Le profond mépris d’Emmanuel Macron envers les privés d’emploi s’était exprimé en septembre 2018 quand il avait lancé à un jeune horticulteur au chômage : « Je traverse la rue, je vous en trouve (…) Si vous êtes prêt et motivé, dans l’hôtellerie, les cafés, la restauration, dans le bâtiment, il n’y a pas un endroit où je vais où ils ne me disent pas qu’ils cherchent des gens (…) Ils veulent simplement des gens qui sont prêts à travailler. Avec les contraintes du métier. »

Pour le président de la République (et toute la droite) les chômeurs sont des fainéants, des assistés qui se complaisent à vivre avec le RSA. C’est l’argument ressassé par toutes les droites jusqu’à la nausée !

Un pas a été franchi pour mettre un terme à ce qu’ils appellent l’assistanat en multipliant les réformes de l’indemnisation des chômeurs. Alors qu’ils sont désavoués dans les urnes, les réactionnaires de tout poil ont osé aller encore plus loin en faisant signer un contrat d’engagement prévoyant 25 à 20 heures d’activité non rémunérée à tout bénéficiaire du RSA. Ils ont osé parler ‘’d’accompagnement rénové des allocataires’’. 

Mais nous sommes en France et, si la démocratie est en lambeaux, il reste encore des institutions pour veiller. C’est le cas de la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH) qui vient d’infliger un camouflet au président de la République et aux réactionnaires. Dans une déclaration adoptée le 19 décembre dernier à l’unanimité moins une abstention, elle conclut en termes solidement étayés que « l’obligation d’heures d’activité en contrepartie du RSA porte atteinte aux droits humains ». Rien que ça !

La commission (qui n’est que consultative, évidemment) parle de carence méthodologique, de faire courir aux chômeurs plusieurs risques aux droits des personnes ; elle rappelle le droit à une insertion sociale et professionnelle librement choisie et à des moyens convenables d’existence, fondé sur la reconnaissance de la dignité.

Les mots ont été pesés pour dénoncer « fermement tout dispositif qui subordonne le versement d’un revenu minimum de subsistance à la réalisation d’une contrepartie » et « une relégation inacceptable des droits humains derrière les priorités économiques dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques sociales ».

Les conseillers du président de la République n’ignorent rien de tout cela ; néanmoins Emmanuel Macron a promulgué la loi sans hésitation. Le Parlement est entouré de juristes avertis ; néanmoins, députés et sénateurs ont voté la loi, sans honte.

Et les médias, si prompts à dénoncer les atteintes aux droits de l’homme hors de France, ne se sont guère mobilisés pour commenter la déclaration de la commission des droits de l’Homme ici, en France.

Les droits de l’Homme ne sont sans doute pas les mêmes ici et ailleurs ?