Blog de Michel Diard

La Chouette qui hioque

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Les paroles d’Arafat

Alors que se tient l’assemblée générale de l’ONU, Israël continue à tuer en Palestine et désormais au Liban. Avec férocité et aveuglément. La situation est insupportable et doit cesser.

Mais pour des questions géostratégiques ou nationales, les prétendues grandes nations qui pourraient arrêter le bras assassin de Benyamin Netanyahu palabrent ; elles évitent ainsi de prendre les mesures qui devraient s’imposer à tous. Les mots sont autant d’écrans de fumée.

Le peuple palestinien, victime d’un génocide depuis des décennies, pleure ses innombrables morts, enfants, femmes et adultes, et voit se multiplier les ‘’colonies’’ en Cisjordanie au mépris de toutes les déclarations des Nations Unies.

Il y a cinquante ans, le 13 novembre 1974, Yasser Arafat, avait pu s’exprimer à l’assemblée générale. Ses paroles étaient fortes et intelligentes, :

« Si cette immigration des Juifs en Palestine avait eu pour but de leur permettre de vivre à nos côtés, en jouissant des mêmes droits et en ayant les mêmes devoirs, nous leur aurions ouvert les portes, dans la mesure où notre sol pouvait les accueillir. Tel a été le cas pour les milliers d’Arméniens et de Circassiens qui vivent parmi nous en tant que frères et citoyens bénéficiant des mêmes droits. Mais que le but de cette émigration soit d’usurper notre terre, de nous disperser et de faire de nous des citoyens de deuxième catégorie, c’est là une chose que nul ne peut raisonnablement exiger de nous. C’est pour cela que, dès le début, notre révolution n’a pas été motivée par des facteurs raciaux ou religieux. Elle n’a jamais été dirigée contre l’homme juif en tant que tel, mais contre le sionisme raciste et l’agression flagrante. »

Que cinquante ans plus tard, les Palestiniens se retournent vers les extrêmistes et les fous de dieu n’est guère surprenant. Même pour Netanyahu qui a largement contribué à l’expansion du Hezbollah et du Hamas pour tenter de justifier l’injustifiable, à savoir la ‘’grande Israël’’, la terre du peuple juif.

On en revient toujours, hélas, à la religion !

Vive la culture

Le ministère de la culture n’a pas changé de titulaire ; Rachida Dati a réussi à sauver son maroquin. Elle a fait preuve d’opiniatreté pour rester dans le bureau de la rue de Valois et obtenir un nouveau bail.

Pour combien de temps ?

Mise en examen pour « corruption passive par personne chargée d’un mandat électif dans une organisation internationale publique », « trafic d’influence passif d’agent d’une organisation internationale publique », « recel d’abus de pouvoir » et « recel d’abus de confiance » pour une sombre affaire de 900 000 euros d’honoraires (rien que ça) reçus par l’ex-députée européenne en sa qualité d’avocate de Renault-Nissan, alors présidé par Carlos Ghosn, la ministre bénéficie de la présomption d’innocence. 

Néanmoins, les magistrats ont remarqué que l’avocate Rachida Dati avait reçu cette coquette somme alors qu’elle était membre suppléante de la commission de l’industrie, de la recherche et de l’énergie et que les activités de lobbying sont intredites aux députés de Bruxelles.

Les procédures retardatrices de ses avocats ont été rejetées et le Parquet national financier doit rendre son réquisitoire dans les prochains jours ; un renvoi de Rachida Dati devant le tribunal correctionnel est évoqué.

Mais Rachida Dati est citée dans une autre affaire judiciaire, liée aux barbouzeries au sein de la présidence qatarie du club de football parisien, le PSG.

La situation de la ministre est délicate ; son ambition de briguer la mairie de Paris et son avenir gouvernemental sont en suspens. Celle qui fut aussi ministre de la justice le sait mieux que d’autres !

Le monde de la culture, qui observe les diminutions de son budget avec effarement, est de plus en plus inquiet. Peut-on faire abstraction de toutes ces « gamelles » judiciaires pour aborder et solutionner les innombrables dossiers sur son bureau ? 

La situation de Rachida Dati est précaire dans un gouvernement lui aussi à l’avenir précaire.

Le gouvernement porte-t-il si peu d’intérêt à la culture pour se satisfaire d’avoir choisi une ministre autant menacée ?

Vive la culture ne semble pas être le credo d’un gouvernement Barnier, tout entier entre les mains de la droite dure.

Choix politique

Le climat politique est lourd et le ciel n’est pas serein. Les conciliabules à l’Elysée ou à Matignon se déroulent à huis clos ; le peuple est tenu à l’écart et, pis encore, cocufié puisque ce sont les perdants qui se retrouvent à tenter de gouverner un pays à l’agonie, endetté, en perte de vitesse économique et industrielle.

Le prochain budget, pour 2025, traduction des choix politiques, est hérité du gouvernement Attal, préparé par un ministre de l’économie infatué, aveuglé par ses amitiés avec le grand patronat et peu respectueux des citoyens.

Les députés ont dû multiplier les coups d’éclat pour se voir remettre seulement un rapport provisoire, synthèses des lettres de plafonds de chaque ministère. Preuve s’il en faut que le futur gouvernement cultive autant le secret que le précédent pour taire au peuple ce qui l’attend, à savoir, austérité, casse accrue des services publics, autoritarisme, renforcement des lois répressives. Désormais, on connaît si bien le refrain que les électeurs ont voté plus massivement pour la gauche, pas suffisamment néanmoins pour inverser le cours des politiques libérales.

C’est dans ce contexte morose que la Défenseure des droits, Claire Hédon, a lancé un cri d’alarme : à la rentrée, plus de 27 000 élèves du second degré n’avaient aucune affectation et dix jours plus tard, ils étaient encore 13 831. Un scandale passé sous silence par les médias. Mais pas pour par Claire Hédon qui accuse :

« Cela contribue sans aucun doute à l’échec scolaire. Quand un élève arrive avec quinze jours ou un mois de retard, il part avec un handicap. D’autant que certains jeunes finissent par être scolarisés à une heure de chez eux, alors que des solutions autres existent. Ces temps de trajet participent à une inégalité des chances. »

La Défenseure des droits parle d’une « entorse grave au Code de l’éducation ».

Il ne s’agit hélas que d’un exemple des effets d’une politique, la casse des services publics et notamment de celui de l’éducation nationale. La situation est le résultat de la fermeture de classes, de lycées techniques, du manque de professeurs entraînant l’accroissement du nombre d’élèves par classe, etc. C’est le résultat de la politique libérale de Macron. Et avec le gouvernement Barnier, on s’attend à une aggaravation de la situation.

Les enfants de pauvres sont privés d’école, pas les gosses de riches qui, eux, sont dignement accueillis au collège Stanislas.

Retour au Moyen-Âge

L’absence de gouvernement est la pire crise politique, inédite, traversée par la France depuis 50 ans ; mais soyons rassurés, les affaires continuent.

Bernard Arnault, par exemple, n’arrête pas de faire son marché dans le prestigieux vignoble bourguignon, comme on l’a vu hier. Entre deux achats, le milliardaire doit néanmoins continuer à s’agiter pour que Michel Barnier constitue un gouvernement aux ordres des ultra-riches.  Désormais, il peut venir visiter son ami Emmanuel Macron avec une bonne bouteille de corton-charlemagne. Dans la conversation, il peut ainsi glisser au président de la République sa profonde aversion pour Lucie Castets et le programme du Nouveau Front populaire. L’aversion, est-il nécessaire de le préciser, est partagée par l’hôte de l’Elysée.

Dans le vignoble côte d’orien, en revanche, les vignerons font grise mine et laissent éclater leur colère. Thiébault Huber, vigneron à Meursault et président de la Confédération des appelations et des vignerons de Bourgogne (CAVB), s’inquiète pour les 32 000 hectares de vignes et les 4500 familles qui en tirent le meilleur. Et il ne cache pas sa colère : « C’est tout petit à l’échelle mondiale, mais on est réputé dans le monde entier. C’est le fruit de notre travail de qualité, avec un modèle familial qui marche, un respect du territoire, des rendements limités. Si on en vient à être détenus par 10 familles riches dans le monde, il y a un risque de standardisation. Mais qu’on continue ! Comme ça, tous les joyaux de la France appartiendront au club des ultra-riches du monde, on n’aura plus aucune exploitation familiale et on sera dans un système féodal. Retour au Moyen-Âge, avec les seigneurs qui possèdent les terres et les serfs qui bossent pour eux. »

Hélas, le vignoble bouguignon n’est pas la seule activité à connaître une telle évolution sous l’influence des ultre-riches et des fonds d’investissement.

Le vin perd son âme

On apprend aujourd’hui que le groupe du super-luxe de Bernard Arnault, LVMH, vient de racheter 1,3 hectares sur les 2 du Domaine Poisot à Aloxe-Corton pour 15,5 millions d’euros.

L’un des hommes les plus riches du monde vient de s’offrir trois grands crus du meilleur vin de bougogne, un blanc, le corton-charlemagne, et deux rouges, le corton-bressandes et le romanée-saint-vivant.

Déjà propriétaire des 8,66 hectares du Domaine des Lambrays à Morey-Saint-Denis, Bernard Arnault fait main basse sur les meilleurs vins ; le milliardaire signe des chèques sans s’inquiéter du nombre de zéros. Les petits vignerons (et même les plus grands) sont littéralement expulsés et subissent les caprices de ceux qui voient dans les grands crus une nouvelle source de profits.

Sur les coteaux, les petits propriétaires sont dépossédés de leur travail ancestral, faute de pouvoir suivre l’inflation du prix de l’hectare.

Charles Baudelaire a merveilleusement vanté ‘’L’âme du vin’’ :

« Un soir, l’âme du vin chantait dans les bouteilles : / « Homme, vers toi je pousse, ô cher déshérité, / Sous ma prison de verre et mes cires vermeilles, / Un chant plein de lumière et de fraternité ! / Je sais combien il faut, sur la colline en flamme, / De peine, de sueur et de soleil cuisant / Pour engendrer ma vie et pour me donner l’âme ».

Bernard Arnault se moque éperdument du travail ancestral du petit vigneron qui, en trimant durement, a engendré des grands crus. Aujourd’hui, le vin prestigieux est réservé aux premiers de cordée, aux ultra-riches, à ceux qui ne comptent pas et qui n’ont que mépris pour la fraternité et la sueur du vigneron.

Bernard Arnault n’est pas un poète comme Baudelaire. Juste un tiroir-caisse.

Ce n’est pas tellement glorieux ; amis lecteurs, vous en conviendrez.

Paris est une fête

Pour Macron et pour Le Maire, premiers de cordée. Mais pas pour tous les Français.

Je m’explique.

Le président de la République a voulu faire perdurer l’enthousiasme supposé du pays après les succès des Jeux olympiques et paralympiques. Il en a profité pour distribuer des breloques aux médaillés. Ainsi, il continue à glorifier les vainqueurs, oubliant au passage les autres participants qui n’ont pas eu la chance de terminer dans les trois premiers (ce qui n’enlève rien aux médaillés !).

La parade sur les Champs-Elysées pour faire oublier la pauvreté de nombreuses associations sportives dont les subventions ne permettront pas d’accueillir tous les jeunes (ou moins jeunes) qui affluent après les épreuves olympiques. La parade pour faire oublier la diminution du budget du ministère de la jeunesse et des sports. La parade pour faire oublier qu’il n’y a toujours pas de gouvernement. La parade pour faire oublier que l’élaboration du budget va réserver de mauvaises surprises aux plus pauvres. Les Jeux sont bien terminés, bonjour l’austérité.

Bruno Le Maire, lui, a osé réunir dans son ministère plusieurs centaines d’invités (tous de droite) pour leur dire : « Je pars. » Aux frais des contribuables.

Oser se glorifier d’une situation catastrophique que le ministre de l’économie et des finances laisse en héritage, quelle désinvolture, quelle impertinence ! 

On savait Bruno Le Maire imbu de sa personne, mais il a franchi une ligne rouge : il vient d’apporter la preuve qu’il se fiche des affaires publiques pourvu que ceux de sa caste soient préservés et puissent s’enrichir davantage.

Il part, Bruno Le Maire, mais pas n’importe où, en Suisse pour enseigner. Pauvres Suisses ! Il part, mais il a laissé entendre qu’il pourrait revenir.

Emmanuel Macron, Bruno Le Maire ont le goût de la fête et organisent des fêtes. Mais pas sans arrière-pensées.

Leurs fêtes sont autant d’injures adressées au peuple, pour qui chaque jour qui passe n’est pas une fête, mais trop souvent un cauchemar pour ceux, de plus en plus nombreux, qui se demandent ce qu’ils donneront à manger à leurs enfants.

Ernest Hemingway, reviens ; et montre-leur, à ces personnages peu reluisants, ce qu’est une fête, une vraie ! Une fête populaire comme celle de L’Humanité dont les chaînes de télévision de service public n’ont pas le temps de parler pour cause de parade sur les Champs-Elysées). Une fête où on partage de beaux moments de culture et de fraternité, mais où on débat aussi et où on parle du présent et de l’avenir. Avec pour horizon, les jours heureux.

Toujours plus odieux

On n’en finit pas de dénombrer les morts dans la bande de Gaza et l’odieux est chaque jour plus odieux.

Aujourd’hui, on apprend que 18 personnes ont été tuées dans une nouvelle frappe aérienne israélienne sur une école transformée en abri pour déplacés.

La justification est toujours la même : l’armée israélienne visait des terroristes du Hamas.

L’ONU s’émeut : parmi les morts on a dénombré des collaborateurs (deux ou six selon les sources) de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).

Le secrétaire général de l’ONU dénonce ces assassinats une nouvelle fois : « Ce qui se passe à Gaza est totalement inacceptable (…) Ces violations dramatiques du droit humanitaire international doivent cesser immédiatement. »

Antonio Gutteres n’est, hélas, pas entendu. La liste des morts s’allonge dramatiquement mais Netanyahu n’entend rien, pas même son peuple qui demande avec force le retour des otages. Ceux qui pourraient arêter son bras meurtrier ne font rien.

Tous sont responsables de ce génocide. Toujours plus odieux.

Eloge de la diversité

Les Jeux olympiques et paralympiques ont été incontestablement une réussite sportive. Grâce aux sportifs, non au CIO qui ne voit le sport que comme une machine à cash, bien relayée par France Télévisions qui a, trop souvent, favorisé le chauvinisme (en témoigne l’émission ridicule de Léa Salamé, Quels jeux !).

Les cérémonies de Thomas Jolly ont été à la hauteur de l’événement, intelligentes et grandioses à la fois.

L’homme de théâtre a donné une interview à Télérama, aussi clairvoyante que ses cérémonies. En voici quelques phrases qui confirment que l’homme est un vrai défenseur de la culture contre l’obscurantisme.

« Saisir dans chaque cérémonie ce grand « nous » qui nous constitue. S’adresser au plus grand nombre, sans exclure personne : mon obsession depuis que je fais du théâtre. C’est en affirmant nos différences respectives que naîtra en effet la fierté d’appartenir à une collectivité qui les respecte. Comme je le disais en jouant naïvement sur les mots dès la présentation de mon projet au CIO, en août 2022 : « Des Jeux, un nous. » Autrement dit : « Des je, un nous. » La pluralité crée de l’unité, c’est une leçon que j’ai tirée des JO : l’adhésion populaire qu’ils ont suscitée vient de là. « Grâce à votre cérémonie, je me suis enfin senti intégré », ou encore « grâce à votre spectacle, je me suis reconnu », ou « la soirée m’a fait pleurer, je suis fier d’être français ». J’ai reçu des milliers de messages. Cette fierté retrouvée m’a bouleversé, et donne sens à notre métier d’artiste : moins on exclut, mieux on rassemble en profondeur (…) Le succès de nos cérémonies a montré que le sentiment d’unité nationale ne renaîtra que si l’on pose d’emblée notre diversité et non une définition restrictive. Voyez la polémique déclenchée par la montée sur le podium de l’athlète voilée marathonienne néerlandaise Sifan Hassan. Sans prendre parti, je trouve bien que son sourire étincelant fasse réfléchir et participe à la circulation des idées. La violence commence quand s’arrête la pensée. »

Ces belles phrases sont à retenir et à brandir à chaque fois que la droite et l’extrême droite parlent d’exclusion et d’immigrés délinquants.

La trêve olympique est bien terminée et nous ramène à la dure réalité : nous n’avons toujours pas de gouvernement, même si nous avons un premier ministre. Et pas n’importe lequel, un politicien de faible envergure, réactionnaire et ultra-libéral.

La trêve nous ramène à une autre réalité. Alors que les Jeux paralympiques ont été une formidable tribune pour les handicapés, on ne doit pas oublier qu’en France, aujourd’hui encore, des enfants différents ou victimes de diverses maladies handicapantes ne peuvent toujours pas aller à l’école ou que des adultes ne trouvent pas d’emplois en raison de leur différence.

De quoi gâcher la fête, mais une raison de plus pour se mobiliser et faire bouger l’ordre établi par les Macron, Barnier et autres.

La prise de l’Elysée !

Eugène Labiche en aurait sans doute fait un nouvel épisode de son vaudeville, Embrassons-nous, Folleville ! Avec Emmanuel Macron dans le rôle du marquis Manicamp et Michel Barnier dans celui de Folleville et Bruno Le Maire en vicomte de Chatenay.

Labiche aurait pu situer l’action dans le parc de Montretout, avec Marine Le Pen comme maîtresse de cérémonie !

Aujourd’hui, c’est à l’Elysée et à Matignon que se déroule la fête, celle des retrouvailles de toutes les familles de la droite à l’extrême droite : Macron et Barnier y reçoivent tour à tour leurs copains Wauquiez, Retailleau, Larcher, toute cette vieille famille qui a décidé de pardonner à la famille Le Pen et de se réconcilier. Tous trinquent au bon tour qu’ils ont joué au peuple, à ceux qui n’ont rien, auxquels ils s’apprêtent encore une fois à faire les poches. Leur politique s’appelle toujours austérité.

Les dernières trouvailles sont contenues dans un rapport de l’Inspection générale des finances publiques (IGF) remis hier, juste avant la réception de Barnier par Attal pour la remise des clés. Les dépenses-maladie seraient trop importantes pour soigner les gueux et comme il faut combler la dette abyssale du pays, il a été demandé de trouver de nouvelles économies.

Les rapporteurs, bons élèves de l’ultra-libéralisme, n’ont pas fait preuve d’imagination : ils préconisent d’augmenter les franchises (pour ne pas dire diminution des remboursements) sur les dispositifs médicaux, les médicaments et les transports de patients. Plus répugnant encore, ils recommandent de réduire le nombre d’affections de longue durée (ALD) prises en charge ; sont notamment visés, le diabète, les insuffisances cardiaques, la maladie d’Alzheimer, les maladies psychiatriques et certains cancers.

La nomination de Barnier à Matignon ne laisse auccun doute, il prendra très vite en compte les recommandations du rapport de l’IGF pour satisfaire ses amis de droite et d’extrême droite. Il en sera de même pour les questions d’immigration, Marine Le Pen en a fait un préalable à la grande réconciliation.

La nomination de Michel Barnier n’est ni une erreur d’Emmanuel Macron, ni la résultante du résultat de la dissolution de l’Assemblée nationale, mais un choix politique assumé. L’ex-secrétaire général adjoint de François Hollande a enfin réuni sa vraie famille, en plein jour.

Le vaudeville Embrassons-nous, Folleville ! ne fait plus rire personne, sinon les nantis qui, défaits dans les urnes, osent encore défier les citoyens. Si la politique est réduite à une mauvaise pièce de théâtre, le peuple n’est pas obligé de payer pour assister à ce mauvais spectacle, mais plutôt de se mobiliser pour écrire la grande épopée de la Révolution en allant prendre non plus la Bastille mais l’Elysée.

Coïncidences très curieuses

La rentrée scolaire est au moins aussi catastrophique que la situation politique. Rien d’étonnant à cela, on mesure les résultats de la pensée d’Emmanuel Macron à ce chaos qui secoue une France qui s’enlise.

Le président de la République tente de détourner les esprits et de masquer ses responsabilités. Il est chaque jour davantage discrédité.

Il manque plus de 3000 enseignants devant les élèves ; les réformes (toujours plus incongrues que les précédentes) sont autant de catastrophes ; les étudiants font face à la crise du logement, à la hausse des prix et à Parcoursup ; les enfants handicapés éprouvent toujours autant de difficultés à trouver une place à l’école. Le vrai ministre de l’éducation est à l’Elysée et il a d’autres soucis.

Les médias font semblant de ne rien voir et les problèmes de la rentrée sont occultés par les Jeux paralympiques.

Eux qui sont friands de révélations et de scoops, ont passé sous silence la fuite de données confidentielles prouvant que les établissements privés disposent de meilleures conditions d’enseignement que le public. Seul franceinfo s’est fendu d’un article, dénonçant, au passage, que les dotations horaires ne relèvent pas des mêmes services : c’est la Direction générale de l’enseignement scolaire (DGESCO) qui distribuent les enveloppes pour le public ; le privé relève de la Direction des affaires financières (DAF). Judicieux magouillage pour mieux masquer les choix éminement politiques.

Le scandale éventé, il doit être étouffé au plus vite. C’est alors que sort un rapport de l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR) et de l’Inspection générale des finances (IGF), datant du mois d’avril. On peut y lire, entre autres :

« Les perspectives démographiques à court et moyen terme peuvent en effet justifier une réduction des moyens d’enseignement nécessaires, à politique éducative constante. Dans ce cadre, la mission a modélisé une rationalisation de la répartition des moyens de l’enseignement scolaire sur le territoire tenant compte des caractéristiques des écoles et des établissements. »

Les rapporteurs proposent alors des « méthodes d’optimisation de la répartition des moyens d’enseignement sur le territoire » et notamment « une réallocation des moyens au sein des établissements par identification et fermeture des classes à effectifs trop réduits par rapport aux taux d’encadrement constatés dans les établissements de même catégorie et dans la limite d’un plafond d’effectif pour les classes restantes. »

Fermer des classes comme seul remède à la crise de l’enseignement ? Ce n’est pas nouveau, mais les propositions des rapporteurs (qui n’ont pas rencontré un seul enseignant !) vont permettre de l’administrer à haute dose et de détourner les arguments de ceux qui dénoncent les trop généreux crédits accordés à l’école privée (essentiellement catholique).

Vivement la gauche !

Pour sauver la République !

Un président de la République arrogant, méprisant, se conduisant en autocrate, mais déboussolé, de plus en plus seul. La démocratie, déjà bien abîmée, est en décomposition.

Autour de lui, c’est la fuite, à l’image d’Edouard Philippe qui se déclare, déjà, candidat à la succession en 2027. L’ex-premier ministre se positionne au cas où Emmanuel Macron se verrait contraint de démissionner avant la fin de son second quinquennat.

Le gouvernement en sursis fait encore de la résistance et on découvre qu’il a publié plus de 1000 décrets depuis le 8 juillet. Mais s’il tente de s’intéresser aux affaires de la France, il dévoile le véritable état du pays : école en manque d’enseignants, déficit plus important qu’annoncé avant la dissolution, hôpitaux à l’agonie. Bref, le tableau est alarmant.

Les institutions sont malmenées par ceux qui ont pour tâche de les préserver. C’est dans un marasme très inquiétant qu’il est envisagé de repousser la communication du projet de budget au Parlement après la date du 1er octobre, fixée par la Constitution.

Bruno Le Maire s’en lave les mains, lui, qui, après avoir multiplié les cadeaux fiscaux aux grands groupes et aux ultra-riches, prétend néanmoins que la situation exige encore plus d’austérité. Macron, d’habitude plus disert, reste muet et feint d’ignorer la faillite de sa politique. Son ministre de l’économie, lui, a déjà retrouvé un emploi auprès de ceux qu’il a abreuvé de milliards et continuera à militer pour sabrer les acquis sociaux et appauvrir les services publics.

Les citoyens ouvrent les yeux et commencent à comprendre combien ils ont été bernés par celui qui prétendait moderniser la France. Ils le répudient et exigent un changement très radical de politique.

Ils ne veulent plus de la chienlit.

Il y a 154 ans exactement, le 4 septembre 1870, la foule envahissait le Palais Bourbon et exigeait la proclamation de la IIIe République à l’Hôtel de ville de Paris après la capitulation de Napoléon le petit à Sedan. Faudra-t-il que les Français, réitèrent la situation pour imposer la nomination à Matignon de Lucie Castets. Macron le petit a été défait lui aussi, non pas à Sedan, mais dans les urnes le 7 juillet. Ce n’est guère plus glorieux, mais l’issue à la crise mérite un même remède.

Pourquoi pas ?

Jour de rentrée

Un jour de rentrée scolaire comme les autres ? Non. Les retrouvailles avec les petits copains et les petites copines, avec les instituteurs et les professeurs pour apprendre, avidement, goulûment, être plus intelligent et, pour beaucoup, s’élever socialement, sont devenus un rêve.

Le ministère de l’éducation dite nationale estime qu’il manque 1350 enseignants dans le premier degré et 1575 dans le second. Le bilan est pire dans l’enseignement technique où le manque d’enseignants est vertigineux.

Les autres catégories de personnels sont également touchées par le naufrage de l’éduction nationale, symbolisé par le manque de considérations du président de la République et du gouvernement pour les services publics.

Les seules réponses à la crise profonde consistent en une série de gadgets (interdiction du téléphone portable ou expérimentation de l’uniforme). La belle affaire ! Ces ‘’grandes avancées’’ n’amèneront jamais l’enseignant manquant devant des classes surchargées. L’éducation nationale n’est plus une grande cause nationale quand tout est fait pour favoriser l’enseignement ségrégationniste des établissements privés, comme le scandaleux collège Stanislas.

Les ultra-riches ont leurs écoles, leur permettant de former (bien) leur descendance hors de la ‘’promiscuité’’ de l’école publique pour tous, de plus en plus enfermée dans des ghettos délabrés, en recherche de personnels, enseignants et autres, de moyens aussi.

Emmanuel Macron a alimenté les critiques justifiées et, aujourd’hui, il est urgent de changer la politique pour changer l’école (et tout le reste). Quel que soit le premier ministre adoubé, il restera un premier ministre aux ordres pour dispenser la même ligne politique ultralibérale. Et cela, le peuple n’en veut plus.

Henri Leclerc

Brillant avocat pénaliste, infatigable défenseur des libertés publiques, Henri Leclerc n’est plus. Les hommages sont particulièrement justifiés, tant l’homme était d’une grande qualité et d’une droiture sans faille.

A lui aussi, les journalistes lui doivent beaucoup.

L’ex-président de la Ligue des droits de l’homme (LDH) avait introduit les deuxièmes assises de la création salariée, en décembre 2003, organisées par la SCAM, sur le thème : « Le droit d’auteur, un droit de l’homme ».

Son intervention, fulgurante, s’appuyant sur l’article 27 de la Déclaration universelle des droits de l’homme (« Toute personne a le droit de prendre part à la vie culturelle, et chacun a droit à la protection des intérêts moraux et matériels découlant de toute production dont il est l’auteur. ») devrait être affichée dans toutes les rédactions et enseignée dans toutes les écoles de journalisme.

Henri Leclerc avait signé encore récemment un ‘’Appel aux Etats généraux de l’information : les attaques contre les journalistes doivent cesser’’.

Henri Leclerc mérite une reconnaissance infinie de la part de tous les journalistes.

Gentils enfants de la misère

Pour l’UNICEF et la Fédération des acteurs de la solidarité, plus de 2000 enfants dorment à la rue en France en 2024. Les deux institutions parlent d’une tragédie alarmante, dont le bilan est largement sous-évalué et d’une « violation flagrante des principes de la Convention internationale des droits de l’enfant ». Un rapport est toujours un peu froid ; celui-ci ne mâche pas ses mots.

Le directeur des études de la Fondation Abbé Pierre n’est pas étonné par les chiffres effroyables ainsi révélés ; il accuse sans retenue : « On est face à un gouvernement démissionnaire qui n’a pas fait grand-chose et qui n’a même pas fait semblant de faire quelque chose (…) Il faut agir sans attendre sur les situations les plus graves. Si vous débloquez 100 ou 200 millions d’euros, ça permet de faire en sorte que les enfants dont on parle soient hébergés. On parle de 2 000 enfants, la France a les moyens de le faire, tout est question de volonté politique. »

La situation n’est pas nouvelle, hélas. Rappelons-nous. En 1945, Eli Lotar et Jacques Prévert réalisaient un formidable court métrage, commande du maire communiste d’Aubervilliers. Il s’agissait de dénoncer les logements insalubres dans cette banlieue laborieuse, mais bien au-delà. Le film avait marqué les esprits des bonnes âmes de l’époque ; sans rien changer, hélas.

Ce film est resté dans les mémoires grâce à la très belle chanson de Jacques Prévert en forme de coup de gueule, mais d’une grande pudeur et de beaucoup de poésie. L’auteur des commentaires et scénariste, toujours prêt à voler au secours des démunis, avait frappé fort :

« Gentils enfants d’ Aubervilliers / Vous plongez la tête la première / Dans les eaux grasses de la misère / Où flottent les vieux morceaux de liège / Avec les pauvres vieux chats crevés / Mais votre jeunesse vous protège / Et vous êtes les privilégiés / D’un monde hostile et sans pitié / Le triste monde d’ Aubervilliers / Où sans cesse vos pères et mères / Ont toujours travaillé / Pour échapper à la misère / A la misère d’ Aubervilliers / A la misère du monde entier / Gentils enfants d’ Aubervilliers / Gentils enfants des prolétaires / Gentils enfants de la misère / Gentils enfants du monde entier / Gentils enfants d’ Aubervilliers / C’est les vacances et c’est l’été / Mais pour vous le bord de la mer / La Côte d’Azur et le Grand Air / C’est la poussière d’Aubervilliers / Et vous jetez sur le pavé / Les pauvres dés de la misère / Et de l’enfance désœuvrée / Et qui pourrait vous blâmer »

C’était en 1945, au sortir d’une guerre terrible. En 1924, la situation d’un pays dit développé, n’a pas changé ; le gouvernement a abandonné la politique du logement. S’arc-boute pour ne pas augmenter les salaires, soucieux, avant tout, de défaire les acquis du Conseil national de la Résistance.

Quand le président de la République préfère aller vendre 12 avions de mort pour près de 7 milliards d’euros à la Serbie, petit pays de moins de 7 millions d’habitants, pour le plus grand bonheur des actionnaires de Dassault, plutôt que de nommer un premier ministre de gauche, il affiche ses choix de classe.

« Je ne veux plus, d’ici à la fin de l’année, avoir des femmes et des hommes dans les rues, dans les bois ou perdus. C’est une question de dignité, c’est une question d’humanité et d’efficacité là aussi. » C’est ce que déclarait le tout nouveau président de la République le 27 juillet 2017 à Orléans. Aujourd’hui, l’UNICEF n’a pas osé rappeler son engagement à Macron.

Les gentils enfants de la misère, d’Aubervilliers et d’ailleurs, ne sont plus une priorité. Leur dignité non plus.

Le ouf de Seux

Dominique Seux, l’homme lige de Bernard Arnault, a poussé un ouf de soulagement aujourd’hui dans les colonnes des Echos. Je n’invente rien, c’est le titre de son billet : « Gouvernement : un ouf de soulagement ».

Il écrit : « Le pire est évité. C’est ce que les milieux économiques peuvent logiquement se dire après la décision d’Emmanuel Macron de refuser d’installer un gouvernement du Nouveau Front populaire (NFP) à Matignon. Exit Lucie Castets. Mais surtout exit un programme qui donnait de légitimes sueurs froides aux entreprises et à ceux qui connaissent l’économie. »

On appréciera la modestie du personnage qui se range du côté de ceux qui « connaissent l’économie », ce qui lui a valu de devenir éditorialiste chaque matin sur France Inter à une heure de grande écoute.

Avec un tel connaisseur, et une telle profondeur d’analyse, les patrons (et particulièrement Bernard Arnault, le roi du luxe) respirent en observant que Macron a opposé son veto à Lucie Castets et au programme de la gauche.

Dominique Seux est soulagé ; les Français qui ont voté contre l’accession de Marine Le Pen au pouvoir le sont moins.

Macron a besoin de s’attirer la bienveillance des députés d’extrême droite pour ne pas censurer une coalition de droite (Ensemble et Républicains) et ainsi maintenir et poursuivre sa politique antisociale, austéritaire et anti-immigration. C’est-à-dire tout ce que les électeurs ont sanctionné en juillet en éliminant de nombreux sortants macronistes et autant de sortants Républicains.

Coup de force ? Coup d’état ? Peu importe le qualificatif, la situation est grave et la riposte du peuple doit être à la hauteur du déni de Macron.

Dominique Seux, soulagé par la mise à l’écart de Lucie Castets, ne dit pas un mot d’une situation qui place le Rassemblement national en arbitre. Son patron est également soulagé et s’accommode de ce flirt de la droite avec le tandem Le Pen – Bardella, couple tragique. 

Tous, de Macron à Bernard Arnault, en passant par Attal et Ciotti, Dati et Wauquiez, Xavier Bertrand et Marine Le Pen montrent leur vrai visage, celui de la France réactionnaire, prête à toutes les compromissions pour sauver le libéralisme ravageur.

Le ouf de Seux en est le symbole.

Le vice et la vertu

Allah comme prétexte à l’obscurantisme ; la charia comme agent de la répression de la vingtaine de millions de femmes afghanes ; le Coran comme justification d’une loi de 114 pages pour « la prévention du vice et la promotion de la vertu ».

Les talibans osent tout pour légitimer un régime de terreur ; la charia n’est évoquée que dans un seul verset sur plus de 6600 dans le Coran et son acception intégriste ne se retrouve pas dans les textes révélés, c’est-à-dire que le code appelé aujourd’hui charia n’est qu’un construit récent et un instrument entre les mains des fondamentalistes politiques, variable d’un pays à l’autre. Ils se sentent investis d’une mission divine pour réécrire les textes fondamentaux de l’islam en détruisant les droits de la moitié des habitants de la terre. Au nom d’un prophète qui ne leur a rien demandé !

Si Allah existe, que doit-il penser des talibans ?

Les femmes afghanes n’ont plus le droit de chanter, de lire, de se parfumer, de se maquiller, doivent se voiler entièrement le corps en public en couvrant le visage pour éviter de tenter les hommes, ne peuvent plus se déplacer sans être accompagnées d’un homme avec lequel elles sont liées par le sang ou le mariage, ne peuvent plus étudier après 12 ans, etc.

Au nom d’un code promulgué par le chef suprême, Haibatullah Akhundzada, et rédigé par le « ministre de la promotion de la vertu et de la prévention du vice », Sheikh Muhammad Khalid Hanafi. Au nom de la haine des femmes, réduites à une forme d’esclavage, asservies à des barbus innommables.

Qu’on le veuille ou non, le Dieu que les hommes ont inventé, qu’il soit chrétien, juif ou musulman, est un problème. Il fait des hommes des ennemis irréductibles, alors que les civilisations chrétiennes, juives et musulmanes devraient s’allier pour la concorde universelle au lieu de nous en éloigner.

La prévention du vice et la promotion de la vertu ne se décrètent pas et ne se résolvent pas par des lois. Les talibans le savent, alors, pourquoi ?

Oracles

Les Etats-Unis ont eu leur oracle Donald, celui qui annonçait le bonheur retrouvé sur la terre US : « Make America Great again ».

La France aussi ; Emmanuel, qui, lui aussi, prédisait des jours heureux, si le bon peuple le suivait dans sa Révolution.

Les deux grands hommes pratiquent volontiers la divination, avec une connaissance de ce qui est bon pour le peuple et pour l’avenir.

Mais, Donald Trump et Emmanuel Macron sont assurément des usurpateurs ; leur idéologie s’inscrit dans une dérive totalitaire et réactionnaire, inégalitaire et liberticide, c’est-à-dire à l’opposé de ce qu’ils annoncent. Comme Merlin l’enchanteur, ils endorment le peuple en prétendant dicter ce qui est bien à la masse ignare, celle qui est incapable de traverser la rue pour trouver du travail, des citoyens qui ne sont rien et qui sont, pour beaucoup, illettrés.

A l’image de Trump, qu’il s’était empressé de rencontrer dès les lendemains de son élection, Emmanuel Macron a une haute idée de sa personne ; elle lui interdit de nommer une représentante du Nouveau Front populaire comme première ministre. Au nom de dogmes ultralibéraux qu’il sert avec persévérance. 

Le conflit est d’une intensité dramatique telle qu’on n’en avait jamais connu ; l’épisode est inédit. Mais Macron reste figé, sans s’apercevoir que la vie des citoyens qui ont du mal à boucler les fins de mois ne s’est pas mise entre parenthèses. La colère qui s’est traduite par le nombre de voix recueillies par les candidats du NFP, est toujours là.

Le peuple (ce n’est pas un gros mot !) veut faire de la politique autrement et il a trouvé en Lucie Castets une représentante qui a la tête bien faite et les idées claires. Il lui fait confiance pour mettre un terme à la crise économique, financière, politique, environnementale, éducative, énergétique, sociale, discriminatoire, xénophobe qui mine l’avenir.

Le capitalisme nous entraîne dans un désastre que Macron ne veut pas voir, ne veut pas combattre pour préserver les délinquants qui en ont tiré un bénéfice colossal.

Le peuple ne veut plus d’oracles mais des politiques, femmes et hommes, au seul service du bien commun.

Jeux interdits

Quand France 2 magnifie l’information ‘’people’’, elle consacre la totalité de ses journaux télévisés de dimanche à la disparition d’Alain Delon. Le chaîne publique récidive ce lundi. Alain Delon jusqu’à la nausée.

L’information permet d’éluder les centaines de morts de Gaza ou du conflit russo-ukrainien, les incendies de forêt dans l’Hérault, mais surtout le déni de démocratie d’Emmanuel Macron, peu pressé de nommer un nouveau gouvernement.

Les hiérarques du service public ont perdu la raison et surtout les principes professionnels concernant la hiérarchisation de l’information.

Heureusement, la presse écrite reste plus mesurée pour aborder le décès du très réactionnaire Alain Delon. Elle respecte encore ses lecteurs en réserve une place à la critique de la politique non moins réactionnaire du président de la République.

Le Monde consacre son éditorial à la crise institutionnelle, sous le titre « Emmanuel Macron doit cesser de jouer la montre », et écrit : « Pareille situation a des conséquences graves : sous prétexte d’expédier les affaires courantes, le gouvernement démissionnaire, dénué de toute légitimité, prend des décisions d’importance, comme la signature des ‘’lettres plafonds’’ préparatoires au budget 2025. Cette léthargie, inédite sous la Ve République, ne saurait perdurer. »

De son côté, L’Humanité fustige un président qui « n’est pas au-dessus de la Constitution, dont la raison d’être est de faire reculer l’absolutisme des pouvoirs ». Le quotidien du progrès dénonce « la méthode même choisie par Emmanuel Macron (qui) montre l’insincérité de sa démarche : le président n’a aucunement l’intention de s’en remettre au verdict des urnes, et travaille à une issue qui en est l’exact opposé. Une sorte d’alliance des battu de droite et du centre, ripolinée en coalition gagnante. »

Le président avait décrété la trêve olympique ; aujourd’hui, les médias à sa solde ont décrété un deuil national pour Alain Delon.

En multipliant les coups de force, Emmanuel Macron joue, certes, avec le feu, mais il s’agit d’un jeu dangereux auquel les citoyens ne sont pas contraints d’adhérer et adhèrent de moins en moins.

Alain Delon

C’était un homme profondément anticommuniste et il a fait du cinéma un peu par hasard. Il est devenu une star ou une icône, comme on veut. 

Il a fait quatre-vingts dix films, mais il doit tout à des cinéastes communistes. Luchino Visconti qui, en 1960, lui donne son premier grand rôle dans Rocco et ses frères en déclarant dans les Cahiers du cinéma : « Alain Delon est Rocco. Si on m’obligeait à prendre un autre acteur, je renoncerais à faire le film. J’ai écrit ce rôle pour lui, il est le personnage central de l’histoire ». Joseph Losey qui, en 1976, lui fait endosser le personnage de Monsieur Klein. Du grand cinéma d’auteur.

Entre les deux dates, René Clément (Plein soleil puis Paris brûle-t-il ?), Michelangelo Antonioni (L’éclipse), Henri Verneuil (Mélodie en sous-sol et Le clan des Siciliens), Robert Enrico (Les aventuriers), Jean-Pierre Melville (Le Samouraï et Le cercle rouge) et Jacques Deray (La piscine et Borsalino) ont su utiliser ses talents d’acteur.

L’homme était narcissique, parlant de lui à la troisième personne. A force de se regarder dans un miroir, il s’est perdu en répétant à l’envi : « Je m’appelle Alain Delon ». Son miroir renvoya une autre image, celle d’un homme boursouflé d’orgueil, ne doutant pas de lui. Il s’éloigna ostensiblement du cinéma qui l’avait fait. Comme Jean Gabin avant lui, Alain Delon a sombré en voulant jouer du Delon, moins grand que le précédent.

Proche de Jean-Marie Le Pen, il soutiendra aussi Giscard d’Estaing, Sarkozy, Raymond Barre et même Philippe de Villiers pour qui il fournit des prestations au Puy du Fou. Sa personnalité était détestable ; il finira par être naturalisé suisse. Le citoyen Delon s’est fourvoyé.

Alain Delon, l’acteur, a été brillant de 1960 à 1976 tant qu’il a été dirigé par de grands cinéastes. C’est ce qu’on retiendra de lui ; le reste est peu glorieux.

Il avait deux bébés

Caitlin Johnstone était une journaliste australienne. C’était hier ; elle a abandonné son métier au prétexte qu’elle s’est « vite rendue compte que travailler dans la grande presse équivaut à la resucée des dépêches de Reuters et d’Associated Press, à passer les plats des think-tanks et des communicants ». Alors, elle a ouvert un blog et écrit des livres ; son seul financement est la participation volontaire de ses lecteurs.

Caitlin Johnstone est une militante ; elle vient de publier un très beau texte, repris par l’excellent site du journaliste belge Michel Collon, Investig’Action. A mon tour de le publier en hommage aux victimes palestiniennes (ou d’ailleurs). 

« Il avait deux bébés. Des jumeaux. Aysal et Aser, un garçon et une fille.

Mohammad Abu Al Qumsan avait deux bébés et une femme aimante.

Aujourd’hui, il n’a plus personne.

Une frappe aérienne israélienne a tué ses deux bébés, ainsi que leur mère et leur grand-mère, alors qu’il était allé chercher leurs certificats de naissance.

Ils venaient de naître.

Une vidéo le montre en train de crier, de crier comme n’importe lequel d’entre nous crierait. Les cris d’un homme qui a soudainement perdu tout ce qu’un homme peut perdre. Les cris de Gaza.

Je trouve parfois étrange que nous ne criions pas tous comme cet homme, tout le temps, tant que nous partageons notre monde avec ce cauchemar. Parfois, j’en ai un peu envie.

Après l’auto-immolation d’Aaron Bushnell en signe de protestation contre ce génocide, je me souviens avoir lu quelqu’un écrire quelque chose comme « Je comprends d’autant plus l’homme qui s’est immolé que je ne comprends les gens de ma propre communauté qui font comme si de rien n’était ». Les cris d’Al Qumsan me rappellent ces mots aujourd’hui.

J’ai souvent l’impression qu’il relève de l’odieux sacrilège que notre civilisation ne se soit pas stoppée net alors que cela se produit jour après jour, mois après mois, avec le soutien inconditionnel de nos propres gouvernements occidentaux. Nous continuons à aller au cinéma et au restaurant, à rire et à plaisanter alors que des cris à glacer le sang retentissent à Gaza. On a l’impression de valser devant un camp d’extermination et d’essayer d’ignorer l’odeur de la fumée noire qui s’échappe des cheminées.

Nous avons l’air de fous. Nous sommes aussi fous que quelqu’un qui siffle et danse au milieu d’une maison en feu. Il serait certainement beaucoup plus sain de crier tout le temps que de suivre notre petit bonhomme de chemin comme si l’horreur n’existait pas.

Mais ce serait socialement inapproprié. Cela mettrait les gens mal à l’aise. Ici, dans cette civilisation dystopique, il est inconvenant d’en parler.

En Australie, l’orchestre symphonique de Melbourne (MSO) a annulé la représentation du célèbre pianiste Jayson Gillham. Il avait dédié un morceau aux journalistes tués à Gaza depuis un octobre – un bilan sans précédent. Le MSO a qualifié cette dédicace « d’intrusion d’opinions politiques personnelles dans ce qui aurait dû être une matinée consacrée à un programme d’œuvres pour piano solo », ajoutant que « le MSO comprend que ses remarques ont causé offense et désarroi et présente des excuses sincères ».

« Offense et désarroi ». Pour d’une dédicace à des journalistes assassinés. Dans une salle de concert.

Oubliez « l’offense et le désarroi » de Mohammad Abu Al Qumsan. Après tout, il n’a perdu que ses bébés, sa femme et sa belle-mère lors d’une frappe aérienne israélienne. Il n’a pas dû subir l’offense de quelqu’un évoquant les mauvaises actions d’Israël dans une salle raffinée de musique classique.

Oubliez Al Qumsan, et oubliez les deux millions de personnes qui, comme lui, poussent les mêmes cris et vivent le même cauchemar. Ce qui compte, c’est notre confort émotionnel et notre capacité à cloisonner psychologiquement nos convictions politiques dominantes pour les soustraire aux réalités de leurs conséquences.

Personne ne devrait s’immoler par le feu. Mais je peux comprendre pourquoi quelqu’un l’a fait.

Ici, dans cette fausse civilisation frauduleuse, nous ignorons les cris.

Nous ignorons les cris et nous allons dans les salles de concert, parés de nos plus belles robes et de nos plus beaux bijoux. Et nous exigeons des excuses si quelqu’un nous met mal à l’aise en raison de notre soutien à un État d’apartheid meurtrier qui mène actuellement un génocide.

Nous ignorons les cris tout en mourant lentement à l’intérieur, coupés de la vérité, de l’authenticité et d’une connexion sincère avec nos semblables.

Nous ignorons les cris tout en aspirant à la sincérité, comme un Palestinien piégé sous un immeuble détruit aspire à l’air libre et à une bouteille d’eau.

Nous ignorons les cris à l’extérieur de nous-mêmes. Et nous ignorons les cris en nous.

Mohammad Abu Al Qumsan, je suis avec toi ce soir.

Aaron Bushnell, je suis avec toi ce soir.

Je crie jusqu’à ce que ma voix s’éteigne.

Ce soir, je n’ai rien d’autre à offrir que ceci. »

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