C’était un homme profondément anticommuniste et il a fait du cinéma un peu par hasard. Il est devenu une star ou une icône, comme on veut. 

Il a fait quatre-vingts dix films, mais il doit tout à des cinéastes communistes. Luchino Visconti qui, en 1960, lui donne son premier grand rôle dans Rocco et ses frères en déclarant dans les Cahiers du cinéma : « Alain Delon est Rocco. Si on m’obligeait à prendre un autre acteur, je renoncerais à faire le film. J’ai écrit ce rôle pour lui, il est le personnage central de l’histoire ». Joseph Losey qui, en 1976, lui fait endosser le personnage de Monsieur Klein. Du grand cinéma d’auteur.

Entre les deux dates, René Clément (Plein soleil puis Paris brûle-t-il ?), Michelangelo Antonioni (L’éclipse), Henri Verneuil (Mélodie en sous-sol et Le clan des Siciliens), Robert Enrico (Les aventuriers), Jean-Pierre Melville (Le Samouraï et Le cercle rouge) et Jacques Deray (La piscine et Borsalino) ont su utiliser ses talents d’acteur.

L’homme était narcissique, parlant de lui à la troisième personne. A force de se regarder dans un miroir, il s’est perdu en répétant à l’envi : « Je m’appelle Alain Delon ». Son miroir renvoya une autre image, celle d’un homme boursouflé d’orgueil, ne doutant pas de lui. Il s’éloigna ostensiblement du cinéma qui l’avait fait. Comme Jean Gabin avant lui, Alain Delon a sombré en voulant jouer du Delon, moins grand que le précédent.

Proche de Jean-Marie Le Pen, il soutiendra aussi Giscard d’Estaing, Sarkozy, Raymond Barre et même Philippe de Villiers pour qui il fournit des prestations au Puy du Fou. Sa personnalité était détestable ; il finira par être naturalisé suisse. Le citoyen Delon s’est fourvoyé.

Alain Delon, l’acteur, a été brillant de 1960 à 1976 tant qu’il a été dirigé par de grands cinéastes. C’est ce qu’on retiendra de lui ; le reste est peu glorieux.