L’actualité est désespérante. Que l’on évoque la situation à Gaza, en Ukraine, en Arménie, en Ethiopie, au Daghestan, en Afrique centrale, à Marseille avant une rencontre de football, un seul mot vient à l’esprit : horreur.
On se sent impuissant devant tant de désastres, alors même que tous ensemble, nous aurions la possibilité de tout arrêter et ainsi rendre la terre souriante et accueillante pour tous.
Malgré ce déferlement de violence la vie continue, avec ses joies et ses peurs.
Les joies ? Celle des joueurs de l’équipe de rugby d’Afrique du Sud appelée Springboks, qui a provoqué des scènes de liesse dans tout un pays. Celle du capitaine de l’équipe, Siya Kolisi, né dans un township de Port Elizabeth, d’une mère âgée de seulement 16 ans et d’un père encore à l’école lui aussi, qui a mesuré le chemin politique parcouru par l’ex-pays de l’apartheid.
Siya Kolisi affichait samedi un large sourire ; sa joie était immense. A la mesure du chemin parcouru par les Noirs dans le pays, lui qui est né en 1991 au moment où les dernières lois de ségrégation furent abolies, mais où la pratique du rugby restait réservée aux seuls Afrikaners blancs.
A l’issue de la coupe du monde disputée en France, il faut, hélas, constater que le rugby est, à son tour, gangréné par l’argent ; il s’enfonce dans le sport-business, multipliant les compétitions et les matches pour satisfaire les sponsors ; il devient également un spectacle de plus en plus féroce et dangereux.
Le rugby, sport d’évitement, est devenu un sport de combat avec un engagement physique outrancier (les joueurs sont de plus en plus grands et de plus en plus forts, frôlant tous les 100 kg). Les affrontements, violents, provoquent un nombre de blessures impressionnant. Le sang coule sur les terrains, malgré les nouvelles règles censées protéger les pratiquants de tous les chocs trop violents.
Le phénomène gagne tous les sports, mais le rugby s’apparente désormais aux combats de gladiateurs. Hélas. Il est à l’image de la société.
C’est pourquoi le rugby ne rendra pas l’actualité plus riante. Malgré les sourires des Springboks et de Siya Kolisi.