société contemporaine.

Grandiose magie de la littérature.

Silvia Avallone, Le lynx (Liana Levi, piccolo, 60 pages) et Erri De Luca, Les règles du Mikado (Gallimard, 154 pages)

Les mots assassins

François Morel jongle avec les mots de belle manière. Il est souvent (pour ne pas dire toujours) d’une habileté féroce pour dénoncer la bêtise, l’arrogance, la vanité, l’obséquiosité, la flagornerie, la servilité. En quelques mots, en quelques phrases.

C’est pour cela qu’il a été engagé par France Inter pour une chronique hebdomadaire, le vendredi de quelques trois minutes.

Moment suave, exquis, délicieux, enchanteur. Tenez, vendredi, il a adressé une lettre à Edouard Philippe ; elle m’a tellement enthousiasmé que je ne résiste pas à l’envie folle de la relayer :

« Monsieur Edouard, monsieur Philippe, monsieur Édouard Philippe,

Depuis des années, dès que vous pouvez, vous ne ratez jamais une occasion pour défendre notamment les bienfaits de la lecture et la vie culturelle dans son ensemble qui embellit la vie en cherchant à lui donner du sens.

Dans une interview, vous parliez de la culture comme un « pilier d’une économie positive ». « La culture, disiez-vous est un investissement pour l’avenir. La culture nous bouscule aussi parfois, nous incite à tenter des choses nouvelles, à prendre des risques et accepter l’idée du changement. On a tendance à considérer l’art et la culture comme une dépense, on ne reconnait pas assez le poids économique qu’ils représentent. »

Monsieur Edouard, je dis « bravo ». Monsieur Philippe, je dis « respect ». Avec un discours pareil, on est presque étonné que vous n’ayez jamais été nommé Ministre de la Culture mais je plaisante, je sais bien qu’avoir le souci de la culture n’est surtout pas un critère pour obtenir ce poste.

Christelle Morançais, présidente du conseil régional des Pays de Loire et justement adhérente de votre parti Horizon vient de prendre des mesures qu’on ne lui demandait pas. Quand le gouvernement Barnier lui impose une ponction de 40 millions, Christelle Morançais promet d’aller en chercher 60 de plus l’an prochain. C’est une femme qui a de l’ambition. Pas pour la culture visiblement, mais pour elle. « C’est un effort inédit, soutient-elle, important, exigeant mais c’est un effort indispensable et salutaire. » Madame Morençais connait plein d’adjectifs. Moi aussi, même que j’en connais d’autres : excessif, inique, abusif, arbitraire, drastique, scélérat.

Le Chaînon manquant, la Folle journée de Nantes, le festival d’Anjou, le théâtre de la Fleuriaye de Carquefou, le festival de cinéma Premiers plans, la Maison de Julien Gracq, (enfin je ne peux pas citer toutes les compagnies théâtrales, tous les lieux culturels de la région Pays de Loire) vont connaitre des coupes violentes dans leurs budgets, possiblement fatales.

De nombreux acteurs de la vie culturelle des Pays de Loire ont justement protesté et madame Morançais s’est insurgée :

« La culture serait donc un monopole intouchable », pensant peut-être qu’un monopole dirige toutes ces entités diverses, éparpillées, autonomes qui font la richesse d’un territoire.

Monsieur Édouard, monsieur Philippe, maintenez-vous vos propos sur la culture ou Christelle Morançais dans votre parti ? Maintenir les deux est difficile. Vous avez déjà dû vous apercevoir que la politique du « en même temps » avait ses limites.

Puisqu’on a appris que vous aviez le 06 de Marine Le Pen, ne devriez-vous pas la contacter pour qu’elle prenne sous son giron madame Morançais et ses idées radicales ou au cas où désormais vous seriez d’accord avec madame Morançais de proposer à madame Le Pen une grande plateforme commune afin de détruire définitivement le réseau culturel du pays ?

Veuillez agréer monsieur Edouard, monsieur Philippe, etc., etc. »

Il est trop tôt pour dire si Christelle Morançais s’en relèvera. On ose espérer que non et que sa bêtise l’emportera dans les poubelles de l’histoire. Comme Rachida Dati égratignée au passage.

Merci, François Morel. N’hésitez pas à écrire encore et encore de si belles lettres. La situation vous en est donnée chaque jour, tant les politiciens de droite et d’extrême droite (qui n’en finissent pas de se rapprocher, contrairement aux parallèles) font assaut de stupidité. Les mots assassins leur font plus de mal que de grands discours.

Vanité de Bernard Arnault

Bernard Arnault, candidat à un siège de l’Académie des sciences morales et politiques, comme en 2020 (il avait été battu par Yvon Gattaz), quelle information ? Les Français s’en foutent des états d’âme et des envies somptuaires des ultra-riches; ils ont des soucis plus terre à terre comme les fins de mois, toutes les fins de mois.

L’homme est vaniteux, très vaniteux et, s’il l’emporte, son épée lui aura coûté cher en mécénat de toutes sortes aux autres académiciens. Il dilapide son fric au mépris de ses salariés.

Bernard Arnault est ultra-riche et ce ne sont sûrement pas les rémunérations et avantages de l’Académie qui l’ont poussé à se porter candidat. Non, j’y reviens ; l’homme Bernard Arnault est vaniteux. Très simplement, mais avec orgueil. Il l’a démontré en paraissant comme témoin au procès Squarcini d’infiltration du journal de François Ruffin en refusant de répondre aux questions de l’avocat du député de la Somme qu’il trouvait « débiles ».

Bernard Arnault est vaniteux et il devrait relire Antoine de Saint-Exupéry disant : « Les vaniteux n’entendent jamais que les louanges » ou plutôt Erasme qui écrit dans son ‘’Eloge de la folie’’ : « Moins ils ont de talent, plus ils ont d’orgueil, de vanité, d’arrogance. Tous ces fous trouvent cependant d’autres fous qui les applaudissent. »

La vanité de Bernard Arnault se mesure à la liste des invités pour sa remise de la Légion d’honneur à l’Elysée, Musk, Bolloré,Saadé, Sarkozy, Le Maire, Darmanin, Rachida Dati, Jeff Koons eu encore la reine Rania de Jordanie.

A quelques jours de son intronisation annoncée, Bernard Arnault a dû éructer en lisant ‘’son’’ journal, Les Echos. Un article du quotidien économique commente un rapport de la Cour des comptes et débute ainsi : « En 2017, le candidat Emmanuel Macron promettait un grand « plan Marshall de la réindustrialisation ». Sept ans plus tard, la Cour des comptes dresse un état des lieux du secteur déceptif : « le bilan des plans de soutien à la réindustrialisation […] qui se sont succédé de 2012 à 2022 est peu concluant. »

Bernard Arnault ne contrôlerait-il plus son journal et ses journalistes ? Peu concluant, c’est le moins qu’on puisse dire quand la CGT a dénombré des menaces sur environ 300 000 emplois dans les prochains mois. Le plan Marshall de Macron a fait pschitt et les Français s’enfoncent dans une crise sans précédent.

Bernard Arnault s’en moque ; lui, il vise les ultra-riches qui peuvent se payer ses produits de luxe.

Quand ce peuple de France qui souffre se lèvera-t-il pour aller confisquer les biens mal acquis de Bernard Arnault et ses semblables et les redistribuer à ceux qui ont faim et à tous les chômeurs. Pour ramener Bernard Arnault à la réalité cruelle où tout n’est pas vanité.

Quel scandale !

Est-ce encore possible de le tolérer ? La mort d’enfants à Gaza, en Ukraine, en Afrique, en Asie et, hélas, même en France !

La folie des hommes n’a pas de limites !

En France, les enfants ne meurent pas sous les bombes, mais sous les effets de la pauvreté.

C’est en substance ce que révèle, une nouvelle fois, un rapport de l’UNICEF, sous le titre ‘’Enfants et adolescents en souffrance’’. Il met en lumière « les privations, le déficit de protection et le rejet social ».

Adeline Hazan, présidente de l’UNICEF, dénonce les conditions dans lesquelles vivent de trop nombreux enfants en France : « Ces enfants ne peuvent pas grandir dans des conditions satisfaisantes. Ils ont droit à un avenir, et il est de notre devoir de leur offrir les moyens de le construire. »

Chaque jour qui passe, l’actualité nous apprend que des enfants scolarisés dorment dans la rue ou, au mieux, dans des écoles, grâce à la mobilisation de parents d’élèves. Que des familles sont expulsées de centres d’accueil quand elles sont déboutées du droit d’asile. Les politiques détournent les yeux pour ignorer les drames qui se jouent sous nos yeux.  

La situation ne cesse de se dégrader. Les associations humanitaires sont submergées et font des efforts incroyables pour venir en aide à des familles et aux enfants, pour leur donner à manger et leur apporter un mince rayon de soleil.

Le jeune président de la République avait promis, entre autres, que plus personne ne dormirait dans la rue. Quelques années plus tard, le nombre des exclus de la société et des pauvres ne cesse d’augmenter. Au mépris des droits humains les plus élémentaires.

Victor Hugo déclarait le 9 juillet 1849 à l’assemblée nationale : « Je suis de ceux qui pensent et qui affirment qu’on peut détruire la misère. Remarquez-le bien, messieurs, je ne dis pas diminuer, amoindrir, limiter, circonscrire, je dis détruire. Les législateurs et les gouvernants doivent y songer sans cesse ; car, en pareille matière, tant que le possible n’est pas fait, le devoir n’est pas rempli. La misère, messieurs, j’aborde ici le vif de la question, voulez-vous savoir jusqu’où elle est, la misère ? Voulez-vous savoir jusqu’où elle peut aller, jusqu’où elle va, je ne dis pas en Irlande, je ne dis pas au Moyen Âge, je dis en France, je dis à Paris, et au temps où nous vivons ? Voulez-vous des faits ? »

Qui osera reprendre à la tribune du Palais-Bourbon le plaidoyer de Victor Hugo :

« Je dis que la société doit dépenser toute sa force, toute sa sollicitude, toute son intelligence, toute sa volonté, pour que de telles choses ne soient pas ! Je dis que de tels faits, dans un pays civilisé, engagent la conscience de la société tout entière ; que je m’en sens, moi qui parle, complice et solidaire, et que de tels faits ne sont pas seulement des torts envers l’homme, que ce sont des crimes envers Dieu ! Vous n’avez rien fait, j’insiste sur ce point, tant que l’ordre matériel raffermi n’a point pour base l’ordre moral consolidé ! »

Au moment où le Parlement examine le budget du pays et rechigne à imposer davantage les ultra-riches, on apprend que le milliardaire Bernard Arnault a conclu un partenariat avec le musée d’Orsay et lui alloue 20 millions d’euros, largement défiscalisés à 90 %, contre des prêts d’œuvres pour son futur magasin des Champs-Elysées.

Les pauvres, enfants et adultes, peuvent crever, politiciens de l’ultra-droite et milliardaires, eux, arrangent leurs affaires.

Quel scandale !

Ils rêvent de Trump

Si Donald Trump observait ce qui se passe en France (simple supposition car le futur président des Etats-Unis est d’une bêtise insondable et tout à son America First), il s’esclafferait de rire.

Les femmes et les hommes politique (de droite) multiplient les déclarations pour le féliciter de son élection, en répétant qu’ils sont impatients de travailler avec leurs homologues américains pour importer son régime fascisant.

Les peuples tremblent mais ni les ultra-réactionnaires, ni les milliardaires. Trump les fait rêver.

Les milliardaires comme Bernard Arnault ou Bolloré invitent leurs journalistes à vanter le choix des Musk (efficacité gouvernementale), Kennedy (santé), Gaetz (justice), Hegseth (défense) qui mettront fonctionnaires, médecins, juges et militaires au pas.

Agnès Verdier-Molinié, la muse de l’ultra-libéralisme a choisi les Echos (le quotidien de Bernard Arnault où elle est chroniqueuse) pour dénoncer « nos très chers manifestants syndiqués de la fonction publique menaçant de nouveau d’arrêter nos services publics », appelant à la solidarité. Solidarité avec celui qui ose publier ses diatribes et qui dort sur un matelas en or quand les pauvres (et même des enfants) dorment dans la rue ? L’attaque contre les fonctionnaires est autant ridicule que la sortie de Nicolas Sarkozy à propos des enseignants.

D’autres profitent de leurs relations avec les milliardaires pour déblatérer sur les juges et appeler au respect de la démocratie. Comme Trump. Leurs turpitudes ne sont pourtant pas des inventions.

Rachida Dati, par exemple, sera jugée « recel d’abus de pouvoir et d’abus de confiance », « corruption et trafic d’influence passifs par personne investie d’un mandat électif public au sein d’une organisation internationale », en l’espèce le Parlement européen. Rien que ça.

Certes, jusqu’au jugement, l’ex-ministre de la justice a droit à la présomption d’innocence. Mais ressasser dans tous les médias que le réquisitoire du parquet national financier est infamant et choquant est osé. Et risqué. Une ex-ministre de la justice ne devrait pas dire ça. Les juges sont encore libres, plus qu’aux Etats-Unis.

Pour Marine Le Pen, c’est l’histoire de l’arroseur arrosé. Celle qui, selon le slogan du Front national, se présentait « Tête haute, mains propres », osait dire il y a peu encore : « Les Français n’en ont pas marre d’entendre parler des affaires, ils en ont marre qu’il y ait des affaires ! », ou « Nous, on ne pique pas dans la caisse (…) on ne vole pas l’argent des Français », ou encore « Respecter la démocratie, c’est ne pas voler l’argent des Français. »

Elle aussi sera jugée pour « abus de confiance », « recel d’abus de confiance », « escroquerie en bande organisée », « faux et usage de faux » et « travail dissimulé ».

Tout ce beau monde est rattrapé par la justice (pas par les juges). Comme Trump. Mais il n’est pas sûr qu’ils éviteront les condamnations que le président des Etats-Unis, lui, a les moyens d’éviter.

Trump fustige les médias et les journalistes ; en France, tous ces mis en examen s’épanchent dans les médias. Leurs petites phrases sont reprises à satiété et si cela ne suffit pas, ils s’invitent sur les grandes chaînes, comme a pu le faire Marine Le Pen sur TF1 pour dénoncer un procès politique. « Il est très inquiétant de constater que l’indépendance de la justice est battue en brèche dans l’espace médiatique et dans certaines paroles politiques », a pu amèrement regretter une magistrate. 

Le bon peuple est invité, lui, à regarder le marigot et ceux qui font la honte de la politique, à croire leurs mensonges et à continuer à voter pour eux, comme ces Américains ont voté puissamment pour Trump.

Le rêve de Valérie

L’ex-madone de Sainte-Marie de Neuilly et des Young Leaders de la French-American Foundation-France rêve après la victoire de Donald Trump et les annonces des noms de ses ‘’ministres’’.

C’est tout naturellement sur son compte X, le réseau social de celui qui est nommé à la tête du ‘’département d’Etat pour l’efficacité gouvernementale’’, que Valérie Pécresse dévoile son fantasme : « Un comité de la hache antibureaucratique, j’en ai rêvé et Elon Musk va le faire ! »

La droite la plus réactionnaire s’amuse à qui sera le plus provocateur, tout en dévoilant sa vraie nature.

Avant l’élection de Trump, l’énarque Valérie Pécresse était dans la retenue, après l’élection, elle se lache. Oublions la retenue et vive la jungle du marché ; fourbissons les armes jusque-là utilisées par la racaille des banlieues et les immigrés-voyous.

La jungle du marché, c’est ce que met en œuvre la présidente de région, en lançant cette semaine le démantèlement de la RATP, c’est-à-dire la privatisation des trois premiers lots de bus de la ‘’petite couronne’’ d’Île-de-France.

On est encore loin des délires du tandem Trump – Musk, mais l’aveu du contenu de son rêve, après ceux d’un autre utilisateur du réseau du milliardaire américain, Guillaume Kasbarian, ne laisse pas d’inquiéter.

Quand l’ultra-libéralisme va chercher son inspiration chez les fascistes outre-Atlantique, on ne doit pas mésestimer la menace de voir se concrétiser le rapprochement des Pécresse, Retailleau, Barnier et consorts avec Marin Le Pen et Marion Maréchal en 2027. Bolloré et Ciotti n’en croient pas leurs oreilles ; eux aussi rêvent du rassemblement facho-réactionnaires qu’ils pourraient bientôt bénir, sous les yeux goguenards de Trump et Musk.

Ces fous qui nous gouvernent

Donald Trump a trouvé plus fou, plus grossier et plus dangereux que lui. C’est hélas possible !

Aussitôt, il a nommé l’odieux personnage à la tête d’un ‘’département d’Etat pour l’efficacité gouvernementale’’ (sic) ; Elon Musk jubile et Trump (qui parle du ‘’grand Elon Musk’’) lui a fixé son programme : « Démanteler la bureaucratie gouvernementale, se débarrasser des réglementations excessives, réduire les dépenses qui représentent un gaspillage et restructurer les agences fédérales (…) Cela va envoyer des ondes de choc dans le système, et pour quiconque est impliqué dans le gaspillage gouvernemental, ce qui représente beaucoup de gens ». 

Elon Musk en a conclu que ce sera « à la fois extrêmement tragique et extrêmement divertissant », passant outre que son poste pose un grave problème de conflit d’intérêts. Sauf pour Trump et ses acolytes qui mettent en place un pouvoir ouvertement fasciste, se débarrassant de toutes les institutions permettant de laisser croire que le pays est démocratique.

Les Américains peuvent trembler en connaissance de cause, sachant ce que Musk a causé comme ravages dans l’entreprise quand il a racheté Twitter. Eriger le licenciement de milliers de fonctionnaires à la hauteur d’un divertissement suffit à classer le forcené parmi les dangers publics.

Les minces digues qui préservent ce qui reste de la démocratie vont tomber avec un département d’Etat dirigé par un aliéné, qui insulte tout le monde, comme Olaf Scholz traité de fou ou les juges italiens sommés de partir pour s’être opposés à l’expulsion d’immigrés vers l’Albanie.

Le plus terrifiant, c’est que Musk fait école ; le ministre français de la fonction publique Guillaume Kasbarian, non content de féliciter Musk pour sa promotion, a écrit sur X, le réseau social du milliardaire américain : « J’ai hâte de partager avec vous les meilleures pratiques pour faire face à la bureaucratie excessive, réduire les formalités administratives et repenser les organisations publiques au profit de l’efficacité des fonctionnaires. »

Le tropisme étatsunien des politiciens libéraux dans toute sa splendeur !

Pauvre démocratie

Faut-il être outrancier, grossier, inculte, méprisant, menteur pour être président d’un grand pays, élu démocratiquement ?

La question se pose après l’élection de Donald Trump, mais aussi après celles de Bolsonaro au Brésil, Modi en Inde, Milei en Argentine ; la question se pose aussi pour les premiers ministres, Meloni en Italie, Fico en Slovaquie, etc. Je ne parle pas de Poutine, ni de Xi Jinping par exemple, dont je considère qu’ils ne sont pas élus démocratiquement.

La France a eu, elle aussi, des dirigeants peu recommandables, comme Nicolas Sarkozy. Je n’ai jamais apprécié ce trublion qui a fait étalage des défauts cités plus haut à de multiples occasions et qui à coup de petites phrases tente de réapparaître dans l’actualité.

Il se veut dans l’air du temps en s’en prenant aux enseignants de façon odieuse : « On me dit ‘’il n’y a pas assez de fonctionnaires dans l’éducation nationale’’, mais c’est d’une démagogie invraisemblable. Le statut de professeur des écoles, (…) c’est 24 heures par semaine et six mois de l’année (…) Il y a des centaines de milliers d’enseignants compétents, dévoués et merveilleux. Et il y en a qui choisissent le boulot pour des mauvaises raisons. Nous n’avons pas les moyens d’avoir un million d’enseignants. »

Sarkozy, l’énervé, fait étalage de son ignorance (mais c’est lui qui fustigeait La Princesse de Clèves) et de sa bêtise insondable.

Alors que le gouvernement annonce la suppression de 4000 postes d’enseignants, Sarkozy vole à son secours ; il n’a pas eu le courage d’aller jusqu’au bout de sa pensée en annonçant vouloir la suppression de l’école obligatoire et l’augmentation des subventions à l’école privée pour les ultra-riches.

Nicolas Sarkozy, flanqué de sa dame-vitrine, fréquente, paraît-il, Emmanuel Macron et sa dame-ex-professeur. Ils échangent leurs idées au cours de ripailles gourmandes et ce n’est pas un bon signe pour le peuple de France.

La bourse ou la vie ?

La bourse de New York a salué le succès de Donald Trump par une hausse des cours, ne cachant pas la satisfaction des grandes entreprises comme celles d’Elon Musk ou de Jeff Bezos. En France, en revanche, le cours du CAC 40 a légèrement fléchi. Seulement fléchi, alors que la situation de la France est catastrophique. Pour autant, les boursicoteurs ne s’alarment pas. Les affaires des ultra-riches sont toujours aussi florissantes, quelle que soit la conjoncture. A New York, un analyste observait avec culot que le marché faisait une petite pause après un grand bond vers le haut. Tandis qu’à Paris, les innombrables annonces de plans de suppressions d’emplois ne produisent qu’un recul limité des cours.

La bourse n’a pas de cœur, cela se vérifie à nouveau. Mais elle vote à l’extrême droite !

Après la CGT qui a recensé plus de 180 plans dits sociaux, avec la perspective de 90 000 à 140 000 licenciements, c’est le Monde qui a recensé 52 214 procédures collectives ouvertes d’entreprises en difficulté depuis le début de l’année ; pour le quotidien vespéral, au total 150 000 emplois sont menacés. Il y a de quoi s’alarmer, sauf pour les gestionnaires de fonds. 

Le gouvernement, lui, ‘’joue petit bras’’ et annonce fièrement les investissements de trois groupes au Havre qui pourraient entraîner la création de quelques centaines d’emplois. De qui se moquent Barnier, Retailleau ou Migaud, l’ex-socialiste ?

Pendant que les salariés sont plongés dans l’angoisse du lendemain et de l’avenir de leurs enfants, les affaires continuent. Le numéro un mondial de gestion d’actifs, BlackRock, présent dans toutes les entreprises du CAC 40, gérait 10 646 milliards de dollars fin juin. Il ne sait plus où placer les sommes confiées par les ultra-riches à la recherche de dividendes quand les besoins de milliards d’hommes, de femmes et d’enfants ne sont plus assurés. Ce monstre de la finance, peu regardante sur ses méfaits, est en pourparlers avec un ‘’hedge fund’’, c’est-à-dire un fond spéculatif à gestion risquée pour dégager encore plus de profits, en investissant dans des sociétés pour réorganiser et licencier, avant de revendre. Autrement dit, ce hedge fund spécule sur le malheur des salariés.

Les négociations entre BlackRock et Millennium, donc, si elles devaient aboutir, seraient une nouvelle étape dans l’emprise de la finance sur l’économie mondiale et nos vies quotidiennes.

BlackRock, ainsi renforcé, pourrait revenir faire du lobbying auprès du gouvernement pour la création de fonds de retraite par capitalisation. Avec plus de chance de succès que lors de sa précédente opération avec le gouvernement d’Edouard Philippe.

Rien n’arrête les rois de la finance, qui dorment sur d’énormes matelas de dollars, quand le monde a faim, a soif et subit les conséquences du dérèglement climatique.

Les politiques ont abdiqué devant la finance, pour le plus grand malheur de peuples.

Quand remettra-t-on les choses à l’endroit ? Quand rétablirons-nous la démocratie ?

Morosité

Donald Trump a tout raflé au cours de l’élection présidentielle, y compris le vote populaire. Aujourd’hui, les électeurs de Kamala Harris ont la gueule de bois, tellement la défaite est lourde.

Le magazine de la gauche radicale américaine, Jacobin, a livré une analyse qui doit interpeller la gauche française. Il impute la défaite de la candidate démocrate, en premier lieu (mais pas seulement), à l’inflation et il écrit :

« L’Amérique a-t-elle vraiment élu un dictateur parce que les Frosted Flakes ont atteint 7,99 dollars à l’épicerie ? Relisez cette phrase et elle ne semble pas si absurde. Plus profondément, 2024 nous a enseigné une dure leçon : dans une société mondiale définie par la consommation plutôt que par la production, les électeurs détestent les augmentations de prix et sont prêts à punir les dirigeants qui les président. Au cours de la plus grande année électorale de l’histoire moderne, avec des milliards de votants dans le monde entier, les titulaires ont été battus à gauche, à droite et au centre : les conservateurs en Grande-Bretagne, Emmanuel Macron en France, le Congrès national africain en Afrique du Sud, le BJP de Narendra Modi en Inde, le kirchnerisme en Argentine l’automne dernier. Aujourd’hui, l’inflation post-pandémique, aggravée par les guerres en Ukraine et au Moyen-Orient, a coûté la tête à un autre gouvernement en place. »

La conjonction des résultats électoraux cités (il y en a d’autres qui ont été similaires) est inquiétante. Les politiques libérales et/ou sociales-démocrates portent une lourde responsabilité dans la montée des formations d’extrême droite. En privilégiant les ultra-riches et la finance et en refusant de gouverner pour le peuple, ils récoltent la tempête, laquelle épargnent les ultra-riches et la finance. Ces deux milieux de privilégiés n’hésitent pas à se tourner vers les fascistes quand leurs intérêts sont en jeu.   

Romain Huret, directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), interrogé par Télérama et l’Humanité, partage partiellement l’analyse de Jacobin. Mais, comme la gauche radicale américaine, il ne cache pas son inquiétude. Questionné sur l’éventuelle bascule des Etats-Unis dans le fascisme, il répond sans détour :

« Tout est structurellement prêt pour que cela advienne : les facteurs économiques, sociaux et militaires sont là. Un élément très important à avoir en tête est la militarisation du pays depuis le 11 Septembre. Non seulement le pays compte des millions de soldats et de vétérans, mais des pans entiers de la population sont liés au complexe militaro-industriel américain par leur travail ou leurs liens familiaux. Or une corrélation énorme existe entre cet ensemble et le vote Trump. De nombreuses lois d’exception justifiées par la lutte contre le terrorisme ont réduit les libertés. C’est dans ce cadre-là que s’installe le ‘’trumpisme’’, au sein duquel on retrouve par ailleurs le culte de la personnalité, l’anti-intellectualisme et les attaques contre la presse caractéristiques des figures du fascisme. C’est donc envisageable. L’un des garde-fous restants, c’est paradoxalement… l’armée. Les généraux américains n’aiment pas Donald Trump et sont très attachés à la république. Il est possible que le président ne parvienne pas à leur faire faire ce que bon lui semble. »

Les analyses de Jacobin et de Romain Huret ne portent pas à l’enthousiasme ; l’un et l’autre sont moroses. La gauche française saura-t-elle prendre en compte l’analyse du trumpisme ou sombrera-t-elle comme Kamala Harris ?

L’optimisme n’est pas de mise, aux Etats-Unis comme en Europe ! 

Résistance

Tout a été dit sur l’abominable Donald Trump : misogyne et homophobe, menteur, schizophrène, haineux, climatosceptique, protectionniste, anti-social, va-t-en-guerre, fasciste. Il accumule les défauts et on ne lui reconnaît aucune qualité. Qu’il ait remporté l’élection présidentielle en dit long sur l’état de la démocratie aux Etats-Unis.

Il a reçu aussitôt les félicitations de ses semblables, Benyamin Netanyahu, Viktor Orban et même d’Emmanuel Macron. Marine Le Pen et Eric Ciotti se sont également réjouis du résultat en des termes identiques à ceux de Bolsonaro, par exemple ; on en n’attendait pas moins.

L’un des directeurs des Echos, Dominique Seux, voit dans ce résultat une victoire de l’énergie vitale de Trump, « mais la clé est probablement la simplicité de son message, son énergie et le rejet réaffirmé des élites », autrement dit tout ce qui caractérise un authentique dictateur. Le journal de Bernard Arnault n’a pas osé aller jusqu’à employer le mot pour préserver ses intérêts outre-Atlantique.

Heureusement, d’autres quotidiens et d’autres journalistes ont la plume moins serve. Le Monde, par exemple, a remarqué que « Donald Trump a cessé de dénoncer des élections truquées au moment de la publication des premiers résultats ». Quant à la Tribune, elle s’émeut de voir « Trump, le pape du mensonge de retour à la Maison Blanche » et dénonce « une victoire qui est aussi celle des ‘’fake news’’, poison démocratique que Trump n’a cessé d’injecter dans les veines de l’Amérique ».

L’Humanité, elle, révèle une enquête de l’Observatoire des multinationales : « Des filiales de groupes français aux États-Unis, comme le géant de la pharmacie Sanofi ou Pernod-Ricard, ainsi que des filiales d’entreprises à capitaux publics comme Airbus, EDF, Engie et Thales, ont contribué financièrement à la campagne pour la présidentielle américaine, souvent en faveur du camp républicain. » L’auteur de l’enquête « a passé au crible les financements politiques des filiales de groupes français aux États-Unis, sur la base des données compilées par OpenSecrets, en se concentrant sur l’argent transitant par les « political action committees » (PACs). »

Assurément, ce scandale ne fera l’objet d’aucune reprise dans les grands médias.

La victoire de Trump va être banalisée et considérée comme un épisode supplémentaire dans les progrès de l’extrême droite dans de nombreux pays.

Les démocrates, eux, doivent s’alarmer et se préparer à la résistance et à l’unité pour éviter de voir la France tomber à son tour dans le camp des obscurantistes en 2027.

Le monde de Macron est fou

Fallait-il un sondage publié par Le Figaro pour savoir qu’Emmanuel Macron est impopulaire ? Le quotidien de la droite dure (et de la famille Dassault) aurait pu faire des économies et envoyer des journalistes sur le terrain pour mesurer le rejet de l’actuel président de la République.

Par exemple, devant les magasins Auchan où la famille Mulliez vient d’annoncer près de 2400 suppressions d’emplois. Ou à la porte des usines Michel de Cholet et de Vannes où les propriétaires viennent d’annoncer la fermeture avant 2026, envoyant 1254 salariés à France Travail (il faut oser renommer ainsi l’ANPE, ghetto des chômeurs !). Pour faire de tels reportages, il ne faut pas être au Figaro !

Les près de 4000 salariés qui vont être licenciés ne sont sans doute pas à ranger dans les Français qui soutiennent encore Macron, le premier de cordée.

Au lendemain de ses Etats généraux de l’industrie et de l’environnement, la CGT avait dressé une liste noire des plans de licenciement. De septembre 2023 à septembre 2024, l’organisation syndicale avait recensé une liste de 180 entreprises où 47272 emplois sont menacés ou supprimés (dont 21191 pour la seule industrie). Et chaque jour la liste s’allonge. Les Français n’en peuvent plus d’observer un pays en ruine.

La CGT a fait remarquer que « Ces premiers chiffres sont à mettre en rapport avec les annonces faites lors de l’édition 2024 de Choose France : « Les 15 milliards d’euros d’investissements permettront de créer ou maintenir plus de 10 000 emplois » selon Business France, concernant 56 projets. »

Les Français ne sont pas dupes ; le bilan économique et social de Macron est catastrophique : la dette de l’Etat a été cachée et aujourd’hui la vérité est explosive, le nombre de chômeurs explose lui aussi, les faillites n’ont jamais été aussi élevées (plus de 30 % en un an).

Le Figaro ne voudrait pas laisser croire que les salariés victimes de sa politique remercient Emmanuel Macron ! C’est un miracle que 17 % des Français lui fassent encore confiance ; à moins qu’il s’agisse des actionnaires des grands groupes, ceux qui, ne connaissant que l’emploi comme variable d’ajustement, encouragent les patrons à licencier pour faire grossir les profits dont ils seront les seuls bénéficiaires.

Tous les salariés ont des raisons d’être en colère ; ce n’est pas le nouveau gouvernement qui va les rassurer en mettant en œuvre une autre politique : les ministres de Barnier ont déjà annoncé que ceux qui auront encore la chance d’avoir un emploi devront travailler plus.

Les pleurs et les drames familiaux n’en finissent pas de miner la société.

Ce monde de droite est fou !

Macron, petit Thatcher !

Il est de ces économistes pas atterrés du tout ; lui pencherait plutôt du côté des thèses de Keynes. Mais il est de ceux qui, n’épousant pas les dogmes de l’ultra-libéralisme, ne sont jamais invités dans les grands médias.

Olivier Passet est directeur de la recherche du cabinet Xerfi et ses analyses sont souvent à contre-courant. Il avait écrit un billet en février dernier qu’il est bon de relire aujourd’hui :

« En 2015, The Economist pointait le fait que si un Français s’arrêtait de travailler le vendredi, il produirait encore plus qu’un salarié britannique. Et quelques rares économistes hétérodoxes américains, à l’instar de Joseph Stiglitz, voyaient même dans la France un modèle à imiter, la générosité de son système social étant consubstantielle de son efficacité productive. »

Puis, en quelques lignes, il faisait le procès de la politique des gouvernements successifs, qui se sont acharnés sur le statut social des salariés, entraînant une baisse de leur productivité :

« Paradoxalement, ce relâchement va de pair avec une réorientation de la politique économique en faveur des entreprises : baisse des charges d’intérêt, après 2008, facilité de la dette, baisse de la pression fiscale et sociale, et allégement du droit du travail. Un tournant en faveur de l’offre qui est mené avec constance depuis 2013. Or, nous sommes loin des attendus de ces politiques, selon lesquels, le surcroît d’investissement qui en résulterait boosterait l’efficacité productive. Au contraire, tout se passe comme si la plus forte aisance financière dont bénéficient les entreprises, avait relâché la garde en matière de rationalisation des organisations. La France s’inspire du modèle anglo-saxon et sa productivité « s’anglo-saxonise ». Plus d’emplois cadres non directement productifs, qui viennent épaissir les coûts fixes, plus de services externalisés à bas salaire et travail dégradé, et financiarisation des stratégies industrielles qui privilégie les effets de levier par la croissance externe au détriment du développement organique des entreprises. »

Olivier Passet (après Hollande), émule de Margaret Thatcher ? Tiens donc ! Pas très flatteur pour celui qui se prétendait ‘’ni de droite, ni de gauche’’. Thatcher, elle, avait la franchise de revendiquer une politique de droite dure.

En relisant Ovide

Ovide, le poète latin, a écrit, il y a plus de 2000 ans, un très long poème, Les Métamorphoses, dans lequel j’ai relevé dans le Livre 1 et le chapitre consacré au Déluge, ces quelques vers :

« Le genre humain périra sous les eaux, qui, de toutes les parties du ciel, tomberont en torrents sur la terre (…) Les moissons sont renversées, les espérances du laboureur détruites, et, dans un instant, périt le travail pénible de toute une année (…) Les fleuves franchissent leurs rivages et, débordant dans les campagnes, ils entraînent, ensemble confondus, les arbres et les troupeaux, les hommes et les maisons, les temples et les dieux. »

Ovide n’était pas un devin ; il s’est simplement inspiré des mythologies grecques et latines. Mais, en relisant ces vers, comment ne pas faire un rapprochement avec la situation météorologique actuelle et notamment avec la tragédie que vient de connaître la région de Valence. Hélas, après bien d’autres et avant d’autres, annoncées.

Les ouragans, les cyclones, les canicules, les changements climatiques, les pluies torrentielles et les inondations ne sont pas le fruit du hasard, mais le résultat de la folie des hommes. Et on ne peut qu’enrager en observant l’inaction des gouvernements, malgré les appels désespérés des scientifiques.

Entendra-t-on enfin Ovide ? Entendra-t-on enfin les scientifiques ? Et prendrons-nous enfin des distances avec les pollueurs et les profiteurs, trop souvent alliés ?

Les gros mensonges du RN

Une fois encore, le RN de Marine Le Pen a été pris en flagrant délit de mensonge à l’Assemblée nationale. C’est une tradition familiale, qui gangrène tout le corps social.

Sa proposition de loi pour ‘’restaurer un système de retraite plus juste’’ n’était qu’une manœuvre pour tenter de piéger la gauche et occuper le terrain ; son projet ne prévoyant aucune mesure de financement de sa réforme ne pouvait être soumis au vote des députés.

Le RN a néanmoins maintenu l’examen de son projet toute la journée pour rien, preuve, s’il en faut, qu’il s’agissait d’une vulgaire opération de communication. Ses députés ont ensuite insulté la gauche en prétendant que le Nouveau Front populaire est ‘’l’ennemi des travailleurs’’. C’est osé, grossier de la part d’un parti comme celui-là, toujours prompt à voler au secours des patrons et qui, il y a quelques années seulement, prônait le départ à la retraite à 65 ans et qui a proposé hier un autre projet de loi en vue « d’assouplir les conditions d’expulsion des étrangers constituant une menace grave pour l’ordre du public » en fin de séance.

Il faut retenir de cet épisode peu glorieux dans l’hémicycle de la représentation nationale, que le RN est prêt à tout dans sa campagne de ‘’lepénisation’’ des esprits et que, comme son père, Marine Le Pen a fait des gros mensonges son fond de commerce. Comme Trump aux Etats-Unis.

Les néofascistes de tous les pays utilisent, là où ils sont, les mêmes programmes de propagande les plus abjectes. Hélas, ils prospèrent dans de trop nombreux pays, grâce aux politiques ultra-libérales au service des ultra-riches, au détriment des peuples.

La démocratie est en grave danger. Comme pour le climat, il serait temps de s’en soucier et de redonner la parole aux peuples.

Oui, c’est un génocide

Amos Goldberg, historien et professeur à l’université hébraïque de Jérusalem, s’est dit révolté et traumatisé par l’attaque du Hamas le 7 octobre. Dans un entretien accordé au Monde, il dit : « Je comprenais bien le contexte de l’occupation, de l’apartheid [en Cisjordanie], du siège [de Gaza], mais, même si cela pouvait expliquer ce qu’il se passait, cela ne pouvait pas justifier de telles atrocités. Immédiatement après l’attaque, les bombardements israéliens massifs ont commencé et, en quelques semaines, des milliers de civils gazaouis sont morts. Et il n’y avait pas seulement les bombardements. Une rhétorique génocidaire est apparue et a dominé dans les médias, l’opinion publique et la sphère politique : « Nous devons les supprimer [les Palestiniens], ce sont des animaux humains » [Yoav Gallant, ministre de la défense, le 10 octobre 2023] ; « C’est toute une nation qui est responsable » [Isaac Herzog, président d’Israël, le 14 octobre 2023] ; « Nous devrions larguer une bombe nucléaire sur Gaza » [Amichai Eliyahu, ministre du patrimoine, le 5 novembre 2023] ; « C’est la Nakba de Gaza 2023 » [Avi Dichter, ministre de l’agriculture, le 11 novembre 2023, en référence audéplacement forcé et à l’expulsion de 700 000 Palestiniens, pendant la guerre de 1948, après la création d’Israël].Ces propos étaient tellement choquants que, pour cela non plus, je n’avais pas de mots. »

S’il reconnaît à Israël « le droit absolu de se défendre », il lutte néanmoins contre l’occupation et l’apartheid et il a pu écrire un texte en avril titré : « Oui, c’est un génocide ». Aujourd’hui, il ajoute : « Ce qui se passe à Gaza est un génocide, car Gaza n’existe plus. Le territoire a été totalement détruit. Le niveau et le rythme de tueries indiscriminées touchant un nombre énorme de personnes innocentes, y compris dans des lieux définis par Israël comme des zones sûres, la destruction de maisons, d’infrastructures, de presque tous les hôpitaux et universités, les déplacements de masse, la famine organisée, l’écrasement des élites et la déshumanisation étendue des Palestiniens dessinent l’image globale d’un génocide. »

Israël a franchi une étape supplémentaire hier : la Knesset a adopté un texte interdisant les activités de l’UNRWA sur son territoire. Cette étape supplémentaire, odieuse et répugnante, est la touche finale à l’épuration ethnique et au génocide.

Alors, oui, c’est un génocide car Gaza n’existe plus.

Gribouille

Michel Barnier est le Gribouille du XXIe siècle, ce triste personnage populaire qui se jette à l’eau pour éviter d’être mouillé par la pluie.

Michel Barnier est ce premier ministre qui a accepté le poste de premier ministre sans majorité et qui ne peut accumuler que déboires et revers.

Il cherche un petit milliard par ci, un deuxième par là ; tout en évitant de prendre de l’argent dans les poches de ceux qui en ont. Gribouille, donc, s’en prend aujourd’hui aux malheureux fonctionnaires qui ont l’audace de tomber malade. Il prétend leur prendre trois jours de carence (contre un seul aujourd’hui). Il laisse entendre que les professeurs, les pompiers, les gendarmes, les agents des douanes, les employés de mairie et de nombreux seraient des profiteurs, prétextant la maladie pour ne pas se rendre au travail. La mesure est avancée pour rétablir l’équilibre des finances publiques. De qui se moque Gribouille !

 Le projet est injurieux et digne des politiciens de droite méprisants pour les fonctionnaires.

Jordan Bardella, le président des fachos d’extrême droite, a applaudi ; Barnier a les supporters qu’il peut. Tous les Gribouille ont une imagination étroite, l’imagination de la classe des possédants.

Le maire écologiste de Grenoble, qui n’est pas Gribouille, a invité Barnier à travailler sur les raisons des accidents de travail et la cause des arrêts.

Barnier pense-t-il que les fonctionnaires seront assez bêtes pour avaler la pilule ?

Loose France

Si les jeunes générations ne connaissent pas l’histoire du terme popularisé par De Gaulle, la chienlit, qu’elles regardent l’état de la France. La cinquième puissance du monde se débat dans le désordre, l’anarchie, l’agitation au gouvernement, à l’Assemblée nationale, à l’Elysée (même si Macron parle beaucoup moins).

Alors, certains imaginent des bons mots ; j’ai particulièrement apprécié celui de Philippe Mabille, le directeur éditorial du quotidien économique La Tribune, qui a titré son billet de ce matin : ‘’De Choose France à Loose France’’.

Quand la France s’enlise et que le gouvernement Barnier cherche désespérément des milliards d’économies en faisant les poches des plus pauvres, l’expression de Mabille est plus élégante que les habituels ‘’tout fout le camp’’ ou ‘’rien ne va plus’’.

Les loosers sont au gouvernement, désemparés. A l’image de Rachida Dati, soi-disant ministre de la culture, dont le budget est en peau de chagrin (encore une expression toute faite !). Pour la candidate déclarée à la mairie de Paris « faire payer l’entrée de Notre-Dame, sauverait toutes les églises de France ». La pauvre Rachida parle trop vite, car en voulant bien faire, elle dit des âneries : la loi de 1905 interdit de faire payer l’entrée des lieux de culte !

En revanche, la ministre de la culture est restée muette en lisant un rapport de la Cour des comptes dénonçant l’augmentation du prix des billets pour l’Opéra. Pour les économistes de la rue Cambon, le prix moyen dépasse les 100 euros et les spectateurs sont les plus fortunés.

Si Rachida Dati n’a pas relevé ces ‘’détails’’, c’est que les directeurs de l’Opéra lui auraient aussitôt rétorqué que son ministère leur a annoncé une diminution de leur subvention de 6 millions d’euros qu’il faut bien compenser.

La culture populaire n’est pas le souci de Rachida Dati, ni de Barnier, ni de Macron. On le savait ; on en a la preuve. ‘’Loose France’’ se porte bien, merci. Et c’est la chienlit. 

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